RENCONTRES...

dimanche 2 août 2015

SAUF LES FLEURS - NICOLAS CLEMENT

Aujourd’hui, il lui reste peu de mots et peu de souvenirs, Marthe écrit l’histoire de sa famille, d’un lieu que je laisserai le soin au lecteur de découvrir, pour oublier que cette famille n’existe plus.

A 12 ans Marthe vit à la ferme avec ses parents et son petit frère Léonce à qui elle voue un amour incommensurable. Loin de l’école, deux joies lui rappellent la vie qui la gèle : coudre pour sa maman et lire des histoires à Léonce. Elle apprend à coudre sur une machine ajustée à ses doigts, d’où naissent de longues robes dessinées sans faiblir mais surtout destinées à couvrir les cicatrices de sa mère.

« Depuis des lustres, Papa ne prononce plus nos prénoms, se jette sur le verbe, phrases courtes sans adjectif, sans complément, seulement des ordres et des martinets […] Il nous conjugue et nous accorde comme il veut. Il est notre langue étrangère, un mot, un poing, puis retour à la ligne jusqu’à la prochaine claque. »

Malgré ces ténèbres, Marthe essayera de se construire et de fleurir, le lecteur la suit de ses 12 ans à ses 20 ans, 3 amours la porteront.

L’amour à son frère et sa mère,
L’amour des lettres inculqué par son institutrice Nathalie, qui est à l’origine de sa vocation d’apprendre plus tard le grec pour traduire Eschyle. « Je passe devant le bureau pour rejoindre ma place et je fixe la couverture du livre. Je lis Eschyle, que je confonds avec échelle, "qui sert à se hisser "»,
L’Amour tout court, celui de Florent, avec qui elle part fleurir et s'épanouir à Baltimore,

Mais le passé nous rattrape toujours... 

Marthe veut laisser un témoignage, tout peut être effacé, sauf les fleurs… qui malgré leur fragilité doivent survivre. En tournant les pages, tels des pétales, on prend soin de le faire avec douceur, d’abord parce qu’on tient entre les mains un vrai bijou littéraire et aussi parce qu’on laisse le temps au phrases de cheminer pour en savourer toute la beauté et enfin parce qu’on voit la fin arriver, 74 pages, c’est vite lu, donc on fait durer le plaisir…

« Je voulais une mère avec des épaules pour poser mes joues brûlantes. Je voulais un père avec une voix pour m’interdire de faire des grimaces à table. Je voulais un chien avec un passé de chat […] Je n’ai pas eu tout ce que je voulais mais je suis là, avec mes zéros, ma vie soldée du jour qui vaut bien ma vie absente d’avant. Je tombe rond ; mon compte est bon. »

Un texte concis, poignant et émouvant de sincérité !

Edition : Buchet Chastel
Collection : Qui vive
74 pages
Date de parution : 22/08/2013 9€

L’auteur :

Nicolas Clément est né en 1970 à Bourgoin-Jallieu. Agrégé de philosophie, il enseigne en lycée et en classes préparatoires.
Sauf les fleurs est lauréat du Festival du premier roman de Chambery 2014, Lauréat du Prix Emmanuel-Roblès 2014 et Lauréat du Prix du Métro Goncourt 2014





Photo auteur: crédit Héloise Jouanard 

lundi 27 juillet 2015

AIDE-MOI SI TU PEUX - JÉRÔME ATTAL



Stéphane Caglia surnommé Cague par la brigade, parce qu’il parait que c’est un vrai chieur, n’est pas un flic comme les autres, mais Aide-moi si tu peux n’est pas un polar comme les autres…

Quand tu lis un polar et que tu rigoles, tu te demandes si tu l’estampilles de polar :) , va pour un néologisme un « drôlar »!

Revenons à Stéphane, vous n’êtes pas sans savoir que la vie d’un flic qui baigne dans la violence n’est pas aisée, notre capitaine a trouvé la bonne parade, une bonne plongée dans les années 80, on y reste et on n’en sort plus !

Traqué par un tueur à la solde d’une mystérieuse secte, et assisté par la belle british Miss Prudence Sparks, Cague va devoir enquêter sur la disparition de la jeune Tamara, 17 ans, fan invétérée des Beatles. Elle postait des reprises sur internet des "Fab Four" et notamment le légendaire Help

En avançant dans l’enquête, de fil en aiguille, ou plutôt de corde en aiguille, puisque c’est la fameuse corde de ré de la guitare qui sera l’arme du crime, on suit Cague dans son enquête mais aussi dans ses démêlés avec les membres de la secte du "souterrain stellaire".  Il y a des assassins à arrêter et d’autres à déjouer... mais on continue de jouer de la guitare car c’est bien peut-être par là que se trouve la clé de l’énigme.

Nostalgique, drôle, beau et intrigant "Aide-moi si tu peux" est un bijou dans son genre.

Nostalgique : «Ah oui, parce qu’il faut que je vous dise, il y a eu un cataclysme, récemment dans ma vie : ma mère est morte cette année et depuis, chaque fois que je le peux, je me réfugie en pensée dans les années 80. » Cague

Drôle : « A  l’approche de la cinquantaine, on devinait qu’il luttait en permanence contre la tentation à faire du gras et la virgule qui imprimait le bas de son polo trahissait qu’en dépit de séances répétées en club de fitness, le menu de ses soirées devant la télévision variait entre pizzas surgelées et chips industrielles de la même manière que chez Schopenhauer la vie oscille comme un pendule entre le désespoir et l’ennui. »

Beau, encore Schopenhauer (mais je suis excusée c’est mon philosophe préféré ) : « Schopenhauer, il pense que les rapports entre les gens sont inextricables parce que ce que vous croyez juste pour vous n’est pas juste pour un autre. Il n’y a pas d’universalité dans la conscience. Mais moi, je crois quand même à la conscience, à cette foutue conscience qui devrait nous empêcher de commettre des actes cradingues. Bien avant de lire Dostoïevski, je croyais à la dignité de l’homme par la conscience. C’est comme ça que j’ai décidé de travailler dans la police. Pour essayer de prévenir les crimes et d’empêcher qu’ils se répètent. »

Et maintenant, lis-le, si tu peux, chiche :)


Petit clin d’œil à l’auteur s’il lit cette chronique : Leila, si tu voyais le coeur qu'elle a quand elle a rencontré les livres...


Editions : Robert Laffont sous la direction de Stéphane Million
Date de parution : 05 Mars 2015
265 pages



L’auteur :


Jérôme Attal est un écrivain, scénariste, auteur-compositeur-interprète , chanteur et parolier il a écrit plus d’une centaine de chansons entre autres pour : Johnny Hallyday, Vanessa Paradis, Florent Pagny, Eddy Mitchell, Constance Amiot, Pierre Guimard, Michel Delpech, Jenifer, Mickaël Miro, Mareva Galanter, Marie-Amelie Seigner, Daran, William Rousseau


 Il a également écrit 10 romans :

· L’Amoureux en lambeaux (février 2007) aux éditions Scali (2ème édition en mars 2011 en format poche)
· Le garçon qui dessinait des soleils noirs (octobre 2008) chez Stéphane Million éditeur
·  Le Journal fictif d'Andy Warhol (mars 2009)chez Stéphane Million éditeur
· Pagaille monstre (février 2010), chez Stéphane Million éditeur, (version augmentée février 2013) chez Pocket.
· Folie furieuse (octobre 2010), chez Stéphane Million éditeur, (version augmentée septembre 2013) chez Pocket.
· L’histoire de France racontée aux extra-terrestres (mars 2012), chez Stéphane Million éditeur, (version augmentée janvier 2014) chez Pocket.
·  Le Voyage près de chez moi (février 2013) chez Stéphane Million éditeur.
·  Presque la mer ( mai 2014) chez Hugo Romans.
·  Aide-moi si tu peux (mars 2015) chez Robert Laffont

samedi 25 juillet 2015

ZOÉ - ALAIN CADEO


Zoé,
Un échange épistolaire entre un vieux pervers et une jeune boulangère aguicheuse. Voilà en une phrase ce que peut penser le lecteur de mauvaise foi, qui aurait lu la 4ème de couverture et les cinq premières pages…
Mais,
Et il y a le fameux mais que j’adore.
Si vous le lisez cet été sur une plage, même en endurant l’air maussade de votre ado alors que vous brumisez votre petit dernier et que vous surveillez d’un œil celui qui patauge dans l’écume à vos pieds,  je vous garantis, que dès les premières pages la profondeur de Zoé vous sautera aux yeux et vous happera. Je ne l’ai pas lu sur une plage, je l’ai lu tranquillement chez moi et en ai savouré chaque mot, un roman court, mais qu’on prend le temps de déguster.

Henry la soixantaine, vit retiré dans un fortin au bout de dix kilomètres de piste. Tous les deux jours, il se rend au village acheter sa miche de pain.
Zoé, 18 ans est la boulangère, elle n’est pas la patronne, juste une vendeuse intérimaire, elle vient de rater son bac.

Henry a l’âge de la Terre, Zoé celui d’une saison

C’est dans la mie de ses fameuses miches que leurs tourments se font écho. Zoé met en place une correspondance épistolaire, dévoilant ses plus profondes préoccupations. Des poésies prosaïques d’Henry dont Zoé ne comprend pas tout, aux angoisses de notre boulangère écorchée vive, Alain Cadéo nous conte leurs histoires, mais nous conte surtout la Vie.  


« Pour moi chaque rencontre importante fut l’objet d’une déflagration silencieuse. Réelles ou rêvées, une minute ou trente ans, les croisements de destins sont la nitroglycérine de nos âmes. Aucun fantasme là-dedans, ou beaucoup plus, de terribles reconnaissances. Ce sont comme de soudains éclairages sur des pans entiers de nous-mêmes, implosions sous-terraines flashant formes, signes, dessins, tout un bestiaire pariétal remis en mouvement après des millénaires de ténèbres. J’ai très vite su que l’espace de la moindre vie ainsi entr’aperçue est colossal. »

A travers cette relation qui lie ce qu’il y a de plus intime au plus profond de chacun, on explore leur mal-être en balayant des sujets aussi touchants les uns que les autres, comme le deuil, la solitude, la naïveté, la féminité mal assumée… Des démons qu’ils essayent de dompter par une exploration grâce à l’écriture, une écriture enfouie au fond de miches mais aussi platonicienne que leur relation.

Un roman comme je les aime, outre l’histoire, c’est un roman aux allures de conte initiatique poético-philosophique qui a su me charmer dès le début et dont la fin m’a décontenancée
Dernière petite chose, n’oubliez pas de le mettre dans votre valise !

Edition : Mercure de France
Date de parution : 05/02/2015
151 pages


mercredi 15 juillet 2015

AIME-MOI... COMME TU ES - CATHY GALLIEGUE



Emmanuelle et Tom, une histoire d’amour comme tant d’autres, mais une histoire qui me touche personnellement ! Pour faire simple et pour que vous puissiez comprendre où je veux en venir, je citerai Bussy Rabutin, une phrase que j’ai apprise à 15 ans et dont je n’ai compris le sens que des années plus tard : « L’absence est à l’amour ce qu’est au feu le vent, il éteint le petit et allume le grand ! »

Emmanuelle, une belle jeune femme intelligente mariée à un anglais dans le Jura, s’ennuie dans un mariage à l’abri du besoin certes, mais sans aucune fantaisie. Elle finit par aller chercher de quoi pimenter sa vie ailleurs, ce qui ne lui a franchement pas réussi : elle termine son périple seule dans le XVIème arrondissement de Paris.

Toujours à la quête du grand amour, Emmanuelle s’inscrit sur un site de rencontre, elle y fait la connaissance d’un gendarme corse, la petite flamme n’ayant pas eu lieu, il lui présente l’un de ses amis Tom, elle qui espérait le « héros qui la soulèverait de terre », était à mille lieues d’intégrer la version militaire dans la liste de ses possibles. Et pourtant, Tom est arrivé, et Tom c’est l’homme en noir, Tom est GIGN. Son homme idéal est absolument imprévu…

Tom et Em’ s’installent ensemble et ne se quitteront plus, le manque d’argent se faisant pressant, ils quittent le XVIème pour la caserne de Satory. A ce stade, on se dit, on a fait le tour de l’histoire, tout est rose, pourquoi reste-t-il autant de pages ? C’était sans compter sur la complexité du personnage de Tom, c’est un homme qui redoute l’amour plus que la mort. Il la désire, mais se refuse de l’aimer, ou du moins de le lui prouver. Face à cette incertitude, Emmanuelle doit également conjuguer avec l’absence et le manque :

« On ne s’habitue jamais au manque de l’autre. On accepte ce que l’on ne peut pas changer, on s’adapte. On enfile les jours trop longs comme un taulard dans sa prison avec en prime la liberté qu’il n’a pas, mais de cette liberté-là, on n’en fait rien d’autre qu’une interminable attente… »

Avec une grande pudeur et sans mièvrerie, Cathy Galliègue nous conte cette vie de couple où la souffrance est omniprésente mais également indispensable à l’acceptation. Quand votre meilleure moitié est à des milliers de kilomètres...

« Quand l’être aimé vous manque à ce point, on ne l’emmerde pas pour une cuvette de toilettes pas rabaissée ou un tube de dentifrice laissé ouvert. On savoure les moments ensemble, on est attentif comme au début de l’histoire, on se fait beau, on ne se laisse pas aller à la certitude que l’autre vous appartient pour toujours. » 

Cathy Galliègue nous signe son premier roman, qui comme tout premier roman est rarement à 100% abouti, mais la tendresse de sa plume, la sincérité de ses mots, vous embarquent et vous font oublier tout le reste… Aimez ce livre... comme il est, vous ne le regretterez pas :)



Si vous êtes de la région lyonnaise, Cathy Galliègue présentera son roman ce samedi 18 juillet 2015 au Biscuit Café Créatif, 14 rue Adrien Ducrot 69250 Neuville-sur-Saône.

Elle sera accompagnée de Patricia Lenoir auteur, compositeur, interprète de la chanson écrite spécialement pour le livre, "La moitié de l'homme en noir". Elle l'interprétera en version acoustique 

Editions Kawa
216 pages

Date de parution : Juin 2015

dimanche 5 juillet 2015

LA JOIE - CHARLES PEPIN


Solaro, dont le nom ne pouvait mieux être choisi, un être solaire, positif, lumineux, il traverse les épreuves de l’existence en faisant fi de tout ce qui peut lui nuire, il jouit d’une force intérieure que les autres ne peuvent comprendre, il sait profiter du moment présent, c’est son bien le plus précieux ! 


« Je lui dis que ma sortie je n’y pense jamais. Jamais. Je lui dis que j’ai cette vie-là à aimer et que c’est bien assez. Je lui dis que je ne veux pas de son espoir parce que l’espoir est un poison : un poison qui nous enlève la force d’aimer ce qui est là »

Cette joie de vivre à toute épreuve dérange. Solaro veille sa mère malade dans la joie, Solaro organise les funérailles avec un détachement énigmatique. Un mauvais concours de circonstances mène Solaro à abattre un malfrat de sang-froid et sans remords.  Comment peut-on ne pas regretter un geste aussi abjecte, comment peut-on être dénué de remords à ce point ? Pour Solaro la joie est plus puissante encore que le bonheur. Vu qu’on ne peut pas changer le passé, autant tirer profit du présent, en jouir et le savourer ! La joie ne semble pas être de mise dans notre société actuelle, où on nous pousse à vivre pour les autres, être comme tout le monde. Cette "normalité" imposée, m'a toujours dérangée, nous sommes tous normaux vu de l'intérieur de nous-mêmes, à quoi bon ressembler aux autres, ressentir la même chose que les autres dans le seul but de se fondre dans la masse et comme finalité ne plus être en adéquation avec soi-même, ne plus être soi-même !

Quand la science s'y met, comme c'est le cas pour Solaro, lors du procès et en prison, l'auteur fait parler plusieurs médecins de différents horizons, on se rend compte qu'ils sont démunis face l'état d'esprit de Solaro, aimer la vie l'accepter telle qu'elle vient parait simple de prime abord, mais personne ne parvient à l'expliquer.

Un roman court, 184 pages, en le commençant, des phrases simples, une histoire somme toute banale, mais au fil des pages, les nœuds se forment dans notre cerveau, on essaye de pousser sa propre réflexion, aussi paradoxal que cela puisse paraître, on croit tenir un roman sans prise de tête, mais en le refermant, il est toujours là, on ne s'en défait pas si facilement. Un roman qui pousse à la réflexion, grâce Charles Pépin j’ai retrouvé ce pour quoi ce blog a vu le jour, le partage certes, mais la réflexion aussi ! Merci!!!

Editions: Allary Editions
Date de parution: Février 2015
184 pages

L'auteur:
Charles Pépin est agrégé de philosophie et également diplômé de Sciences Po Paris et d'HEC Paris. Il enseigne la philosophie à la Maison d'éducation de la Légion d'honneur (Saint Denis) et à l'Institut d'Études politiques de Paris. Il a écrit une dizaine de livres traduits dans une vingtaine de pays. Il est consultant pour HEC Executive Education.
Il a fait partie de la « bande de sciences Po » Il tint durant quelque temps une chronique de philosophie dans les émissions télévisées Culture et dépendances (France 3, 2001-2006) et En aparté (Canal +, 2006-2007), chroniques qu'il tient aujourd'hui tous les mois dans les magazines, Transfuge et Psychologies magazine. Enfin, il participe régulièrement à Philosophie Magazine, dans lequel il répond chaque mois à une interrogation personnelle d'ordre philosophique, métaphysique ou moral, formulée par un lecteur. Depuis 2010, il anime un séminaire philosophique ouvert à tous au cinéma MK2 Hautefeuille, 75006 Paris, tous les lundis à 18H. Son style clair, direct et vivant, mais néanmoins rigoureux dans son raisonnement, apporte un souffle neuf à la philosophie. En février 2015 est publié son roman La Joie, où l'auteur et « philosophe emprunte à Albert Camus, puisqu'il s'inspire du célèbre récit du Prix Nobel de littérature L’Étranger. C'est la même histoire, mais Pépin l'a inscrite dans les années 2000 », pour la critique du journal Le Figaro. Celle du magazine L'Express le mentionne également : « Charles Pépin publie La Joie, un roman dont le héros rappelle le Meursault de Camus. »




dimanche 28 juin 2015

POUSSIERE D'HOMME - DAVID LELAIT

Le hasard des rencontres... un salon, des auteurs, je discute avec l’un d’eux, il me conseille le roman de son voisin, j’achète, bonne pioche ! Je suis sous le charme de l’une des plus belles histoires d’amour qu’il m’ait été donné de lire !… 
D’aucuns diront, encore une histoire d’amour ? Oui mais, c’est …
Une autobiographie, d’une pudeur extrêmement touchante, en refermant le roman, on n’a qu’une seule envie, se jeter dans les bras de sa moitié et savourer le bonheur de l’avoir à ses côtés !

C’est une histoire triste mais une histoire pleine d’espoir, qui vous remplit d’amour envers les vôtres…

Lui c’est David Lelait, l’auteur et narrateur, c’est sa peine qu’il partage avec nous,
Lui, oui vous avez bien lu, il n’y a pas de « elle », mais deux « lui », l’autre lui dont le prénom ne se compose que de trois lettres, c’est l’amour de sa vie…

L’amour reste de l’amour, peu importe que ce soient deux hommes, deux femmes, ou un homme et une femme qui le partagent !

Poussière d’homme, c’est le contenu de deux urnes, la grande qui doit être inhumée en Bretagne, et la petite qui doit finir sur une île grecque, là où les dernières vacances ont scellé à jamais leur passion.

David, ne tombe pas amoureux, il s’élève amoureux, il l’aime comme on s’élève et grandit, il l’aime comme on se hausse sur la pointe des pieds pour apercevoir la mer de l’autre côté de la barricade. Il l’aime en liberté.

"C’est un amour simple, facile, sur lequel on ne pose pas de mots. Mieux vaut le faire qu’en parler. Il roule léger. Il n’est pas de ceux auxquels on s’oblige pour ne pas vivre seul ou pour tromper l’ennui. Pas de ces amours que l’on couche sur un faire-part, que l’on grave dans les registres de l’état civil, pas de ceux qui donnent des enfants ou tiennent des promesses pour l’avenir du monde, pas non plus de ceux dont la passion vous brûle et vous dévore. Juste un amour qui souffle sur le cœur, juste le plaisir sans devoirs, la caresse sans la gifle, le baiser sans la morsure."

Un crabe est passé par là, le générique de l’histoire s’est affiché, mais David n’en est pas resté là, "Où que tu sois, ailleurs ou nulle part, tu vibres à jamais en moi, cours dans mon sang, palpites dans mes veines. Tu t'écoules en moi comme l'eau de pluie ravine, lente et délicieuse, une terre asséchée. Je te porterai haut tant qu'un peu d'air me gonflera la poitrine. Je ne serai plus jamais moi, je suis nous."

Au fil des pages, mes post-it pour rédiger cette chronique se faisaient de plus en plus nombreux, au fil des pages, je voulais garder en mémoire ces mots, et finalement, j’ai baissé les bras, il n’y a pas une citation qui se distingue, mais 125 pages, un condensé, que dis-je la quintessence d’un magnifique hymne à l’amour, une partition dont chaque mot sonne juste, vous parle, vous pénètre jusqu’au fond de votre être !

Je ne peux ajouter qu’un Merci à l’auteur, d’avoir dévoilé ses tourments, les plus profonds, et de les avoir partagés avec ses lecteurs…

« Perdre l’autre, c’est vivre en exil et n’avoir plus, de son pays, entre les mains, qu’une infime poignée de terre »

Editeur : Pocket
127 pages
Date de parution : 12/07/2012

L'auteur:

Après des études de littérature et civilisation hispaniques à Montpellier, David Lelait-Helo enseigne l’espagnol. 
En janvier 1997, à 25 ans, il publie chez Payot son premier ouvrage, "Evita", le destin mythique d’Eva Peron. 
Passionné d’art lyrique, il présente la même année une biographie de Maria Callas, Maria Callas, j’ai vécu d’art, j’ai vécu d’amour, traduite depuis en 7 langues. 
Il délaisse alors l’enseignement pour faire ses débuts de journaliste.
Ses romans sont désormais publiés en format poche chez Pocket, "Poussière d'homme" en juillet 2012, "Sur l'épaule de la nuit" en juillet 2013. 
En septembre 2013, tandis que l'on s'apprête à célébrer les 50 ans de la disparition d'Edith Piaf, ressort sous une nouvelle présentation chez Payot PIAF, le portrait qu'il avait consacré à la chanteuse en 2003.
Site d'auteur: http://david-lelait-helo.blogspot.com/ 

vendredi 19 juin 2015

FRAGMENTS D'UNE TRAQUE AMOUREUSE - FLEUR ZIELESKIEWICZ

J’ai refermé « Fragments d’une  traque amoureuse » hier soir, et je vous avoue que j’ai beaucoup hésité à écrire ce billet ! Ce que j’essaye de faire sur ce blog, c’est chroniquer des livres, mais là, et je crains de ne pas le faire intégralement, je me lance dans la chronique d’un concept ! Et bien oui, « Fragments d’une traque amoureuse » est un livre-concept ! Il ne se lit pas, il se lit, s’écoute, et se regarde !

Dès la première page Fleur, nous donne la bande originale de l’histoire, à retrouver sur Spotify et sur le site 
http://fleurz.com/

Je vous avoue, que face à tant d’originalité, j’ai préféré rester dans le classique, et j’ai lu le livre, sans écouter la bande son ! Comme la majorité des femmes, je peux bien faire deux choses en même temps, mais pas quand je lis :)

Hana traque Dick, elle veut lui écrire un livre d’histoires d’aéroports parce que c’est là qu’elle se sent bien, elle s’y sent en sécurité. Dick doit bien la connaitre pour apprendre à l’aimer…

De traque à matraque il n’y a que deux petites lettres !  La traque c’est l’œuvre d’Hana, et le coup de matraque c’est bien elle qui le reçoit ! Dick l’a bannie des réseaux sociaux, de sa vie tout court ! Un bon coup, un bon moment et on oublie, sauf qu’Hana, ne veux pas et ne peux pas comprendre qu’elle est en train d’idéaliser une relation qui n’existe pas, uniquement suite à deux heures de jouissance folle !

«  Ce mec est un dieu du sexe [...] j’avais jamais compris les énervés du Kâma-Sûtra, mais quand tu es avec un homme qui semble s’y être intéressé de très près et t’en offrir un best-of personnalisé, ça met les choses en perspective. Bref, j’ai pris mon pied comme jamais. »

Hana est bipolaire et on finit par le devenir aussi, on ne sait pas s’il faut lui donner des claques ou la prendre en pitié tellement sa souffrance est touchante !

La plume de Fleur (tiens c’est poétique) est à l’image d’Hana, déroutante, excentrique et politiquement « incorrecte » ! On navigue entre de belles phrases lyriques, et un langage cru, plume, incontestablement moderne et originale.


Pour le bookfacing, j'ai également traqué, pas un Dick, mais les sièges de l'aéroport de Lyon St-Ex :) 



Edition: L'Editeur
Date de parution: 13/05/2015
240 pages

L’auteure :

Fleur Zieleskiewicz a grandi au pays de la quiche lorraine et de la Reine de la Mirabelle avant de s’enfuir pour Paris.
Elle met ses talents littéraires au service des marques et de la publicité puis monte une web-agency qu’elle mènera à la faillite.
Usée par un monde qui manque cruellement d’humour et de poésie, elle décide de faire une pause pour se consacrer entièrement à son organisme et au grain qu’elle a dans la tête.
Fleur lit Houellebecq, Despentes, Jaccard, Nothomb, Beigbeider et plutôt des romans américains.
Fleur écoute Cat Power, du rock et des chansons hippies.
Fleur aime les chatons, les gens, le fromage, le vin, Balzac, Zweig, Nin, Cioran, Bukowski et les Kardashian.
Elle vit actuellement à Paris et fait ce qui lui plait.
Fragments d’une Traque Amoureuse est son premier roman.

lundi 15 juin 2015

RIC-RAC - ARNAUD LE GUILCHER


Picaresque et Pittoresque !

Résumer Ric-Rac ou juste vous en parler relève de l’exploit ! Comment peut-on raconter une histoire où  l’on s’est marré quasiment à chaque page !
Je me lance quand même, les phrases en italique sont tirées du livre :

Jean-Yves, dit Jeanyf, pécore tel qu’il se définit, vit à La Sourle, en lisière du trou du cul du monde, qui vue de très haut, on dirait un nid de taupes au milieu d'un golf 18 trous. Jeanyf est un surdoué du football, mais à 14 ans et à peine 1m30, sa carrière risque de ne pas être très prometteuse s’il ne gagne pas 20 cm pendant les vacances d’été.

Il n’a pas de plan B, lui. Chez les prolos, quand tu pars de rien et que tu veux tenter l’ascension sociale, t’as pas de refuge à mi-parcours : c’est le sommet ou la mort. S’il foire, il n’aurait pas de diplôme et aucun boulot en vue. Nain de jardin peut-être ? Lego ? Cure-dents ? Il lui restera quoi à faire ? Rien.
Pugnace. C’est tout Jeanyf. Quand il se prend une mandale pour la vie, il se frotte la joue pour évacuer la douleur et repart à l’assaut. Quand on est petit comme lui on peut pas se permettre- en plus- d’être un lâche ou une feignasse !

Pierre-Yves, dit Pierryf évidemment, le père veuf, noyé dans un chagrin qui n’a pour échappatoire que la multitude de répliques kitch de la défunte Yfette.

Jackyf, le tonton herboriste rebouteux ou rebouteux herboriste je ne saurais dire, mais ce dont je suis sure c’est que son fils Soubirou l’illuminé dont les visions le sont encore plus, apporte une note de puanteur, si un jour, quelqu’un écrivait la vie de Soubirou, ça donnerait un mélange improbable entre la biographie de Sarah Bernhardt et la Bible pour les nuls.

Vous voyez à peu près à quoi ça ressemble chez lui : des Yvette partout, un père sur les nerfs ? Ajoutez à ça son oncle, son cousin, la volonté de faire revenir sa mère, et vous aurez une idée de l’explosivité du cocktail… Molotov à côté de sa famille, c’est un petit barman de station balnéaire.

Rajoutons Bessie, une petite voisine qui vient se paumer à la Sourle, pays de vieux, ses parents viennent d’acquérir un gîte rural sadomaso… et qu’est-ce que vous croyez, les 1,30m ne font pas de lui un enfant ! Notre Jeanyf a quand même 14 ans ! Mais… en gaudriole, il est ignare, naïf, béotien. Face à Bessie, Jeanyf est un gravier amoureux d’une montagne, Bessie, c’était trop gros pour lui ! Si on devait comparer son niveau des choses de l’amour à celui qu’il a en ski, on dirait qu’il a à peine son premier flocon. Il a déjà vu des gens skier, mais n’a jamais pratiqué. En sexe c’est pareil.

Une belle leçon de vie à lui tout seul ce Jeanyf ! et Arnaud le Guilcher est juste un génie, sa plume mariée à son humour, sans parler de ses talents d’illustr’auteur, nous ont conçu un magnifique bébé !

Ah, en fait, pourquoi picaresque ? Parce que ce roman est porté par une vision critique des éléments sociaux et moraux ! Ben oui, le petit club SM au coin de la rue, ce n’est pas un élément moral ;)

Et Pittoresque ? D’après Monsieur Larousse est pittoresque ce qu’on remarque et qui amuse par son originalité ! Et bien moi, je ne me suis pas amusée, mais je me suis éclatée !

A vous maintenant !!!



Pour le bookfacing, je n’ai pas eu à chercher loin, une fois le livre acheté à Arnaud au Salon du livre de Talloires, je me suis retournée et j’ai pris la photo ci-dessous :)



Editions: Robert Laffont
Parution : 5 Février 2015
Nombre de pages : 270


L’auteur :

Arnaud Le Guilcher a publié quatre romans en collaboration avec Stéphane Million dont En moins bien, et sa suite, Pas mieux. Il a participé à la revue Bordel au sein de laquelle il a publié nombre de nouvelles dont Le roi de la saucisse. Le 5 février 2015, il publie Ric-Rac aux éditions Robert Laffont. Le 12 février de la même année, son troisième roman, Pile entre deux ressort en poche dans une version revue et corrigée.
Arnaud Le Guilcher travaille également dans la musique au sein du label Barclay.


samedi 13 juin 2015

LE PARFUM DU YAD - PHILIPPE FAUCHÉ


Dans le New York des fifties, Daniel Hummer est détective privé. Hummer ?
Tu parles… Son vrai nom c’est Silberstein. Shlomo Silberstein. Hé oui ! Il est youpin, un vrai, estampillé, certifié, retaillé.
Mais dans sa chère ville de New York d’après-guerre, un nom juif, ça ne fait pas sérieux sur une carte de privé. Surtout avec ces initiales…
Les gens étaient toujours en train de lui demander de leur prêter du fric ? S’il avait du fric, il ne ferait pas ce boulot !

Sous le joug du District Attorney Kleinharsh, il se retrouve flanqué de l’inspecteur Donovan, policier raciste afin d’enquêter sur une étrange affaire de cambriolage manqué dans une synagogue.

Manqué oui, mais il y en a eu d’autres de manqués, et tous chez des juifs. L’anguille sous roche est tellement énorme, que Shlomo, euh pardon Hummer, décide d’aller jusqu’au bout. Ben oui, une collection impressionnante d’objets religieux juifs a été dérobée sans qu’aucune plainte n’ait jamais été déposée, ce n’est plus une anguille, c’est un congre…

On bat les pavés du Lower-East-side, en passant par le Metropolitan Museum, on baigne dans cette communauté juive, on en visite des synagogues, on assiste à des fusillades type « tontons flingueurs », on fait même un petit tour chez les SM. On en prend plein la figure et surtout on en redemande !

Vous voulez un bon coup de marrade, sans prise de tête ? Un langage aussi soutenu que celui de San-A, eh oui, un soupçon de Frédéric Dard plus une pincée d’Audiard !  Voire une analyse du milieu juif new-yorkais des années 50, mais sans s’empêtrer des formes ni du politiquement correct.  Entre, nous rien ne vaut le bon vieil argot distillé au vitriol, de l’humour décapant, grinçant, mais qui ne vous fait pas grincer des dents, il vous fera plutôt étirer les lèvres tout le long des 124 pages, et tout ça pour 8€ !!

Que demande le peuple ?

Euh, si je sais, la prochaine enquête de Shlomo…

Pour les non-initiés à la culture judaïque, le Yad est un terme hébraïque pour désigner un pointeur de lecture dont on se sert pour la liturgie, précisément pour la lecture de la Torah. Le Yad évite les frottements de la main sur le parchemin, ce qui pourrait abîmer l’encre et rendrait la Torah impropre à la lecture. Sur le bookfacing ci-dessous  vous pouvez voir un Yad en argent. Yad, que cela soit en arabe ou en hébreu signifie Main. (Petite précision, j’étais aux anges quand j’ai pu dénicher sur un site israélite la photo d’origine dont a été tirée la couverture du livre !, on ne gagne pas à tous les coups, n’ayant évidemment pas de Torah sous la main, je n’étais pas sûre de pouvoir en faire un :)



Editions : Il était un Bouquin
Date de parution : Mars 2015

L’auteur:
Né à Carcassonne en 1961, Philippe FAUCHE a passé son enfance dans un petit village des Corbières
Après des études scientifiques qu'il dit ratées à Toulouse, il entre aux Douanes en 1984, et s'installe à Lyon en 1990.
Depuis lors, il ne cesse d'écrire et de présenter ses récits à divers concours de nouvelles.
Il a eu l'honneur d'obtenir le Prix de la Nouvelle de Sathonay-Camp en 2009 et 2011, et celui de Quais du Polar en 2012