RENCONTRES...

lundi 27 juillet 2015

AIDE-MOI SI TU PEUX - JÉRÔME ATTAL



Stéphane Caglia surnommé Cague par la brigade, parce qu’il parait que c’est un vrai chieur, n’est pas un flic comme les autres, mais Aide-moi si tu peux n’est pas un polar comme les autres…

Quand tu lis un polar et que tu rigoles, tu te demandes si tu l’estampilles de polar :) , va pour un néologisme un « drôlar »!

Revenons à Stéphane, vous n’êtes pas sans savoir que la vie d’un flic qui baigne dans la violence n’est pas aisée, notre capitaine a trouvé la bonne parade, une bonne plongée dans les années 80, on y reste et on n’en sort plus !

Traqué par un tueur à la solde d’une mystérieuse secte, et assisté par la belle british Miss Prudence Sparks, Cague va devoir enquêter sur la disparition de la jeune Tamara, 17 ans, fan invétérée des Beatles. Elle postait des reprises sur internet des "Fab Four" et notamment le légendaire Help

En avançant dans l’enquête, de fil en aiguille, ou plutôt de corde en aiguille, puisque c’est la fameuse corde de ré de la guitare qui sera l’arme du crime, on suit Cague dans son enquête mais aussi dans ses démêlés avec les membres de la secte du "souterrain stellaire".  Il y a des assassins à arrêter et d’autres à déjouer... mais on continue de jouer de la guitare car c’est bien peut-être par là que se trouve la clé de l’énigme.

Nostalgique, drôle, beau et intrigant "Aide-moi si tu peux" est un bijou dans son genre.

Nostalgique : «Ah oui, parce qu’il faut que je vous dise, il y a eu un cataclysme, récemment dans ma vie : ma mère est morte cette année et depuis, chaque fois que je le peux, je me réfugie en pensée dans les années 80. » Cague

Drôle : « A  l’approche de la cinquantaine, on devinait qu’il luttait en permanence contre la tentation à faire du gras et la virgule qui imprimait le bas de son polo trahissait qu’en dépit de séances répétées en club de fitness, le menu de ses soirées devant la télévision variait entre pizzas surgelées et chips industrielles de la même manière que chez Schopenhauer la vie oscille comme un pendule entre le désespoir et l’ennui. »

Beau, encore Schopenhauer (mais je suis excusée c’est mon philosophe préféré ) : « Schopenhauer, il pense que les rapports entre les gens sont inextricables parce que ce que vous croyez juste pour vous n’est pas juste pour un autre. Il n’y a pas d’universalité dans la conscience. Mais moi, je crois quand même à la conscience, à cette foutue conscience qui devrait nous empêcher de commettre des actes cradingues. Bien avant de lire Dostoïevski, je croyais à la dignité de l’homme par la conscience. C’est comme ça que j’ai décidé de travailler dans la police. Pour essayer de prévenir les crimes et d’empêcher qu’ils se répètent. »

Et maintenant, lis-le, si tu peux, chiche :)


Petit clin d’œil à l’auteur s’il lit cette chronique : Leila, si tu voyais le coeur qu'elle a quand elle a rencontré les livres...


Editions : Robert Laffont sous la direction de Stéphane Million
Date de parution : 05 Mars 2015
265 pages



L’auteur :


Jérôme Attal est un écrivain, scénariste, auteur-compositeur-interprète , chanteur et parolier il a écrit plus d’une centaine de chansons entre autres pour : Johnny Hallyday, Vanessa Paradis, Florent Pagny, Eddy Mitchell, Constance Amiot, Pierre Guimard, Michel Delpech, Jenifer, Mickaël Miro, Mareva Galanter, Marie-Amelie Seigner, Daran, William Rousseau


 Il a également écrit 10 romans :

· L’Amoureux en lambeaux (février 2007) aux éditions Scali (2ème édition en mars 2011 en format poche)
· Le garçon qui dessinait des soleils noirs (octobre 2008) chez Stéphane Million éditeur
·  Le Journal fictif d'Andy Warhol (mars 2009)chez Stéphane Million éditeur
· Pagaille monstre (février 2010), chez Stéphane Million éditeur, (version augmentée février 2013) chez Pocket.
· Folie furieuse (octobre 2010), chez Stéphane Million éditeur, (version augmentée septembre 2013) chez Pocket.
· L’histoire de France racontée aux extra-terrestres (mars 2012), chez Stéphane Million éditeur, (version augmentée janvier 2014) chez Pocket.
·  Le Voyage près de chez moi (février 2013) chez Stéphane Million éditeur.
·  Presque la mer ( mai 2014) chez Hugo Romans.
·  Aide-moi si tu peux (mars 2015) chez Robert Laffont

samedi 25 juillet 2015

ZOÉ - ALAIN CADEO


Zoé,
Un échange épistolaire entre un vieux pervers et une jeune boulangère aguicheuse. Voilà en une phrase ce que peut penser le lecteur de mauvaise foi, qui aurait lu la 4ème de couverture et les cinq premières pages…
Mais,
Et il y a le fameux mais que j’adore.
Si vous le lisez cet été sur une plage, même en endurant l’air maussade de votre ado alors que vous brumisez votre petit dernier et que vous surveillez d’un œil celui qui patauge dans l’écume à vos pieds,  je vous garantis, que dès les premières pages la profondeur de Zoé vous sautera aux yeux et vous happera. Je ne l’ai pas lu sur une plage, je l’ai lu tranquillement chez moi et en ai savouré chaque mot, un roman court, mais qu’on prend le temps de déguster.

Henry la soixantaine, vit retiré dans un fortin au bout de dix kilomètres de piste. Tous les deux jours, il se rend au village acheter sa miche de pain.
Zoé, 18 ans est la boulangère, elle n’est pas la patronne, juste une vendeuse intérimaire, elle vient de rater son bac.

Henry a l’âge de la Terre, Zoé celui d’une saison

C’est dans la mie de ses fameuses miches que leurs tourments se font écho. Zoé met en place une correspondance épistolaire, dévoilant ses plus profondes préoccupations. Des poésies prosaïques d’Henry dont Zoé ne comprend pas tout, aux angoisses de notre boulangère écorchée vive, Alain Cadéo nous conte leurs histoires, mais nous conte surtout la Vie.  


« Pour moi chaque rencontre importante fut l’objet d’une déflagration silencieuse. Réelles ou rêvées, une minute ou trente ans, les croisements de destins sont la nitroglycérine de nos âmes. Aucun fantasme là-dedans, ou beaucoup plus, de terribles reconnaissances. Ce sont comme de soudains éclairages sur des pans entiers de nous-mêmes, implosions sous-terraines flashant formes, signes, dessins, tout un bestiaire pariétal remis en mouvement après des millénaires de ténèbres. J’ai très vite su que l’espace de la moindre vie ainsi entr’aperçue est colossal. »

A travers cette relation qui lie ce qu’il y a de plus intime au plus profond de chacun, on explore leur mal-être en balayant des sujets aussi touchants les uns que les autres, comme le deuil, la solitude, la naïveté, la féminité mal assumée… Des démons qu’ils essayent de dompter par une exploration grâce à l’écriture, une écriture enfouie au fond de miches mais aussi platonicienne que leur relation.

Un roman comme je les aime, outre l’histoire, c’est un roman aux allures de conte initiatique poético-philosophique qui a su me charmer dès le début et dont la fin m’a décontenancée
Dernière petite chose, n’oubliez pas de le mettre dans votre valise !

Edition : Mercure de France
Date de parution : 05/02/2015
151 pages


mercredi 15 juillet 2015

AIME-MOI... COMME TU ES - CATHY GALLIEGUE



Emmanuelle et Tom, une histoire d’amour comme tant d’autres, mais une histoire qui me touche personnellement ! Pour faire simple et pour que vous puissiez comprendre où je veux en venir, je citerai Bussy Rabutin, une phrase que j’ai apprise à 15 ans et dont je n’ai compris le sens que des années plus tard : « L’absence est à l’amour ce qu’est au feu le vent, il éteint le petit et allume le grand ! »

Emmanuelle, une belle jeune femme intelligente mariée à un anglais dans le Jura, s’ennuie dans un mariage à l’abri du besoin certes, mais sans aucune fantaisie. Elle finit par aller chercher de quoi pimenter sa vie ailleurs, ce qui ne lui a franchement pas réussi : elle termine son périple seule dans le XVIème arrondissement de Paris.

Toujours à la quête du grand amour, Emmanuelle s’inscrit sur un site de rencontre, elle y fait la connaissance d’un gendarme corse, la petite flamme n’ayant pas eu lieu, il lui présente l’un de ses amis Tom, elle qui espérait le « héros qui la soulèverait de terre », était à mille lieues d’intégrer la version militaire dans la liste de ses possibles. Et pourtant, Tom est arrivé, et Tom c’est l’homme en noir, Tom est GIGN. Son homme idéal est absolument imprévu…

Tom et Em’ s’installent ensemble et ne se quitteront plus, le manque d’argent se faisant pressant, ils quittent le XVIème pour la caserne de Satory. A ce stade, on se dit, on a fait le tour de l’histoire, tout est rose, pourquoi reste-t-il autant de pages ? C’était sans compter sur la complexité du personnage de Tom, c’est un homme qui redoute l’amour plus que la mort. Il la désire, mais se refuse de l’aimer, ou du moins de le lui prouver. Face à cette incertitude, Emmanuelle doit également conjuguer avec l’absence et le manque :

« On ne s’habitue jamais au manque de l’autre. On accepte ce que l’on ne peut pas changer, on s’adapte. On enfile les jours trop longs comme un taulard dans sa prison avec en prime la liberté qu’il n’a pas, mais de cette liberté-là, on n’en fait rien d’autre qu’une interminable attente… »

Avec une grande pudeur et sans mièvrerie, Cathy Galliègue nous conte cette vie de couple où la souffrance est omniprésente mais également indispensable à l’acceptation. Quand votre meilleure moitié est à des milliers de kilomètres...

« Quand l’être aimé vous manque à ce point, on ne l’emmerde pas pour une cuvette de toilettes pas rabaissée ou un tube de dentifrice laissé ouvert. On savoure les moments ensemble, on est attentif comme au début de l’histoire, on se fait beau, on ne se laisse pas aller à la certitude que l’autre vous appartient pour toujours. » 

Cathy Galliègue nous signe son premier roman, qui comme tout premier roman est rarement à 100% abouti, mais la tendresse de sa plume, la sincérité de ses mots, vous embarquent et vous font oublier tout le reste… Aimez ce livre... comme il est, vous ne le regretterez pas :)



Si vous êtes de la région lyonnaise, Cathy Galliègue présentera son roman ce samedi 18 juillet 2015 au Biscuit Café Créatif, 14 rue Adrien Ducrot 69250 Neuville-sur-Saône.

Elle sera accompagnée de Patricia Lenoir auteur, compositeur, interprète de la chanson écrite spécialement pour le livre, "La moitié de l'homme en noir". Elle l'interprétera en version acoustique 

Editions Kawa
216 pages

Date de parution : Juin 2015

dimanche 5 juillet 2015

LA JOIE - CHARLES PEPIN


Solaro, dont le nom ne pouvait mieux être choisi, un être solaire, positif, lumineux, il traverse les épreuves de l’existence en faisant fi de tout ce qui peut lui nuire, il jouit d’une force intérieure que les autres ne peuvent comprendre, il sait profiter du moment présent, c’est son bien le plus précieux ! 


« Je lui dis que ma sortie je n’y pense jamais. Jamais. Je lui dis que j’ai cette vie-là à aimer et que c’est bien assez. Je lui dis que je ne veux pas de son espoir parce que l’espoir est un poison : un poison qui nous enlève la force d’aimer ce qui est là »

Cette joie de vivre à toute épreuve dérange. Solaro veille sa mère malade dans la joie, Solaro organise les funérailles avec un détachement énigmatique. Un mauvais concours de circonstances mène Solaro à abattre un malfrat de sang-froid et sans remords.  Comment peut-on ne pas regretter un geste aussi abjecte, comment peut-on être dénué de remords à ce point ? Pour Solaro la joie est plus puissante encore que le bonheur. Vu qu’on ne peut pas changer le passé, autant tirer profit du présent, en jouir et le savourer ! La joie ne semble pas être de mise dans notre société actuelle, où on nous pousse à vivre pour les autres, être comme tout le monde. Cette "normalité" imposée, m'a toujours dérangée, nous sommes tous normaux vu de l'intérieur de nous-mêmes, à quoi bon ressembler aux autres, ressentir la même chose que les autres dans le seul but de se fondre dans la masse et comme finalité ne plus être en adéquation avec soi-même, ne plus être soi-même !

Quand la science s'y met, comme c'est le cas pour Solaro, lors du procès et en prison, l'auteur fait parler plusieurs médecins de différents horizons, on se rend compte qu'ils sont démunis face l'état d'esprit de Solaro, aimer la vie l'accepter telle qu'elle vient parait simple de prime abord, mais personne ne parvient à l'expliquer.

Un roman court, 184 pages, en le commençant, des phrases simples, une histoire somme toute banale, mais au fil des pages, les nœuds se forment dans notre cerveau, on essaye de pousser sa propre réflexion, aussi paradoxal que cela puisse paraître, on croit tenir un roman sans prise de tête, mais en le refermant, il est toujours là, on ne s'en défait pas si facilement. Un roman qui pousse à la réflexion, grâce Charles Pépin j’ai retrouvé ce pour quoi ce blog a vu le jour, le partage certes, mais la réflexion aussi ! Merci!!!

Editions: Allary Editions
Date de parution: Février 2015
184 pages

L'auteur:
Charles Pépin est agrégé de philosophie et également diplômé de Sciences Po Paris et d'HEC Paris. Il enseigne la philosophie à la Maison d'éducation de la Légion d'honneur (Saint Denis) et à l'Institut d'Études politiques de Paris. Il a écrit une dizaine de livres traduits dans une vingtaine de pays. Il est consultant pour HEC Executive Education.
Il a fait partie de la « bande de sciences Po » Il tint durant quelque temps une chronique de philosophie dans les émissions télévisées Culture et dépendances (France 3, 2001-2006) et En aparté (Canal +, 2006-2007), chroniques qu'il tient aujourd'hui tous les mois dans les magazines, Transfuge et Psychologies magazine. Enfin, il participe régulièrement à Philosophie Magazine, dans lequel il répond chaque mois à une interrogation personnelle d'ordre philosophique, métaphysique ou moral, formulée par un lecteur. Depuis 2010, il anime un séminaire philosophique ouvert à tous au cinéma MK2 Hautefeuille, 75006 Paris, tous les lundis à 18H. Son style clair, direct et vivant, mais néanmoins rigoureux dans son raisonnement, apporte un souffle neuf à la philosophie. En février 2015 est publié son roman La Joie, où l'auteur et « philosophe emprunte à Albert Camus, puisqu'il s'inspire du célèbre récit du Prix Nobel de littérature L’Étranger. C'est la même histoire, mais Pépin l'a inscrite dans les années 2000 », pour la critique du journal Le Figaro. Celle du magazine L'Express le mentionne également : « Charles Pépin publie La Joie, un roman dont le héros rappelle le Meursault de Camus. »