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mercredi 18 novembre 2015

TANDIS QUE JE ME DENUDE - JESSICA L. NELSON


Tandis que je me dénude, non, vous ne verrez pas une parcelle de peau d’Angie Rivière elle gardera tous ses vêtements, mais c’est son âme qui sera mise à nu. Ces entrelacs finement et densément tissés, vous savez ceux qui forment la petite bulle qui nous protège, nous sécurise et nous préserve ! Cette fameuse bulle que nous ne partageons avec personne, cette bulle d’un second liquide amniotique dont même nos mères n’en soupçonnent pas l’existence ! Oui, c’est ça, c’est cette bulle qui éclate, et on y assiste non pas comme un scopophile dont la curiosité est malsaine, mais on est là aux premières loges, comme tant d’autres personnes devant leur poste de télévision, à se demander, quand est-ce qu’elle va craquer… Une âme mise à nu, devant les caméras, pour la promotion de « Bébés de brume » le premier roman d’Angie, le temps d’une émission…

Ce roman choral s’articule autour de trois notions : la pulsion scopique , l’image et l’intimité

- En ce qui concerne la pulsion scopique, (il est à noter qu’elle est indépendante des zones érogènes, encore une fois elle ne se dénude pas comme on l’aurait imaginé), la forme la plus connue a beau être le voyeurisme, mais on peut l’observer dans d’autres cadres, et ce sont ces autres cadres que Jessica Nelson met en avant. Elle met en scène plusieurs personnages, ceux qui sont sur le plateau et ceux qui sont derrière leur poste de télévision. Les personnages du plateau (la bimbo, l’acteur vieillissant, l’homme politique, le présentateur...) dont les traits de caractères ont, à mon avis, été sciemment caricaturés. Ainsi que famille et amis derrière leur poste, qui chacun de son côté apporte une pièce du puzzle.

- Ce roman est une réflexion sur le mal du XXIème siècle, un mal appelé image, celle que l’on a de soi, celle que l’on reflète, et celle que certains veulent nous donner. Pour Angie, un blogueur, surnommé « le Homard » s’évertue à la discréditer sur internet, à la défragmenter. C’est un roman sur le monde des apparences, cette illusion de paraître et qui fait partie de notre identité.

- Dans notre société très médiatisée, la notion d’intimité s’estompe, on déballe tout sur internet, sur les plateaux de télé. Ce rapport à l’exposition est très ambigu, on veut être sous les faisceaux, dans la lumière mais également dans l’ombre. On existe on se dévoilant, mais on doit disparaître pour se protéger. Est-ce que cette notion existe encore ? Oui, chez ceux qui n’ont pas internet :)

Autant de thèmes qui font de ce roman un magnifique moment de lecture et de réflexion, et la petite cerise sur le gâteau, la magnifique plume de Jessica

Vous l’avez compris, je vous le conseille ! 

Editions: Belfond
237 pages
Date de parution: Août 2015

L’AUTEUR :
Jessica Nelson est l'auteur de nouvelles, d'un essai Tu peux sortir de table (Fayard, 2008), et de Mesdames, souriez (Fayard – Bourse Lagardère en 2005). Depuis 2008 elle est coordinatrice et chroniqueuse pour l'émission Au Field de la nuit et a cofondé en 2012 les éditions des Saints Pères.
Tandis que je me dénude est son second roman.






2 commentaires:

  1. j'ai beaucoup aimé cette séance de mise à nu, bravo

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    1. Merci de ton retour Martine, effectivement c'est un excellent roman, et d'actualité de surcroît :)

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