RENCONTRES...

dimanche 27 décembre 2015

CE PAYS QUI TE RESSEMBLE - TOBIE NATHAN


Une saga familiale au sein d’une fresque historique, Tobie Nathan nous conte l’Egypte des années 20 jusqu’aux années 50. 

On commence par le mariage invraisemblable de Motty et Esther dans « Haret el Yahoud »  (la ruelle des juifs). Le fils, Zohar (Gohar en arabe), est né d’un père Asperger aveugle et d’une mère d’une beauté à couper le souffle mais dont le comportement est tellement étrange, que vous ne risquez pas de le retrouver ce souffle !  
Esther est possédée par le Sheytan, ne pouvant enfanter, elle eut recours à la sorcellerie pour avoir ce fils tant attendu !  Impuissante devant ses seins secs, et ne trouvant aucune mère nourricière juive, elle se tourne vers Jinane, une chanteuse enchanteresse issue de la fange du Delta, qui vient de mettre au monde Masreya (l’Egyptienne). Cette sœur de lait, dont Zohar tombe éperdument amoureux lui est interdite autant qu’une vraie sœur, mais par sa ruse elle arrive à le conduire aux portes du pouvoir.

Deux histoires d’amour certes, mais aussi l’amour incommensurable que porte l’auteur à son pays; l’histoire d'une amitié entre Zohar, Joe et Nino. Et enfin l'histoire avec un grand H, celle de l’Egypte occupée, de cette Oum Dounya (Mère du monde) dans le faîte de sa gloire artistique jusqu’au déclin de sa monarchie, de l’expulsion des juifs à l’islamisation du pays.

Deux mentions spéciales :

-          Pour le jeu de mots sur Farid Al Atrash qui devient Farid Al Amesh (Illustre auteur compositeur interprète Egyptien dont le nom Atrash signifie Sourd et qui devient Amesh l’équivalent d’aveugle :) )

-          et à mon avis, Tobie Nathan fait un fabuleux clin d’œil au grand Albert Cossery, puisque le héros de « Mendiants et Orgueilleux » n’est autre qu’un certain Gohar et j’y ai aussi retrouvé la même atmosphère.

Antoine Albalat disait « Un livre qu'on quitte sans en avoir extrait quelque chose est un livre qu'on n'a pas lu. » Monsieur Nathan, non seulement j’en ai extrait quelque chose, mais j’ai beaucoup appris sur ce merveilleux pays qu’est le vôtre !

« Nous autres, juifs d’Egypte, nous étions là avec les pharaons, puis avec les Perses, les Babyloniens, les Grecs, le Romains ; et lorsque les Arabes sont arrivés, nous étions encore là… et aussi avec les Turcs, les Ottomans… Nous sommes des autochtones, comme les ibis, comme les bufflons, comme les milans. Aujourd’hui, nous n’y sommes plus. Il n’en reste plus un seul. »


Editions Stock
536 pages
Date de Parution: 19 août 2015

Tobie Nathan, né en 10 novembre 1948 au Caire en Égypte, de parents juifs de nationalité italienne est un universitaire, diplomate et écrivain de nationalité française. Professeur émérite de psychologie à l’université de Paris VIII, il est le représentant le plus connu de l'ethnopsychiatrie en France.

vendredi 25 décembre 2015

NOUS RÊVIONS JUSTE DE LIBERTÉ - HENRI LOEVENBRUCK


« Foutre dieu, ce livre m’a donné les foies ! »

Si c’était Hugo alias Bohem qui avait à rédiger cette chronique, je suis sure qu’il l’aurait commencée ainsi !

Etant donné que c’est moi qui la rédige, je dirais que sur des centaines de livres lus, « Nous rêvions juste de liberté » est le deuxième à m’avoir arraché des larmes. Et je ne suis pas la seule…

Et s’il fallait le résumer :  Bohem est entré dans la bande à Freddy à 17 ans, grâce à un vieux Tee-shirt, un saut dans le vide et une roulotte de bohémien…  et qu’au fil des pages, cette ode à l’amitié vous prend aux tripes et ne vous lâche pas.

Tel Alex, Henri Loevenbruck sait mettre tout plein de mots qui coupent dans le ventre, et alors, ça fait du bien de saigner un peu. Et pour le citer « Dans la vie, je crois qu’il vaut mieux connaitre ses vrais défauts que ses fausses qualités, vaut mieux surprendre que décevoir »

Allez savoir pourquoi tout  le long de la lecture, je faisais un parallèle entre Bohem et Chris Chambers (l’écorché vif de Stand By Me de Stephen King) (ceux qui me connaissent ne seront pas étonnés c’est mon film culte)

Pas besoin d’aimer la moto, mais si comme tout un chacun vous aimez la liberté, ce livre est pour vous. Une leçon de vie et un coup de cœur… au cœur, une claque que vous n’êtes pas prêt d’oublier !

Telles les 3 lettres gravées sur Lipstick, la moto de Bohem, LH & R, pour Loyauté, Honneur et Respect.

Je dis LH & R :
pour le L : Lisez ce livre 
pour le H : c’est une Hérésie que d’être un lecteur et de passer à côté

et enfin pour le R : Respect Monsieur Loevenbruck !!!


Edition: Flammarion
424 pages
Date de parution: 01/04/2015

dimanche 20 décembre 2015

LIVRES PARUS EN 2015 QUE J'AURAIS AIME VOIR SOUS LE SAPIN

Dernière ligne droite avant Noël, les cadeaux sont au pied du sapin, mais n'avez-vous pas remarqué qu'il manquait quelque chose?

Oui.... des livres :)

Voici une petite sélection parmi 90 livres lus cette année: les 10 livres parus en 2015 et qui m'ont le plus marquée!

J'espère que ça vous aidera dans votre choix !

Joyeux Noël à tous!

PS: Amis auteurs: choisir c'est renoncer :) ce n'est pas pour autant que je n'ai pas aimé les vôtres




































mardi 8 décembre 2015

LA FÊTE DE L'INSIGNIFIANCE - MILAN KUNDERA

Jeter une lumière sur les problèmes les plus sérieux et en même temps ne pas prononcer une seule phrase sérieuse, être fasciné par la réalité du monde contemporain et en même temps éviter tout réalisme, voilà  La fête de l'insignifiance.


Un zeste d’humour, un soupçon de philosophie et une goutte d’histoire, voilà le cocktail servi lors de la « fête de      l’insignifiance »



« Nous avons compris depuis longtemps qu'il n'était plus possible de renverser ce monde, ni de le remodeler, ni d'arrêter sa malheureuse course en avant. Il n'y avait qu'une seule résistance possible: ne pas le prendre au sérieux. »

Ça donne le la, n’est-ce pas ?

On a beau escamoter  l’absurdité de la nature humaine, Milan Kundera nous la révèle singulièrement certes, mais sans insignifiance !

Un texte court, que l'on soupçonne léger, mais il s'avère être un concentré de lucidité et de perspicacité.


Date de parution format poche Folio: 29/10/2015
Broché Gallimard : 03/04/2014

140 pages

samedi 28 novembre 2015

60 MINUTES DANS #LA BOITE AVEC NICOLAS LEBEL

Quand on est fan et qu’on ne s’en cache pas, on est évidemment aux premières loges quand on a l’occasion de cuisiner Nicolas Lebel !
Fréderic Ernotte et sa boite à chat, nous ont offert 60 minutes avec Nicolas, et comme quand on aime on ne compte pas, les 60 minutes sont devenues … je ne sais plus, je ne compte pas, j’ai dit que j’aimais, et je n’étais pas la seule, ni à aimer ni à cuisiner !
Nous étions nombreux à le cuisiner ce cher Lebel, aux petits oignons et avec trois autres ingrédients phares: L’heure des fous, Le jour des morts et Sans pitié ni remords !


A l’instar de Mehrlicht, son personnage fétiche, quand on demande à Nicolas de se présenter : « Je suis un auteur de polars parisiens amateur de vins rouges et de cuisine de terroir »
Pour le premier opus les lecteurs étaient curieux de savoir si les personnages et les lieux décrits (Préfecture, Sorbonne) étaient tirés de faits réels ou étaient romancés :
"J'ai un ami qui a épousé une japonaise. C'est lui qui s'est occupé de ses papiers. Je tiens tout de lui et de différents collectifs de soutien aux sans-papiers qui présentent copieusement en ligne leurs actions au quotidien. Tout est vrai !
Une amie a été élue à La Sorbonne, j'ai pu vivre au plus près son parcours, sa traversée du désert, les auditions à travers la France... tout ce qui est dit est véridique et hallucinant ! "

Pour le personnage de Mehrlicht : "Je crois que pour ce premier roman, j'ai mis pas mal de moi dans ce personnage (mais aussi dans les deux autres, ses lieutenants) Mehrlicht a une insolence que je ne peux m'offrir en vrai, c'est surtout ce que j'aime chez lui.  En ce qui concerne la bouffe, et le vin rouge, je crois que la ressemblance est visible. Je suis moins cultivé que lui, et je lui en veux pour ça..."

Quant aux autres personnages : " C’est plus facile pour les descriptions d'utiliser des gens que je connais de près ou de loin. un trait de caractère ici, un nez bizarre là...

Certains se sont reconnus et se sont bien marrés! en ce qui concerne les noms Dans l'heure des fous, j'ai réutilisé les noms de notre Dame de Paris de Hugo et des Mystères de Paris de Sue. Dans le Jour des morts, ce sont mes collègues de l'Ed Nat parce que je venais de quitter mon établissement au bout de 15 ans. Dans SPNR, ce sont des auteurs de polars avec qui j'ai sympathisé... Dans le suivant... Je ne sais pas encore..."

Comment et quand Nicolas écrit "Je suis du matin! et du soir ! Quant à la version qui est publiée, c'est souvent la 7ème/8ème [...] J'ai envoyé des manuscrits (trop peu) et j'ai eu des réponses positives. J'ai rencontré Hélène Amalric (qui bosse pour Marabout-Hachette) et qui m'a proposé de retravailler le bouquin en faisant certaines modifications totalement justifiées. L'heure des fous est né comme ça.

En fait, j'écris comme je veux. C'est surtout le rythme qui importe. Lorsqu'un chapitre est long, c'est souvent un chapitre de narration. Je l'encadre souvent donc de chapitres dialogués plus courts. Les éditeurs passent derrière. On me dit quand c'est trop long, quand je devrais étoffer... Parfois je suis d'accord, parfois non.
Pour SPNR par exemple, on m'a demandé de retirer deux chapitres que j'aimais bien mais qui ne servaient pas vraiment l'histoire.
Les éditrices (parce qu'en fait ce sont 3 femmes!) ont les bons arguments et leur objectif principal est de faire le meilleur bouquin possible. Alors je les écoute !"

Y aurait-t-il des sujets qu’il s’interdirait et d'où lui viennent les idées des sujets : "Je ne m'interdis pas de scène dans Paris. Je m'interdis des thèmes, mais pas de scènes. Paris est au cœur de mes écrits, c'est certain, surtout parce que c'est un lieu que j'aime et que j'aime faire découvrir !
Une idée, une rencontre, un thème... Pour l'heure des fous, je suis parti des SDF du bois de Vincennes parce que je les vois régulièrement, pour SPNR, c'était l'envie de parler de l'ambiance de guerre qui régnait en 2014 autour des commémorations, du Mali... "

Les arts premiers étaient à l’honneur cette année dans le monde des polars, comment Nicolas a-t-il vécu cette coïncidence ? : "Que des auteurs de polar s'intéressent aux arts premiers est quand même une bonne chose. Et puis il n'y a pas de concurrence entre les auteurs dès lors qu'on fait ce qu'on sait faire et ce qu'on aime….. Un même thème traité par différents auteurs donnera j'en suis persuadé des bouquins très différents."

Quand on évoque la question de vivre de sa plume : "Je suis prof d'anglais, à temps partiel maintenant pour écrire d'avantage. Non je ne pourrais pas vivre de l'écriture... Qui le peut aujourd'hui en France ?... on me parle de French bashing, me dit que les français s'exportent peu. Je crois surtout qu'on est écrasé par les traductions... Et c'est difficile de faire du français quand les lecteurs veulent de l'exotisme."

Nous l’avons cuisiné jusqu’au bout, avant de partir nous avons juste baissé un peu le feu, mais nous voulions qu’il nous confie quelque chose sur son nouveau projet : "Je travaille toujours avec les mêmes axes : Mon équipe et leurs vies, l'histoire, la littérature... c'est le conflit nord-irlandais qui s'invite dans le prochain opus."

Et enfin la réponse que tous les lecteurs de SPNR attendent, à la question est-ce que quelqu’un a trouvé la réponse à l’énigme sur la denière page de SPNR : "La réponse n'a pas encore été trouvée, mais je sais que des lecteurs se sont regroupés et sont encore au taquet... Des indices suivront... " ben on les attend, parce que perso, j’en ai un peu marre de chercher :)

Je ne vous parle pas de cuisine depuis le début pour rien, lisez ce qu’a dit Nicolas en guise de remerciements 
" MERCIIIIII à Frédéric d'abord, d'avoir organisé ce grill sur lequel j'ai grésillé pendant une heure ! Merci à vous tous pour votre soutien et votre enthousiasme ! Je sais pour quoi et pour qui j'écris : c'est capital ! Bises à tous ! "
Merci encore à Nicolas et Frédéric pour cette rencontre virtuelle, pour avoir un second avis je vous invite à jeter un petit coup d’œil au compte rendu de Guillaume c'est par ici 

dimanche 22 novembre 2015

LE PROMENEUR D'ALEP - NIROZ MALEK

Qui n’a pas entendu parler de la guerre en Syrie ? Personne ! Que ce soient les médias, les réseaux sociaux, tout le monde donne son avis sur les migrants, leur sort et j’en passe, mais l’image qui nous est servie est celle de ceux qui ont quitté le pays, Niroz Malek nous parle de ceux qui y sont restés !

Il nous peint différents tableaux sous forme de saynètes tragiques, chaque saynète est un chapitre, ça peut remplir une demi page, comme 6 pages ; mais chaque chapitre est une gifle, que dis-je une baffe qu’on se prend en pleine figure, on n’a pas fini de la digérer qu’on se prend la seconde.

Il ne fait que retracer son quotidien, lui qui a refusé de fuir cette épouvantable guerre qui oppose les différentes factions.  
Par cet acte de résistance, il est le témoin par excellence d’une tragédie devenue folie meurtrière « Le corps pourrait-il survivre sans âme ? C’est pour cela que je ne partirai pas de chez moi, car il n’y a pas de valise assez grande pour contenir mon âme. »

Le quotidien d’un septuagénaire, qui se promène dans Alep.
Il va boire un petit thé au café, comme le font tant d’autres de par le monde, mais lui, il faut qu’il évite les barrages.

Il assiste à l’abattage anarchique des arbres des jardins publics, car il faut bien se chauffer.

Il voit déambuler un enfant nu dans les rues de sa ville, mais qui est complètement ignoré, les rues d’une ville dont le « peuple est devenu aveugle ».

Il va jusqu’à pressentir le drame de Aylan  « J’ai dégagé mon regard de l’horizon pour fixer mes pieds. J’ai vu alors des vêtements de petits garçons et de petites filles apportés par les vagues, venant de loin, parait-il d’un autre monde. […] Alors je me suis approché de la télévision  que j’ai rallumée de nouveau. Les images qu’elle diffusait m’ont horrifié. Les flots jouaient avec des enfants et des femmes, tous noyés ».

Il nous parle de ses amours d’enfance, de son amour  pour la littérature et les arts, Chagall, Van Gogh, Beethoven, Hemingway, Rachmaninov.

Bref, on est emporté par une magnifique plume, idéalement traduite (malgré quelques petites coquilles), on est emporté dans une poésie macabre à travers cette promenade dans Alep, cette ancienne cité fabuleuse sur la Route de la soie, une Soie devenue très rugueuse, rêche…


J’aimerai ajouter un petit mot sur mon bookstaging, la couverture est parsemées d’Olives , l'emblème d'Alep, les deux couleurs d'olives pour rappeler les différences ethniques, le feu pour rappeler la guerre, et un cœur d'olives pour rappeler l'amour que porte l'auteur à sa patrie...



Traducteur (de l'arabe): Fawaz Hussain
Editions : Le Serpent à Plumes
Date de parution : 20/10/2015
Nombre de pages : 156

L'auteur: 
Issu de la communauté yézidie, arabophone, Niroz Malek est syrien de parents kurdes. Né à Alep en 1946, il fait ses études à l’école des Beaux-Arts et participe à plusieurs expositions privées ou collectives avec des artistes syriens. Suite à la déroute arabe de 1967 face à Israël, il abandonne la peinture pour l’écriture. Depuis 1970, il a publié huit recueils de nouvelles et six romans. Certaines de ses nouvelles ont été traduites en espagnol, russe, anglais et kurde et publiées dans des revues littéraires. 

mercredi 18 novembre 2015

TANDIS QUE JE ME DENUDE - JESSICA L. NELSON


Tandis que je me dénude, non, vous ne verrez pas une parcelle de peau d’Angie Rivière elle gardera tous ses vêtements, mais c’est son âme qui sera mise à nu. Ces entrelacs finement et densément tissés, vous savez ceux qui forment la petite bulle qui nous protège, nous sécurise et nous préserve ! Cette fameuse bulle que nous ne partageons avec personne, cette bulle d’un second liquide amniotique dont même nos mères n’en soupçonnent pas l’existence ! Oui, c’est ça, c’est cette bulle qui éclate, et on y assiste non pas comme un scopophile dont la curiosité est malsaine, mais on est là aux premières loges, comme tant d’autres personnes devant leur poste de télévision, à se demander, quand est-ce qu’elle va craquer… Une âme mise à nu, devant les caméras, pour la promotion de « Bébés de brume » le premier roman d’Angie, le temps d’une émission…

Ce roman choral s’articule autour de trois notions : la pulsion scopique , l’image et l’intimité

- En ce qui concerne la pulsion scopique, (il est à noter qu’elle est indépendante des zones érogènes, encore une fois elle ne se dénude pas comme on l’aurait imaginé), la forme la plus connue a beau être le voyeurisme, mais on peut l’observer dans d’autres cadres, et ce sont ces autres cadres que Jessica Nelson met en avant. Elle met en scène plusieurs personnages, ceux qui sont sur le plateau et ceux qui sont derrière leur poste de télévision. Les personnages du plateau (la bimbo, l’acteur vieillissant, l’homme politique, le présentateur...) dont les traits de caractères ont, à mon avis, été sciemment caricaturés. Ainsi que famille et amis derrière leur poste, qui chacun de son côté apporte une pièce du puzzle.

- Ce roman est une réflexion sur le mal du XXIème siècle, un mal appelé image, celle que l’on a de soi, celle que l’on reflète, et celle que certains veulent nous donner. Pour Angie, un blogueur, surnommé « le Homard » s’évertue à la discréditer sur internet, à la défragmenter. C’est un roman sur le monde des apparences, cette illusion de paraître et qui fait partie de notre identité.

- Dans notre société très médiatisée, la notion d’intimité s’estompe, on déballe tout sur internet, sur les plateaux de télé. Ce rapport à l’exposition est très ambigu, on veut être sous les faisceaux, dans la lumière mais également dans l’ombre. On existe on se dévoilant, mais on doit disparaître pour se protéger. Est-ce que cette notion existe encore ? Oui, chez ceux qui n’ont pas internet :)

Autant de thèmes qui font de ce roman un magnifique moment de lecture et de réflexion, et la petite cerise sur le gâteau, la magnifique plume de Jessica

Vous l’avez compris, je vous le conseille ! 

Editions: Belfond
237 pages
Date de parution: Août 2015

L’AUTEUR :
Jessica Nelson est l'auteur de nouvelles, d'un essai Tu peux sortir de table (Fayard, 2008), et de Mesdames, souriez (Fayard – Bourse Lagardère en 2005). Depuis 2008 elle est coordinatrice et chroniqueuse pour l'émission Au Field de la nuit et a cofondé en 2012 les éditions des Saints Pères.
Tandis que je me dénude est son second roman.






mercredi 28 octobre 2015

JE N'AI JAMAIS EU DE PETITE ROBE NOIRE - ROSELYNE MADELENAT

Avec Je n’ai jamais eu de petite robe noire  Roselyne Madelénat nous plonge dans la vie de Florence, journaliste dans la presse féminine et plus exactement dans les amours de Florence. Qui dit amours dit sa vie amoureuse décousue et l’amour qu’elle voue aux siens.

Georges le père est un cyclothymique, les bons jours avec lui, on pouvait les compter sur les doigts. Du coup on se méfiait. La mère, toujours sur le qui-vive. Prête à pleurer. Un kit du malheur à elle toute seule. Mais Florence avait déjà appris à se blinder, il fallait qu’elle pense à autre chose, elle pensait toujours à autre chose.

A la mort de la mère, Florence a peur de s’effondrer dans la douleur de son père, avec qui elle vient de renouer. Cette douleur lue dans son regard et qu’elle voudrait lui extirper, mais devant laquelle elle est et sera toujours impuissante. Mais ce père n’était-il pas psychorigide, tyrannique, n’a-t-elle pas tenté une fugue à quinze ans pour s’extraire de cette vie qui ne lui convenait pas. Pourquoi tant de souffrance face à un père dont elle ne voulait plus ? Peut-être pourrait-elle chercher un peu de réconfort dans les bras d’un amant, mais lequel ? Elle n’a pas tricoté suffisamment d’intimité avec eux pour une quelconque consolation dans leurs bras…

Florence ne sait pas qui elle aime, qui l’aime si elle s’aime d’ailleurs. Pourrait-elle au moins reconnaître son âge ? Que sa séduction a changé de braquet ? Quand elle se regarde dans un miroir, elle actionne automatiquement Photoshop, comme tant de femmes…

La disparition de la mère a déterré comme par enchantement des sentiments enfouis et la clé de la boite de Pandore, une boîte qui refermait un secret de famille datant de 1943. Ce secret finissait par suinter de toute façon. Un suintement sale et poisseux dont elle voudrait se débarrasser, se laver. Juste pour avoir une impression de propre. De net. 

« La vérité est un rapace qui déboule dans notre champ de vision et qui kidnappe ce à quoi nous tenons. La vérité possède elle aussi ce fameux goût métallique et anxiogène. Une fois qu’elle nous tombe dessus, nous ne pouvons rien faire pour la mettre à l’écart et l’oublier, elle prend toute la place, nous bouffe tout tel un cancer infiltrant. »

Une plume impétueuse qui nous fait voyager avec vivacité dans le temps, dans les frettes  des séditions de la mémoire qui flanche,  qui se défile. Cette mémoire qu’on commence par quémander et qu’on finit par enjoindre de se rappeler.

Les petites robes noires ont toutes leur petit secret, mais quand on n’en a jamais eu on se demande ce qu’elles ont de plus les filles à la petite robe noire. Je vous laisse le découvrir…






Edition: Hugo & Cie
Collection: Hugo Roman
222 pages
Date de parution: 15 Octobre 2015







L'auteure:

Spécialisée dans les domaines de la psychologie et de la sexologie, Roselyne Madelénat a travaillé pour de nombreux journaux et magazines comme Biba, Votre Beauté, Prima, Psycho et Sexo, mais aussi pour Les dossiers du Canard enchaîné, L’Obs Paris, France Soir et bien d’autres. 
Aujourd’hui, elle écrit encore pour l’Huffington Post, L’Obs, Fémitude et Fémi 9.
Si Roselyne Madelénat a déjà écrit des livres, Je n'ai jamais eu de petite robe noire est son premier roman.




mercredi 14 octobre 2015

LE BERCAIL – MARIE CAUSSE




Enfant, Marie Causse était hantée par les allemands, elle redoutait qu’ils ne reviennent pour lui enlever la personne qu’elle aimait le plus au monde, sa grand-mère.

Emile, le père de celle-ci fut arrêté le 13 février 1944. En 2013, Marie décide de découvrir ce qui avait mené à l’arrestation de son arrière-grand-père, profitant des recherches pour écrire un roman qui s’inspirerait de l’histoire de l’Auvergne pendant la seconde guerre mondiale.

Ce « roman » se divise en deux parties. La première, le roman à proprement parler, retrace l’histoire de la jeune Esther qui, pour financer ses études fait des ménages chez les anciens de son village et en profite pour les faire parler de la guerre. Tout y passe, la résistance, la collaboration, les non-dits. On finit par s’attacher aux personnages. On s’imprègne de la magie des lettres jaunies et autres photos sépia. Puis on arrive à la page 109 et la deuxième partie est là… ? Eh bien, il va falloir oublier Esther, ses « petits vieux », enfin on oublie tout ! Sur le coup, je me demandais si j’avais raté quelque chose, j’ai relu les 6 dernières pages, mais non, c’est bien la fin de l’histoire. Et pour moi la fin du roman.

La deuxième partie retrace le long parcours de l’auteure pour honorer la mémoire de l’arrière-grand-père et aider sa grand-mère à comprendre pourquoi il a été tué et ainsi faire son deuil. Un chemin long, mais incroyablement fastidieux pour le lecteur, truffé de détails notamment les recherches aux archives nationales, les différents personnages. Enfin comme disait la grand-mère de Marie : « Tu vas y mélanger avec toutes les histoires ? » 

L’auteure a fait le choix de ne pas mêler l’histoire de son arrière-grand-père avec la fiction pour être sûre de pouvoir démêler le vrai du faux. Ce qui a fait perdre à son livre le côté roman et en fait un docu-roman. Dommage, car elle a une très belle plume mais comme disait Saint Exupéry : 

La perfection est atteinte non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer !

Date de parution: 15/09/2015
Editions L'Arpenteur
256 Pages