Aujourd’hui, il
lui reste peu de mots et peu de souvenirs, Marthe écrit l’histoire de sa
famille, d’un lieu que je laisserai le soin au lecteur de découvrir, pour
oublier que cette famille n’existe plus.
A 12 ans Marthe
vit à la ferme avec ses parents et son petit frère Léonce à qui elle voue un
amour incommensurable. Loin de l’école, deux joies lui rappellent la vie qui la
gèle : coudre pour sa maman et lire des histoires à Léonce. Elle apprend à
coudre sur une machine ajustée à ses doigts, d’où naissent de longues robes
dessinées sans faiblir mais surtout destinées à couvrir les cicatrices de sa
mère.
« Depuis des
lustres, Papa ne prononce plus nos prénoms, se jette sur le verbe, phrases
courtes sans adjectif, sans complément, seulement des ordres et des martinets […]
Il nous conjugue et nous accorde comme il veut. Il est notre langue étrangère,
un mot, un poing, puis retour à la ligne jusqu’à la prochaine claque. »
Malgré ces
ténèbres, Marthe essayera de se construire et de fleurir, le lecteur la suit de
ses 12 ans à ses 20 ans, 3 amours la porteront.
L’amour à son
frère et sa mère,
L’amour des
lettres inculqué par son institutrice Nathalie, qui est à l’origine de sa
vocation d’apprendre plus tard le grec pour traduire Eschyle. « Je passe devant
le bureau pour rejoindre ma place et je fixe la couverture du livre. Je lis
Eschyle, que je confonds avec échelle, "qui sert à se hisser "»,
L’Amour tout
court, celui de Florent, avec qui elle part fleurir et s'épanouir à Baltimore,
Mais le passé nous rattrape toujours...
Marthe veut
laisser un témoignage, tout peut être effacé, sauf les fleurs… qui malgré leur fragilité
doivent survivre. En tournant les pages, tels des pétales, on prend soin de le
faire avec douceur, d’abord parce qu’on tient entre les mains un vrai bijou
littéraire et aussi parce qu’on laisse le temps au phrases de cheminer pour en
savourer toute la beauté et enfin parce qu’on voit la fin arriver, 74 pages, c’est
vite lu, donc on fait durer le plaisir…
« Je voulais
une mère avec des épaules pour poser mes joues brûlantes. Je voulais un père
avec une voix pour m’interdire de faire des grimaces à table. Je voulais un
chien avec un passé de chat […] Je n’ai pas eu tout ce que je voulais mais je
suis là, avec mes zéros, ma vie soldée du jour qui vaut bien ma vie absente d’avant.
Je tombe rond ; mon compte est bon. »
Un texte concis,
poignant et émouvant de sincérité !
Edition :
Buchet Chastel
Collection :
Qui vive
74 pages
Date de parution :
22/08/2013 9€
L’auteur :
Nicolas Clément est né en 1970 à Bourgoin-Jallieu. Agrégé de philosophie,
il enseigne en lycée et en classes préparatoires.
Sauf les fleurs est lauréat du Festival du premier roman de Chambery 2014, Lauréat du Prix Emmanuel-Roblès 2014 et Lauréat du Prix du Métro Goncourt 2014
Photo auteur: crédit Héloise Jouanard
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