Ben voilà,
c’est la rentrée des classes, la rentrée littéraire, donc à
vos stylos et pour d’autres comme moi, à vos claviers :)
Pour
commencer, il a bien fallu choisir parmi des centaines de livres de cette
rentrée et j’ai jeté mon dévolu sur la petite barbare, un premier roman, et un
coup de cœur pour ceux qui l’ont déjà lu !
La petite
barbare dont on ne connaîtra jamais le prénom n’est pas faite pour être pauvre
! Donc l’argent elle va le chercher avec ses dents, voire ses cheveux, sa
bouche, son corps quoi !
C’est elle qui nous conte son histoire, cloîtrée entre
4 murs en taule… son langage de banlieusarde-taularde-hargneuse est
magnifiquement retranscrit par la plume d’Astrid. On ne dira jamais assez à
quel point mater un mur toute la journée peut rendre fêlée, car une fois que
t’as déchiffré les appels au secours du crépi tu te retrouves sur ton pieu face
à une souricière. Rien à espérer sauf te raccrocher à des détails comme cette
bande de lumière qui entre dans la cellule et dont la clarté sans accroc te
propulse dans ton histoire.
Je n’ai pu
m’empêcher de revoir la couverture à la lecture de ce passage, les cheveux me
donnaient l’impression d’un coup de griffes sanglantes sur un crépi.
Une mère à la
dérive, un père flemmard, il braille
qu’à l’ANPE, il n’y a que des fainéants, que la société est un tas de merde,
que la politique c’est du spectacle. Que les paillettes ne se collent que sur
les mains des riches. Il a la haine mais reste cloué sur le canapé. Chez elle
il n’y a pas eu de baguette magique, le temps a appuyé sur la zappeuse. Pas
comme une étoile filante ni façon superproduction ; chez elle, le rêve c’est plutôt un
film sans budget pour ajouter la 3D.
La petite
barbare c’est la rabatteuse de proies, mais attention, elle ne veut pas
ressembler à une pute. Elle n’en a jamais été une. Elle a répondu à la demande,
elle était l’offre.
Son petit gang compte sur sa beauté pour dégoter des
victimes, Esba le meilleur ami qui la respecte, black, baraqué, beau comme un
Dieu, Woillem qui compte les thunes de la dope et Eric le petit loser.
Leurs proies ?
M’enfin, les hommes, vous savez ceux… qu’elle enchaîne à eux même pour cimenter
son propre reflet ou encore ces arabes du golfe, qu’elle ratiboise ; qui fondent, la prennent pour une soumise, attendent ses petits cris de jouissance
comme le pétrole de leurs puits. Elle mime très bien, une vraie môme Marceau.
Le champagne,
les Champs, les talons aiguilles et autres grosses cylindrées, ça ne dure qu’un
temps, elle a dépensé son heure de gloire jusqu’à la lie, plus une seconde de
disponible. Son gang de grands fauves qui se gavant d’ultraviolence pour
encaisser l’ineptie d’un monde fabriqué sans leur avis, dérape, et se trouve
l’auteur du meilleur film d’épouvante jamais réalisé battant à plates coutures
les blockbusters. Sauf que là, c’était vrai. Et qu’il n’y avait pas Luc Besson
au générique pour couper la scène où ça dérape.
D’un
sang-froid inébranlable, la petite barbare nous raconte sa vie avec une
précision tel un film en audiodescription, où on finit par voir surgir des
images et parler des métaphores.
En revanche et
contrairement aux autres lecteurs pour qui « La petite barbare » fut un coup de
cœur, c’était un excellent moment de lecture, mais je suis un peu restée sur ma faim, la petite
barbare disait « les vacances c’est dans la tête », pour moi je crois que « le
coup de cœur c’est dans la tête » :)
"Au nom
d’Allah ». Tu parles. Comme si on y connaissait quelque chose, nous aux
préceptes du coran. Faire appel à Dieu, ça nous épargnait une chose : lui
demander son avis. Et le citer, c’est déjà être pardonné."
"L’ascenseur
social ne s’arrête pas dans notre pays. Au pays des filles perdues, y a que des
escaliers qu’on grimpe sans trouver la fin du labyrinthe"
Edition: Belfond
150 pages
Date de parution: 13/08/2015
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