RENCONTRES...

mercredi 2 septembre 2015

LA PETITE BARBARE - ASTRID MANFREDI



Ben voilà, c’est la rentrée des classes, la rentrée littéraire, donc à vos stylos et pour d’autres comme moi, à vos claviers :)

Pour commencer, il a bien fallu choisir parmi des centaines de livres de cette rentrée et j’ai jeté mon dévolu sur la petite barbare, un premier roman, et un coup de cœur pour ceux qui l’ont déjà lu !

La petite barbare dont on ne connaîtra jamais le prénom n’est pas faite pour être pauvre ! Donc l’argent elle va le chercher avec ses dents, voire ses cheveux, sa bouche, son corps quoi ! 
C’est elle qui nous conte son histoire, cloîtrée entre 4 murs en taule… son langage de banlieusarde-taularde-hargneuse est magnifiquement retranscrit par la plume d’Astrid. On ne dira jamais assez à quel point mater un mur toute la journée peut rendre fêlée, car une fois que t’as déchiffré les appels au secours du crépi tu te retrouves sur ton pieu face à une souricière. Rien à espérer sauf te raccrocher à des détails comme cette bande de lumière qui entre dans la cellule et dont la clarté sans accroc te propulse dans ton histoire.  
Je n’ai pu m’empêcher de revoir la couverture à la lecture de ce passage, les cheveux me donnaient l’impression d’un coup de griffes sanglantes sur un crépi.

Une mère à la dérive, un père flemmard, il braille qu’à l’ANPE, il n’y a que des fainéants, que la société est un tas de merde, que la politique c’est du spectacle. Que les paillettes ne se collent que sur les mains des riches. Il a la haine mais reste cloué sur le canapé. Chez elle il n’y a pas eu de baguette magique, le temps a appuyé sur la zappeuse. Pas comme une étoile filante ni façon superproduction ; chez elle, le rêve c’est plutôt un film sans budget pour ajouter la 3D.

La petite barbare c’est la rabatteuse de proies, mais attention, elle ne veut pas ressembler à une pute. Elle n’en a jamais été une. Elle a répondu à la demande, elle était l’offre
Son petit gang compte sur sa beauté pour dégoter des victimes, Esba le meilleur ami qui la respecte, black, baraqué, beau comme un Dieu, Woillem qui compte les thunes de la dope et Eric le petit loser.

Leurs proies ? M’enfin, les hommes, vous savez ceux… qu’elle enchaîne à eux même pour cimenter son propre reflet ou encore ces arabes du golfe, qu’elle ratiboise ; qui fondent, la prennent pour une soumise, attendent ses petits cris de jouissance comme le pétrole de leurs puits. Elle mime très bien, une vraie môme Marceau.

Le champagne, les Champs, les talons aiguilles et autres grosses cylindrées, ça ne dure qu’un temps, elle a dépensé son heure de gloire jusqu’à la lie, plus une seconde de disponible. Son gang de grands fauves qui se gavant d’ultraviolence pour encaisser l’ineptie d’un monde fabriqué sans leur avis, dérape, et se trouve l’auteur du meilleur film d’épouvante jamais réalisé battant à plates coutures les blockbusters. Sauf que là, c’était vrai. Et qu’il n’y avait pas Luc Besson au générique pour couper la scène où ça dérape.

D’un sang-froid inébranlable, la petite barbare nous raconte sa vie avec une précision tel un film en audiodescription, où on finit par voir surgir des images et parler des métaphores.


En revanche et contrairement aux autres lecteurs pour qui « La petite barbare » fut un coup de cœur, c’était un excellent moment de lecture, mais je suis un peu restée sur ma faim, la petite barbare disait « les vacances c’est dans la tête », pour moi je crois que « le coup de cœur c’est dans la tête » :)


"Au nom d’Allah ». Tu parles. Comme si on y connaissait quelque chose, nous aux préceptes du coran. Faire appel à Dieu, ça nous épargnait une chose : lui demander son avis. Et le citer, c’est déjà être pardonné."

"L’ascenseur social ne s’arrête pas dans notre pays. Au pays des filles perdues, y a que des escaliers qu’on grimpe sans trouver la fin du labyrinthe"

Edition: Belfond
150 pages
Date de parution: 13/08/2015


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