
Ben voilà, le
décor est posé ! Adam Sijilmassi, ingénieur négociant pour une grande entreprise marocaine, est assommé par
une épiphanie au-dessus de la mer d’Andaman à plusieurs milliers de mètres
d’altitude. Il décide de faire un break dans sa vie, de retourner aux sources,
ne plus courir, ne plus voyager… Ces aïeux ayant toujours vécu dans les
Doukkala, eurent une vie heureuse, une quiétude à la vitesse des mules et
autres équidés et pas à la vitesse des Boeing !
Au début du
livre, le ton est farfelu, mais au fil des pages, on se rend compte que le
sujet est plus grave. Beaucoup de philosophie, saupoudrée de citations de Ibnou
Toufayl et Ibnou Rochd. Des questions existentielles qui puisent leurs réponses
dans des œuvres sorties du coffre du grand-père, œuvres qui ont tracé une belle
route pour la pensée européenne moderne, œuvres datant d’une époque où les
penseurs arabes savaient penser !
"Il est
obligatoire d'étudier la philosophie et la science... Mais s'il y contradiction
entre elle et la Révélation? Dans ce cas, répond Ibn Rochd, il faut interpréter
le texte. Il faut accepter les résultats de l'investigation scientifique et de
la réflexion rationnelle, et relire le texte, revenir aux significations
premières des mots, en faire une lecture métaphorique. Il faut forcer le texte
sacré à coïncider avec le réel tel que le dévoile la science. C'est la science
qui prime. "
Adam, plaque
tout, travail, épouse, confort casablancais, et chemine vers ses sources, vers
la petite ville d’Azemmour, vers le Riad de la famille ! Qui est-il ?
Que fait-il ici ? Comment faire le vide ? Comment se défaire de tous
ces fragments de littérature française qui s’entrechoquent dans sa tête ?
et surtout comment gérer le chaos déclenché par sa décision soudaine de tout
plaquer ? Il est venu chercher le calme, et se trouve embarqué dans des
intrigues à n’en plus finir, comment gérer cette descente dans le
maelström ?
On ressent que
Laroui regrette l’âge d’or arabe, le manque de repères culturels pour les
marocains exclusivement francophones et regrette surtout que les musulmans
n’aient pas pu faire évoluer l’Islam avec le temps, que le tout eut été figé
comme il le fut il y a quinze siècles.
Je préfère ne pas
trop en dévoiler, car ce livre vaut vraiment la peine d’être lu ! De
l’humour savamment dosé, grinçant par moments, un style à la Laroui, très
agréable et accessible. Seul petit bémol, j’aurais préféré que l’auteur étoffe
un peu mieux/plus la fin, on a l’impression qu’elle fut rédigée à la va-vite et
on reste un peu sur sa faim…
J'évite en général de lire des billets avant de rédiger le mien mais je n'ai pas résisté. :)
RépondreSupprimerJ'ai eu un moment de flottement avec la fin moi aussi mais je me rends compte que l'auteur ne pouvait pas conclure autrement s'il voulait rester cohérent. Cela dit, l'événement qui fait tout basculer m'a semblé arriver de façon un peu trop opportune.
Pour le reste, c'est du Laroui (et je le préfère pourtant en tant que nouvelliste).
Merci Flo pour ton retour. Laroui avec son côté incontestablement déjanté m'enchante toujours :)
SupprimerAu plaisir de te lire