«Charlotte a appris à lire son prénom sur
une tombe»
Telle est la première phrase de ce roman/biographie
Charlotte (Salomon) de David Foenkinos, mais je préfère commencer par ma
rencontre avec ce livre avant de parler de son contenu. Il y a deux semaines,
roulant pour un petit bout de temps, je tombe sur une émission radio où
Foenkinos était invité pour parler de son dernier roman ! Toutes les antennes
étaient de sortie ! A la fin de l’émission, et dès que j’ai coupé le contact
j’ai googlé Charlotte Salomon, car je vous avoue je ne voyais pas du tout de
qui il s’agissait ! J’avais bien entendu compris qu’elle avait vécu pendant la
seconde GM, qu’elle était peintre, mais son nom ne me disait rien ! Vu
l’obsession de Foenkinos pour cette jeune femme, dont il a découvert par hasard
l’œuvre à Berlin, mais au point de marcher sur ses traces dans toutes les
régions où elle avait vécu, je sentais que mon obsession naissait…
Le plus surprenant dans Charlotte c’est la façon dont le
livre est écrit, je laisse Foenkinos vous l’expliquer :
« J’ai tenté d’écrire ce livre tant de fois.
Mais comment ?
Devais-je être présent ?
Devais-je romancer son histoire ?
Quelle forme mon obsession devait-elle prendre ?
Je commençais, j’essayais, puis j’abandonnais
Je n’arrivais pas à écrire deux phrases de suite.
Je me sentais à l’arrêt à chaque point.
Impossible d’avancer.
C’était une sensation physique, une oppression.
J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer.
Alors, j’ai compris qu’il fallait l’écrire ainsi. »
Et pour ma part j’ai compris pourquoi Foenkinos en était
obsédé, c’est un destin tragique hors normes, une surdouée de la peinture.
Charlotte écrit, et peint l’histoire de sa famille. Une oeuvre « Leben? oder
Theater? » Vie ? Ou Théâtre ? de plusieurs centaines de feuilles retraçant
l’intégralité de sa vie, par ailleurs le jour où elle a dû s’en séparer et la
confier à un ami, elle lui dit « Gardez-les bien, c’est toute ma vie ! »
Une œuvre peinte dans l’urgence, dans une sorte d’apnée
artistique déroutante.
Une vie sous forme de peintures lumineuses contrairement
à sa vraie vie qui n’était que souffrance, douleur, une litanie macabre de
suicidés, de déportations, d’interdits et surtout beaucoup d’humiliation !
Mais dans tout ce malheur, la chance peut sourire par
moments, Charlotte par un miracle encore plus insensé que les horreurs qu’elle
vivait, fut admise à l’école des beaux-arts de Berlin ! Elle connut également
l’amour, elle a rencontré des personnes qui l’ont aidée ! Mais… elle a fini sa
vie, enceinte, nue avec le numéro d’un portant à retenir, pour pouvoir
retrouver ses vêtements après la douche !
L’horreur de la guerre dans toute sa splendeur ! La
splendeur d’une artiste dans toute cette horreur !
Pour moi Foenkinos sort du registre « lecture légère »,
et intègre le registre « auteur en pleine maturité »... à cueillir, j’attends
avec impatience son prochain fruit !
Un autre coup de coeur pour moi! J'étais déjà fan de David Foenkinos, alors là!!!! Un tournant dans sa carrière!!! Un livre magnifique, quel souffle, quelle émotion!
RépondreSupprimerTu m'as donné envie de lire ce livre <3
RépondreSupprimerMerci :)
un doublé exceptionnel!!! David a eu également le Goncourt des lycéens en plus du Renaudot!!!! Dépêche-toi de le lire :)
SupprimerIl faut le lire Ilham!!! Il n'a pas eu le Renaudot 2014 pour rien! A failli avoir le Goncourt puisqu'il était dans la dernière sélection!!!
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