Leila Slimani a tout pour attiser ma curiosité :
- Un
premier roman
- Un
sujet tabou : la dépendance sexuelle, mais au féminin !!
Dans ce roman Leila se frotte à un sujet qui, quelle que
soit la culture, reste du domaine de l’indicible, du tabou : la dépendance
ou l’addiction sexuelle, qui plus est la plus perverse et la plus destructrice de toutes les
addictions.
Adèle est journaliste, maman d’un petit garçon Lucien et
épouse d’un chirurgien Richard.
« Adèle a fait un enfant pour la même raison qu’elle
s’est mariée. Pour appartenir au monde et se protéger de toute différence avec
les autres. En devenant épouse et mère, elle s’est nimbée d’une aura de
respectabilité que personne ne peut lui enlever. Elle s’est construit un refuge
pour les soirs d’angoisse et un repli confortable pour les jours de
débauche »
Une vie parisienne bien calme où tout est déjà tracé. Mais cela
ne la satisfait pas !
La vraie Adèle, c’est ça : « Une semaine
qu'elle tient. Une semaine qu'elle n'a pas cédé. Adèle a été sage. En quatre
jours, elle a couru trente-deux kilomètres... Elle n'a pas bu d'alcool et elle
s'est couchée tôt. Mais cette nuit, elle en a rêvé et n'a pas pu se
rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s'est introduit en elle comme un
souffle d'air chaud. Adèle ne peut plus penser qu'à ça. Elle se lève, boit un
café très fort dans la maison endormie. Debout dans la cuisine, elle se balance
d'un pied sur l'autre. Elle fume une cigarette. Sous la douche, elle a envie de
se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le
mur. Elle veut qu'on la saisisse, qu'on lui brise le crâne contre la vitre. Dès
qu'elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements,
les coups. Un homme nu qui halète, une femme qui jouit. Elle voudrait n'être
qu'un objet au milieu d'une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière.
Qu'on lui pince les seins, qu'on lui morde le ventre. Elle veut être une poupée
dans le jardin de l'ogre.»
Adèle ne s’appartient pas, elle est esclave du désir, le
désir est son maître. Une expression bien de chez nous, la qualifierait à
merveille, Adèle est habitée (je ne veux pas tomber dans le mysticisme, mais
c’est ce qui l’a défini le mieux !)
"Ses obsessions la dévorent. Elle n’y peut rien.
Parce qu’elle requiert des mensonges, sa vie demande une épuisante
organisation, qui lui occupe l’esprit tout entier. Qui la ronge. Organiser un
faux voyage, inventer un prétexte, louer une chambre d’hôtel. Trouver le bon
hôtel. Mentir mais ne pas trop se justifier. Les justifications nourrissent les
soupçons."
"Adèle ne tire ni gloire ni honte de ses conquêtes.
Elle ne tient pas de livres de comptes, ne retient pas les noms et encore moins
les situations. Elle oublie très vite et c’est tant mieux. Comment
pourrait-elle se souvenir d’autant de peaux, d’autant d’odeurs ?"
La nymphomanie la consume à petit feu, il faut penser à
tout, ne laisser aucune trace, garder le sourire et renter chez soi comme si de
rien était. Mais Richard, victime d’un accident de la route, se retrouve
immobilisé pendant quelques semaines à la maison ! Adèle ne pouvant se
défaire de son vice, doit être encore plus vigilante…
"Être belle, être prête. Se tromper, inévitablement,
de priorité."
A mon avis, Leila
Slimani a su déjouer deux grands pièges pour ce premier roman :
- Elle est marocaine, mais tous les personnages du livre n’ont aucun rapport avec le Maroc, on n’a pas le droit au sempiternel premier roman autobiographique de la majorité des auteurs maghrébins.
- Elle est marocaine, mais tous les personnages du livre n’ont aucun rapport avec le Maroc, on n’a pas le droit au sempiternel premier roman autobiographique de la majorité des auteurs maghrébins.
- Elle traite du sexe, de l’addiction sexuelle
même, mais sans tomber ni dans la pornographie ni dans l’érotisme.
Un livre déconcertant,
une écriture mordante, une maestria des mots qui ouvre la porte aux
sceptiques… Je ne souhaite pas me
transformer en thuriféraire de ce roman, mais il vaut la peine d’être lu !
Merci Leila,
RépondreSupprimerLe livre L. Slimani est dans le pipe pour être lu. Avec la rentrée littéraire, les livres se bousculent. Surtout qu'en ce moment, je lis alternativement des vieux livres d'histoire et d'autres plus récents.
Je ne manquerais de commenter dès j'aurais lu "Dans le jardin de l'ogre".
Merci Jaafar! Effectivement avec la rentrée littéraire on est perdus ! Pour ma part ma PAL est plus haute que moi !
SupprimerJ'attends avec impatience ton avis :)