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lundi 10 novembre 2014

LE PROBLEME SPINOZA - IRVIN D. YALOM


Rosenberg allemand demeurant en Estonie, élève obnubilé par les idées aryennes, passionné par les thèses de Chamberlain sur la prétendue supériorité de la race aryenne, confirme à ses professeurs atterrés : « Je crois que si nous ne sommes pas vigilants, la race juive aura raison de nous. Ce sont des faibles. Des parasites. L’éternel ennemi, la race qui s’oppose à la culture des valeurs allemandes »

Que faire face à cette conviction d’infériorité de la race juive ? Les professeurs, sachant que le jeune Rosenberg vénère Goethe, lui vouant une admiration sans limites, décident de l’obliger à lire Spinoza, en reprenant l’autobiographie de Goethe et en travaillant sur les passages où il évoque son inspirateur Spinoza. 

C’est ainsi que débute ce roman, Irvin Yalom, subtil comme à son habitude, essaie de démontrer comment un anti-juif virulent se trouve confronté à la pensée du juif Baruch Spinoza.

De nouveau, et sans verser dans l’uchronie, il met en parallèle deux esprits diamétralement opposés, en mettant face à face leurs raisonnements, et en réalisant une psychanalyse fictive des deux protagonistes. (Rosenberg par un certain Friedrich Pfister et Spinoza par le penseur Van den Enden):

- Baruch (Bento) Spinoza, milieu du 17ème siècle, rebelle au sein de la communauté juive des Pays-Bas, haut lieu d’accueil des marranes portugais et espagnols ayant fui leurs pays. Spinoza homme incarnant le courage et l’intégrité. On lui propose de garder ses idées, de ne pas les divulguer, contre une pension conséquente et un avenir prometteur en tant que leader spirituel. Spinoza décide de subir l’excommunication (le Herem) et l’exclusion afin de ne pas renier ses idées. Parmi ses questionnements : Comment Moise aurait pu écrire un livre relatant sa propre mort ? Avec qui les enfants d’Adam et Ève se sont-ils mariés ? Pour lui, Dieu se confond avec la Nature et que par-là, Dieu n’est que Nature. La religion doit être écartée de la politique, et ce n’est que de la superstition manipulée par des religieux.

- et Alfred Rosenberg, 1918, construisant lentement mais surement son idéologie Nazie. Confronté à un épineux problème de conscience : admirer un philosophe juif, épouser la pensée d’une race inférieure n’est pas compatible avec son idéal aryen. Rosenberg était dépressif, mal-aimé et tourmenté, recherchant en permanence l’approbation des autres et dépendant affectivement d’un petit caporal, qui deviendra le führer. Ce dernier l’utilise plus qu’il ne l’apprécie. Malheureusement, et l’histoire le démontre, la lecture d’un philosophe éclairé n’a jamais contrecarré l’obscurantisme des esprits bornés. Fait réel, Rosenberg a fait confisquer la bibliothèque de Spinoza après l’invasion des Pays-Bas. Dans les archives de l’époque, on fait référence au « problème Spinoza »…

Il est à noter que Yalom, n’est pas tombé dans le cliché du gentil et du méchant, chose que j’ai fort probablement mal retranscrite dans cette critique, mais…

S’il y a une phrase à retenir de ce livre, c’est celle-ci : 

« La force d’une conviction est sans rapport avec sa véracité »

Baruch Spinoza


Annexe du livre : « J'ai voulu écrire un roman qui aurait pu se produire. En restant aussi proche que possible des événements historiques, je me suis servi de mon expérience professionnelle de psychiatre pour imaginer le monde intérieur de mes protagonistes, Bento Spinoza et Alfred Rosenberg. Afin de donner accès à leur âme, j'ai inventé deux personnages, Franco Benitez et Friedrich Pfister, et toutes les scènes les impliquant relèvent, naturellement de la fiction. »


Je ne pouvais pas passer à côté du bookfacing de l'un des livres qui m'ont le plus marquée en 2014 :) 







L'auteur:

Professeur émérite de psychiatrie à Stanford, Irvin Yalom est l’auteur, entre fiction, philosophie et psychothérapie, de nombreux essais, romans ou récits, best-sellers dans le monde entier, dont:

La Méthode Schopenhauer, 
Mensonges sur le divan, 
Et Nietzsche a pleuré, 
Le Bourreau de l’amour,
La Malédiction du chat hongrois, 
Thérapie existentielle, 
Le Jardin d’Épicure, 
En plein cœur de la nuit 
ou Dans le secret des miroirs.












2 commentaires:

  1. Un livre que je vais lire d'urgence! Merci pour ta chronique et pour le livre Leeloo!

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    1. Je te conseille les 3 dont j’ai posté les chroniques, j’ai découvert Yalom grâce à la Méthode Schopenhauer, et s’en est suivie la lecture de 5 autres du même auteur, mon trio de tête est chroniqué, et dans l’ordre du coup de cœur : La Méthode Schopenhauer ex-aequo avec Le Problème Spinoza, ensuite Et Nietzsche a pleuré et en queue de file :) Mensonge sur le Divan, la Malédiction du Chat Hongrois et En plein cœur de la nuit.

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