RENCONTRES...

dimanche 28 février 2016

LE MARIAGE DE PLAISIR - TAHAR BEN JELLOUN


L’esclavage n’a été aboli qu’en 1922 au Maroc, autant dire, que nos grands-parents s’en souviennent. Qu’en est –il advenu de ces anciens esclaves, ont-ils été affranchis ? Certains d’entre eux oui, mais pas tous.  Avant tout pour des questions de coutumes et, bizarrement aussi, parce que les esclaves (ou du moins ceux qui étaient nés ainsi) avaient tellement intégrés leur statut, qu’ils pouvaient avoir du mal à envisager leur autonomie…

Cette petite introduction est là pour poser le décor dans lequel  évolue « le mariage de plaisir » dernier-né du grand Tahar Ben Jelloun.

Il n’est nulle question d’esclavage,  le livre nous conte l’épopée familiale d’une famille fassie (de Fès) du milieu des années 50 (juste avant la fin du protectorat) à nos jours.  Mais dans l’esprit de tous, à l’époque, un noir, ne peut être qu’un esclave. 
Amir commerçant prospère, marié à Fatma.  Leur mariage était-il heureux ? On ne se posait pas la question. Elle lui a donné des enfants. Les apparences étaient sauves. Dans cette ville de Fès, renfermée sur elle-même, creuset de la civilisation arabo-andalouse, on ne plaisantait pas avec les convenances.

Dans l’islam, il est permis à un homme qui part en voyage de contracter un mariage à durée déterminée, « mariage de plaisir - زواج المتعة ». C’est dans ces conditions qu’Amir, a pour habitude d'épouser temporairement Nabou, une magnifique Peule de Dakar, où il part s’approvisionner.

Amir accompagné de son fils Karim, simple d’esprit, mais un personnage attachant et lumineux, entame un ultime voyage à Dakar.  Les choses se corsent quand l’amour fait des siennes, Amir tombe éperdument amoureux de Nabou, cette femme libre en matière d’amour, que le poids de la religion ne bloque pas. Il la ramène à Fès en tant que seconde épouse. 
Deux grandes portes s’ouvrent grand : celle de la jalousie (que l’on comprend) et celle du racisme. Dans un pays où le noir est perçu comme le décrit Fatma : « Jamais, jamais de la vie je ne supporterai d’avoir été supplantée par une Négresse, une étrangère sale et qui ne sait même pas parler. Elle a ensorcelé mon mari elle lui a jeté un sort et moi aussi je suis sa victime. Ce sont des gens sauvages qui nous détestent parce que Dieu nous a faits blancs et propres et eux sont des déchets de l’humanité ».  
Une preuve éclatante d’un racisme presque inconscient qui n’offusquait personne à part ses victimes. Mais personne ne bougeait, personne ne réagissait dans un Maroc encore sous protectorat, à la veille de l’indépendance.

Le temps ne fait pas toujours oublier les douleurs, mais il coule… Nabou met au monde des jumeaux, Hassan et Houcine, l’un blanc, l’autre noir.  La seconde partie du livre y est consacrée. Devenus adultes, ils ont suivi des chemins différents, le blanc est intégré, le noir Hassan défaitiste, vit beaucoup moins bien sa condition et ne parvient pas à offrir à son fils Salim, noir également, de meilleurs horizons. 
Salim le rebelle, se retrouve arrêté dans une rafle avec d’autres subsahariens et est renvoyé au Sénégal….
Je n’en dévoile pas plus.

A la manière d’un conte, Tahar Ben Jelloun, nous  dépeint un  racisme ordinaire qu’on tait, et les humiliations subies, dans la société marocaine de ces 60 dernières années. Il nous parle aussi  de deux  tabous que sont la sexualité  et l’amour dans une société fassie conservatrice,  du courage qu’il faut pour affronter le regard des autres. Un livre choc, violent,  cette détresse surgie d’une double identité, quand votre destin est esquissé par la couleur de votre peau, et qui amène à une  envie viscérale de retrouver ses racines.
Un magnifique roman

Editions Gallimard
Date de parution : 11 février 2016

260 Pages





Tahar Ben Jelloun est un écrivain et poète marocain de langue française, né le 1er décembre 1944 à Fès (Maroc).




Après avoir fréquenté une école primaire bilingue arabo-francophone, il étudie au lycée français de Tanger jusqu'à l'âge de dix-huit ans, puis fait des études de philosophie à l'université Mohammed V de Rabat, où il écrit ses premiers poèmes — recueillis dans Hommes sous linceul de silence (1971). Il enseigne ensuite la philosophie au Maroc. Mais, en 1971, à la suite de l'arabisation de l'enseignement de la philosophie, il doit partir pour la France, n'étant pas formé pour la pédagogie en arabe. Il s'installe à Paris pour poursuivre ses études de psychologie.

À partir de 1972, il écrit de nombreux articles pour le quotidien Le Monde. En 1975, il obtient un doctorat de psychiatrie sociale. Son écriture profitera d'ailleurs de son expérience de psychothérapeute (La Réclusion solitaire, 1976). En 1985, il publie le roman L'Enfant de sable qui le rend célèbre. Il obtient le prix Goncourt en 1987 pour La Nuit sacrée, une suite à L'Enfant de sable. Il participe en octobre 2013 à un colloque retentissant au Sénat de Paris sur l'islam des Lumières avec Malek Chebel, Reza, Olivier Weber, Abdelkader Djemaï, Gilles Kepel et Barmak Akram.


Tahar Ben Jelloun vit actuellement à Tanger avec sa femme et ses enfants (Merième, Ismane, Yanis et Amine), pour qui il a écrit plusieurs ouvrages pédagogiques (Le Racisme expliqué à ma fille, 1998). 

dimanche 21 février 2016

UN CHEVAL ENTRE DANS UN BAR - DAVID GROSSMANN

Quand un livre te tombe littéralement des mains et que tu n’accroches pas, mais que tu t’accroches, et puis finalement tu te dis : « j’ai bien fait », voilà mon résumé en une phrase !

J’ai été attirée par le titre et aussi par le fait que le livre soit écrit par un israélien, traduit de l’hébreu et se passant en Israël, ma curiosité fut vite piquée !

C’est un livre étrange, construit autour d'un spectacle de cabaret, qui en somme serait une excuse pour Dovalé de raconter ses traumatismes d’enfance. Un juge, ami d’enfance de Dovalé est invité, non sommé d’assister au spectacle, il fut le témoin des événements de cette époque. On se demande un peu ce qu’il fait là, et on se rend compte que sa présence est utile, pas en tant que juge, quoique ça peut symboliser le jugement de ce qui est arrivé depuis…

Il m’a fallu du temps pour entrer dans l’histoire, dans ce bar, mais en fin de compte le cocktail fut détonnant ! La lecture n’est pas fluide, Dovalé m’a beaucoup dérangée avec ses propos irrévérencieux voire triviaux. Mais contrairement au public qui guette de simples plaisanteries, on finit par être suspendu à des vérités poignantes !
Il suscite un attachement aux personnages principaux et une réflexion sur le deuil, la trahison, le rejet, la culpabilité, le courage, l’acceptation et la réconciliation.

C’est une lecture scabreuse, embarrassante mais captivante et racontée au compte-goutte. Entre deux flash-back l’auteur dépeint la vie en Israël, la complexité des relations et des tensions au sein d'une famille. Le tout ceint dans une sorte de flux de conscience enveloppé dans l'exercice d’un comédien en stand-up.
On hésite entre monologue et dialogue, entre comédie et tragédie et le résultat est un texte insaisissable, tortueux, tourné sur lui-même, douloureux, tragique, mais salvateur et réconciliateur.


4ème de Couverture:
Sur la scène d’un club miteux, dans la petite ville côtière de Netanya en Israël, le comique Dovalé G. distille ses plaisanteries salaces, interpelle le public, s’en fait le complice pour le martyriser l’instant d’après. Dans le fond de la salle, un homme qu’il a convié à son one man show ? ils se sont connus à l’école ?, le juge Avishaï Lazar, écoute avec répugnance le délire verbal de l’humoriste.
Mais peu à peu le discours part en vrille et se délite sous les yeux des spectateurs médusés. Car ce soir-là Dovalé met à nu la déchirure de son existence. La scène devient alors le théâtre de la vraie vie.


L'auteur:
David Grossman, né à Jérusalem en 1954, est l’auteur réputé d’essais engagés qui ont ébranlé l'opinion israélienne et internationale et de onze romans abondamment primés dont Une femme fuyant l’annonce (prix Médicis étranger 2011). Lauréat en 2010 du prix de la Paix des libraires allemands, il est officier de l'ordre des Arts et des Lettres.

Un cheval entre dans un bar
Traduit par Nicolas Weill
Edition Le Seuil
Date de parution 20/08/2015
240 pages

mercredi 17 février 2016

JE, D'UN ACCIDENT OU D'AMOUR - LOÏC DEMEY

"Je, Hadrien. Et Adèle en tête. Elle m'obsession. Ses grands yeux verts dans mon regard me folie, ivresse d'Adèle. "
Je, Leila aka Leeloo, lecture cet OLNI (Objet littéraire non identifié). Je conquête au plus haut point. Je désarçonnement absolu, mais  je aucune lassitude à la lecture, ni problème de compréhension, je investissement franc dans ce livre à mi-chemin entre poésie et nouvelle. Je remplissage des vides sans appréhension ni difficulté.
A ce stade, vous devez vous demander si vous allez continuer à suivre ce blog, si je me fiche un peu de vous, ou si vraiment je suis tellement « enlivrée », que j’en perds mon français, et bien non ! J’ai commencé cette chronique dans le même style que l’auteur, tout en sachant que je ne pourrai l’égaler. Il a tout simplement eu l’idée d’omettre les verbes, qu’ils soient conjugués ou à l’infinitif, et les a troqués en noms, adjectifs ou adverbes. Il nous fait vivre en peu de pages (48) la fulgurance d’une rencontre, entre Hadrien et Adèle.

Hadrien est en couple avec Delphine, le coup de foudre pour Adèle lui fait perdre la tête, Delphine et le verbe.

« On se trente ans passés avec pas l’envie de seul. On se fatalité, on se facilité. On se quotidien, on se tablette tactile et téléphone portable au petit-déjeuner. Le soir, on se télévision on lit. Elle se séries, je me navets. Et l’on se corps de moins en moins. Notre couple s’usure. Jusqu’à la corde.[…] On se calme plat. Je me morne, elle se plaine. Elle se train-train, je me ligne droite. On se routine, on se déroute. Dans le fossé. »

Sans verbe, mais avec verve, il sublime l’amour, cet amour qu’il décrit : « On se tête-à-tête, elle s’Aphrodite. Je m’aphrodisiaque. Je lèvre sa nuque, elle langue mes lèvres… » 

Je ne vous en dis pas plus, sauf qu’ill vous suffit d’apprivoiser les premières lignes, et je vous assure, vous ne le lâcherez plus !

Cheyne Editeur 
Date de parution: 01/09/2014




Né en 1977 à Amnéville (Moselle), Loïc Demey est professeur d’Education Physique et Sportive dans un collège. Il vit en Lorraine.

S’inspirant des univers poétiques et musicaux, tant au niveau du texte que celui de la mélodie, il aime à détourner et bousculer la langue afin d’y trouver la bonne tonalité et la mettre au service de l’histoire. Puisque le réel ne peut être raconté, il tente de dire ce qu’il en reste. A savoir sa sensation.


Je, d’un accident ou d’amour est sa première publication.

mercredi 27 janvier 2016

CAMPING-CAR - SOPHIE BROCAS


Jean, Alexandre et Moz, trois amis sexagénaires dont les chemins se sont croisés depuis décennies, se retrouvent à une autre croisée celle des chemins tout court. Quelle direction prendre ? que cela soit pour Moz le vieux garçon taciturne et solitaire, ou Alexandre délaissé par son épouse Dolorès accaparée par des obligations professionnelles ou enfin Jean dit Jeannot le séducteur qui n’en finit pas de papillonner en refusant tout engagement.

Nos trois acolytes portent en eux des secrets qu’ils n’arrivent pas à partager avec les autres. Mais un road-trip en camping-car saura délier les langues. On fera le tour des questions existentielles à cet âge, la retraite, la mise au placard, la séduction, les parents, les enfants et cet avenir incertain, dont la seule certitude est ce drame intérieurement vécu, la fin qui s’approche.

« Inquiéter les gens et ne rien leur dire, mais ça rime à quoi ? Cette pudeur mal placée de ne pas vouloir dire ce qui se passe […] C’est bien les hommes çà ! On ne se plaint pas, on ne se laisse pas aller, on ne se donne pas en spectacle. On est un dur, un viril. Dire ce qui ne va pas, ce qu’on ressent, chialer, c’est bon pour les femmes ! C’est vrai, les femmes passent des heures entre elle, à disséquer, à commenter, à se soulager de leurs états d’âmes. […] Jusqu’à l’écœurement. Jusqu’à vider totalement leur sac. Jusqu’à se sentir même capables de passer l’éponge. Cela ne règle pas leur problème, mais ça les apaise, ça leur donne du courage. […] mais un homme non ! Un homme il s’en sort sans aide, par la seule force de sa volonté. Il se tapit dans sa grotte intérieure […] Il ne parle pas : il agit, il construit, il entreprend. Ou alors c’est une poule mouillée, une tarlouze »


Sophie Brocas, avec cette ode à l’amitié, sonde les confins de la psychologie masculine via des personnages attachants, une plume drôle et poétique.

« Vous les hommes, pendant des siècles, vous vous êtes affirmés dans l’espace public. Et en vous  projetant ainsi ans le monde, vers l’extérieur,  vous avez fait l’économie de l’introspection. Du coup, vous avez un mal fou à parler, à exprimer vos  doutes, vos peurs, vos sentiments, bref toutes ses choses intimes qui nous fabriquent et nous agitent »



Nul besoin d’être un homme et encore moins un sexagénaire pour lire Camping-car, il est une évidence : l’horloge tourne pour nous tous !


Edition: Julliard
228 pages
Date de parution: 7 Janvier 2016

vendredi 15 janvier 2016

LA RITOURNELLE - PAUL VACCA

Ritournelle un texte telle une antienne qui vous retourne…

Chaque année, la mission culture du centre hospitalier Métropole Savoie s’associe à l’association Lectures Plurielles (anciennement Festival du premier romain de Chambéry) pour inviter un auteur en résidence dans un service, dans le but de mener une expérience hors du commun.
En 2015, l’auteur Paul Vacca, ancien lauréat du Festival, a été invité à investir un service de psycho-gériatrie durant 24 heures non-stop avec pour seule mission, la réalisation d’un texte de 20.000 signes. Entre le 27 et 28 mai 2015, l’écrivain s’est donc rendu au service des Mélèzes, à la rencontre d’un monde qu’il ne connaissait pas jusque-là.



Je parlais d’antienne ci-dessus, mais c’est  d’anciens et d’anciennes, qu’il s’agit. Paul a passé 24h avec ceux à qui la mémoire fait défaut. Pour quelqu’un qui ne connaissait pas le sujet, je trouve qu’il l’a merveilleusement retranscrit. Ça prend aux tripes, ça retourne, on ne peut s’empêcher de penser à nos proches et/ou connaissances atteints d’Alzheimer, des diminués face à nous démunis.


Un très beau texte



la photo de la personne âgée est d'après Chalmers Butterfield [CC-BY-SA-3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/)], from Wikimedia Commons

dimanche 10 janvier 2016

BILAN LIVRESQUE 2015

Un petit bilan de mes lectures 2015, mes coups de cœur ont fait l'objet d'un billet que vous trouverez ici.
90 livres lus dont 50 chroniqués. Un abandon au 2/3, 2084 de Sansal.
Beaucoup de littérature blanche 74%, Polars 13%, Jeunesse 3% et quelques Essais 10% (Physique, psychologie, philosophie, Histoire)
Mes sujets de prédilection cette année, la seconde guerre mondiale 6/90 et le judaïsme 10/90, en principe ça change tous les ans, mais je n'ai pas encore fait le tour de la question, certains livres sur ces deux sujets patientent tranquillement dans ma PAL.

J'ai également participé au Challenge lecture ultime, malheureusement je n'ai pu "caser" que 44 livres sur les 50 du challenge, c'est par ici :)

J'ai un petit challenge personnel, c'est de lire au moins, 1 livre en Anglais, 1 en Allemand, 1 en espagnol et 1 en arabe. Idem, pas pu l'atteindre, (lu uniquement 1 en anglais et 1 en allemand) mais je me rattraperai en 2016

Et enfin, 8 rencontres littéraires et 7 salons! De nouveaux amis et d'innombrables moments inoubliables!

2016, à l'attaaaaaaque!




ADRIANSEN , Sophie, Max et les poissons
AFRIKA, Tatamkhulu, Paradis Amer
ALBAIZETA, Mathieu, La femme muette
ALCOBA, Laura, Le bleu des abeilles
ATTAL, Jérôme, Aide-moi si tu peux
ATTAL, Jérôme, Pagaille monstre
BARNETT, Emily, Mary
BERLANDA, Thierry, L'insigne du boiteux
BIEFNOT-DANNEMARK , La route des coquelicots
BLACK, Saul, Leçons d'un tueur
BOUCHARD, Louise-Anne, Rumeurs
BRISAC, Geneviève, Petite
BUTEN, Howard, Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué
CADEO, Alain, Zoé
CALVINO, Italo, Le vicomte pourfendu
CARLIER, Christophe, L'assassin à la pomme verte
CARLIER, Christophe, Singuliers
CAUSSE, Marie, Le bercail
CLEMENT, Nicolas, Sauf les fleurs
COBERT, Harold, Lignes brisées
COBERT, Harold, Un hiver avec Baudelaire
COHEN, Thierry, Avant la haine
COHEN-SCALI, Sarah, Max
DE RECONDO, Léonor, Amours
FAUCHE, Philippe, Le parfum du Yad
FENTON, Paul, L'Exil au Maghreb
FERRAND, Franck, Au cœur de l'histoire
GALLIEGUE, Cathy, Aime-moi comme tu es
GAUVNIT, Nicolas, Les surdoués ordinaires
GOBY, Valentine, Kinderzimmer
HAWKING, Stephen, La brève histoire de ma vie
HEMINGWAY,  Ernest, Der alte Mann und das Meer
HORIOT, Hugo, L'empereur c'est moi
KHADRA, Yasmina, La dernière nuit du Raïs
KOURILSKY, Olivier, Le 7ème péché
KRESSMANN, Taylor, Inconnu à cette adresse
KUNDERA, Milan, La fête de l'insignifiance
LAQABI, Said, Gnaouas
LAROUI, Fouad, Les noces fabuleuses du polonais
LAROUI, Fouad, L'étrange affaire du pantalon de Dassoukine
LAROUI, Fouad, Méfiez-vous des parachutistes
LAVOINE, Marc, L'homme qui ment
LE GUILCHER, Arnaud, Ric Rac
LEBEL, Nicolas, Le jour des morts
LEBEL, Nicolas,  Sans pitié ni remords
LELAIT, David, Poussière d'homme
LOEVENBRUCK, Henri, Nous rêvions juste de liberté
LOSEUS, Chris, Jenna
LOUDE, Jean-Yves, Le port
MADELENAT, Roselyne, Je n'ai jamais eu de petite robe noire
MALEK, Niroz, Le promeneur d'Alep
MANFREDI, Astrid, La petite barbare
MARIE, Olivia, Chroniques de l'oubli
MARMET, Pascal, Tiré à quatre épingles
MARTINANGE, Daniel, L'ouragan
MULLAY HINT, Lynda, Comme un poisson dans l'arbre
MUSSET, Alfred de, On ne badine pas avec l'amour
NATHAN, Tobie, Ce pays qui te ressemble
NEIRYNCK , Éric, Engrenages
NELSON, Jessica L., Tandis que je me dénude
NIETZSCHE, Friedrich, Humain, trop humain
NOIREZ , Jérôme, Brain Less
NOTHOMB, Amélie, Le crime du comte Neville
PAKRAVAN, Saideh, Azadi
PAVLOFF, Franck, Matin brun
PEPIN, Charles, La joie
PERATE, Daniel, Mère adolescente
PETROSKY, Stanislas, Haine 13
PETROSKY, Stanislas, Ravensbrück mon amour
POUZERATTE, Véronique, Une nouvelle forme de vie
REYNAERT, François, La grande histoire du monde arabe
RICHEZ, Guillaume, Opération Khéops
RICHOZ, Mélanie, Tourterelle
ROVELLI, Carlo, Sept brèves leçons de physique
SANSAL, Boualem, 2084
SAUSSEY, Jacques, L'enfant aux yeux d'émeraude
TONG-CUONG,  Valérie, Big
TONG-CUONG,  Valérie, Gabriel
TONG-CUONG,  Valérie, L'ardoise magique
TONG-CUONG,  Valérie, L'atelier des miracles
TONG-CUONG,  Valérie, Où je suis
TURON-LAGOT, Eric, WISC-IV
VACCA , Paul, Tom l'éclair
WEISGERBER, Felix, Casablanca et les chaouïas en 1900
WERBER, Bernard, Nos amis les humains
WILLIAMS, Tennessee, A streetcar named Desir
YALOM, Irvin, Le jardin d'Epicure
ZAFRANI, Haim, Juifs d'Andalousie et du Maghreb
ZAFRANI, Haim, Le judaïsme maghrébin
ZIELESKIEWICZ, Fleur, Fragments d'une traque amoureuse

dimanche 27 décembre 2015

CE PAYS QUI TE RESSEMBLE - TOBIE NATHAN


Une saga familiale au sein d’une fresque historique, Tobie Nathan nous conte l’Egypte des années 20 jusqu’aux années 50. 

On commence par le mariage invraisemblable de Motty et Esther dans « Haret el Yahoud »  (la ruelle des juifs). Le fils, Zohar (Gohar en arabe), est né d’un père Asperger aveugle et d’une mère d’une beauté à couper le souffle mais dont le comportement est tellement étrange, que vous ne risquez pas de le retrouver ce souffle !  
Esther est possédée par le Sheytan, ne pouvant enfanter, elle eut recours à la sorcellerie pour avoir ce fils tant attendu !  Impuissante devant ses seins secs, et ne trouvant aucune mère nourricière juive, elle se tourne vers Jinane, une chanteuse enchanteresse issue de la fange du Delta, qui vient de mettre au monde Masreya (l’Egyptienne). Cette sœur de lait, dont Zohar tombe éperdument amoureux lui est interdite autant qu’une vraie sœur, mais par sa ruse elle arrive à le conduire aux portes du pouvoir.

Deux histoires d’amour certes, mais aussi l’amour incommensurable que porte l’auteur à son pays; l’histoire d'une amitié entre Zohar, Joe et Nino. Et enfin l'histoire avec un grand H, celle de l’Egypte occupée, de cette Oum Dounya (Mère du monde) dans le faîte de sa gloire artistique jusqu’au déclin de sa monarchie, de l’expulsion des juifs à l’islamisation du pays.

Deux mentions spéciales :

-          Pour le jeu de mots sur Farid Al Atrash qui devient Farid Al Amesh (Illustre auteur compositeur interprète Egyptien dont le nom Atrash signifie Sourd et qui devient Amesh l’équivalent d’aveugle :) )

-          et à mon avis, Tobie Nathan fait un fabuleux clin d’œil au grand Albert Cossery, puisque le héros de « Mendiants et Orgueilleux » n’est autre qu’un certain Gohar et j’y ai aussi retrouvé la même atmosphère.

Antoine Albalat disait « Un livre qu'on quitte sans en avoir extrait quelque chose est un livre qu'on n'a pas lu. » Monsieur Nathan, non seulement j’en ai extrait quelque chose, mais j’ai beaucoup appris sur ce merveilleux pays qu’est le vôtre !

« Nous autres, juifs d’Egypte, nous étions là avec les pharaons, puis avec les Perses, les Babyloniens, les Grecs, le Romains ; et lorsque les Arabes sont arrivés, nous étions encore là… et aussi avec les Turcs, les Ottomans… Nous sommes des autochtones, comme les ibis, comme les bufflons, comme les milans. Aujourd’hui, nous n’y sommes plus. Il n’en reste plus un seul. »


Editions Stock
536 pages
Date de Parution: 19 août 2015

Tobie Nathan, né en 10 novembre 1948 au Caire en Égypte, de parents juifs de nationalité italienne est un universitaire, diplomate et écrivain de nationalité française. Professeur émérite de psychologie à l’université de Paris VIII, il est le représentant le plus connu de l'ethnopsychiatrie en France.

vendredi 25 décembre 2015

NOUS RÊVIONS JUSTE DE LIBERTÉ - HENRI LOEVENBRUCK


« Foutre dieu, ce livre m’a donné les foies ! »

Si c’était Hugo alias Bohem qui avait à rédiger cette chronique, je suis sure qu’il l’aurait commencée ainsi !

Etant donné que c’est moi qui la rédige, je dirais que sur des centaines de livres lus, « Nous rêvions juste de liberté » est le deuxième à m’avoir arraché des larmes. Et je ne suis pas la seule…

Et s’il fallait le résumer :  Bohem est entré dans la bande à Freddy à 17 ans, grâce à un vieux Tee-shirt, un saut dans le vide et une roulotte de bohémien…  et qu’au fil des pages, cette ode à l’amitié vous prend aux tripes et ne vous lâche pas.

Tel Alex, Henri Loevenbruck sait mettre tout plein de mots qui coupent dans le ventre, et alors, ça fait du bien de saigner un peu. Et pour le citer « Dans la vie, je crois qu’il vaut mieux connaitre ses vrais défauts que ses fausses qualités, vaut mieux surprendre que décevoir »

Allez savoir pourquoi tout  le long de la lecture, je faisais un parallèle entre Bohem et Chris Chambers (l’écorché vif de Stand By Me de Stephen King) (ceux qui me connaissent ne seront pas étonnés c’est mon film culte)

Pas besoin d’aimer la moto, mais si comme tout un chacun vous aimez la liberté, ce livre est pour vous. Une leçon de vie et un coup de cœur… au cœur, une claque que vous n’êtes pas prêt d’oublier !

Telles les 3 lettres gravées sur Lipstick, la moto de Bohem, LH & R, pour Loyauté, Honneur et Respect.

Je dis LH & R :
pour le L : Lisez ce livre 
pour le H : c’est une Hérésie que d’être un lecteur et de passer à côté

et enfin pour le R : Respect Monsieur Loevenbruck !!!


Edition: Flammarion
424 pages
Date de parution: 01/04/2015