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mercredi 27 janvier 2016

CAMPING-CAR - SOPHIE BROCAS


Jean, Alexandre et Moz, trois amis sexagénaires dont les chemins se sont croisés depuis décennies, se retrouvent à une autre croisée celle des chemins tout court. Quelle direction prendre ? que cela soit pour Moz le vieux garçon taciturne et solitaire, ou Alexandre délaissé par son épouse Dolorès accaparée par des obligations professionnelles ou enfin Jean dit Jeannot le séducteur qui n’en finit pas de papillonner en refusant tout engagement.

Nos trois acolytes portent en eux des secrets qu’ils n’arrivent pas à partager avec les autres. Mais un road-trip en camping-car saura délier les langues. On fera le tour des questions existentielles à cet âge, la retraite, la mise au placard, la séduction, les parents, les enfants et cet avenir incertain, dont la seule certitude est ce drame intérieurement vécu, la fin qui s’approche.

« Inquiéter les gens et ne rien leur dire, mais ça rime à quoi ? Cette pudeur mal placée de ne pas vouloir dire ce qui se passe […] C’est bien les hommes çà ! On ne se plaint pas, on ne se laisse pas aller, on ne se donne pas en spectacle. On est un dur, un viril. Dire ce qui ne va pas, ce qu’on ressent, chialer, c’est bon pour les femmes ! C’est vrai, les femmes passent des heures entre elle, à disséquer, à commenter, à se soulager de leurs états d’âmes. […] Jusqu’à l’écœurement. Jusqu’à vider totalement leur sac. Jusqu’à se sentir même capables de passer l’éponge. Cela ne règle pas leur problème, mais ça les apaise, ça leur donne du courage. […] mais un homme non ! Un homme il s’en sort sans aide, par la seule force de sa volonté. Il se tapit dans sa grotte intérieure […] Il ne parle pas : il agit, il construit, il entreprend. Ou alors c’est une poule mouillée, une tarlouze »


Sophie Brocas, avec cette ode à l’amitié, sonde les confins de la psychologie masculine via des personnages attachants, une plume drôle et poétique.

« Vous les hommes, pendant des siècles, vous vous êtes affirmés dans l’espace public. Et en vous  projetant ainsi ans le monde, vers l’extérieur,  vous avez fait l’économie de l’introspection. Du coup, vous avez un mal fou à parler, à exprimer vos  doutes, vos peurs, vos sentiments, bref toutes ses choses intimes qui nous fabriquent et nous agitent »



Nul besoin d’être un homme et encore moins un sexagénaire pour lire Camping-car, il est une évidence : l’horloge tourne pour nous tous !


Edition: Julliard
228 pages
Date de parution: 7 Janvier 2016

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