RENCONTRES...

jeudi 14 mai 2015

LES NOCES FABULEUSES DU POLONAIS – FOUAD LAROUI


Mon compatriote et l’un de mes auteurs préférés, une fois de plus ne me déçoit pas ! Il confirme ses talents de conteur dans ce recueil de nouvelles "Les noces fabuleuses du Polonais" !

La première nouvelle, éponyme, donne le la !
On retrouve cette plume déjantée, qui nous balade à Khouribga "capitale" du haut plateau des phosphates. Matsckek, un dentiste Polonais se mélangeant à la plèbe locale se voit très vite ignoré par ses concitoyens. Se tournant définitivement vers les Khouribguis, il fait la rencontre de Moussa, mineur de son état avec son air chafouin et son rictus permanent. Moussa se lie d’amitié avec le polonais,  lui offre un mariage pour de faux, mais allez chercher le vrai du faux dans les fourbes méandres de cette nouvelle… Mention spéciale au fameux « Layla yla la, Mokhamid rasûl layla ». Et  bien oui, Matchek est polonais et c’est lui qui traite Mohammed (Mahomet) d’ « envoyé de Layla », la petite annotation en bas de page m’a bien fait rire…

La seconde nouvelle « Le père, le Fils et le Vengeur masqué » traite des problèmes identitaires, sur un air de brèves de comptoir mais sous couvert d’une écriture pagnolienne, et de l’univers de catch dans le Casablanca des années 70. Pris dans les rets des ressassements rassis, on finit par répondre à la question de « suis-je le plus fort ? », par « qui suis-je d’abord ? »

La troisième nouvelle « La toile mystérieuse », nous livre ses mystères à Marrakech dans les venelles de la médina avec ses Riads grâce à l’œil aiguisé du commissaire Hammdouch.

La quatrième nouvelle « Géométrie de l’amour », se passe dans un lycée français (on ne peut s’empêcher de repenser à Une année chez les français du même auteur). Sous forme d’une pièce de théâtre et avant que le rideau ne se baisse, la magie Laroui opère à coup sûr ! L’humour corrosif est là, et l’imagination foisonnante l’est encore plus.

Et enfin, la dernière « Trois mensonges de Torrès » vous emporte dans la cinquième dimension des impossibilités physiques !


Vous aimez l’absurde, vous aimez une imagination débordante, vous aimez l’humour décapant, vous aimerez Laroui…

Date de parution : 7 Mai 2015
174 pages
Edition : Julliard


Le fabuleux bookfacing des noces du polonais :)


Du même auteur, chronique des Tribulations du dernier Sijilmassi




vendredi 8 mai 2015

GABRIEL - VALERIE TONG CUONG

Pardonnable, impardonnable  de Valérie Tong Cuong, qui n’en a pas entendu parler dans le milieu des blogueurs ? Personne, j’ai vu défiler des dizaines de chroniques ! Mais ce que je trouvais impardonnable,  c’est de n’avoir jamais rencontré la plume de Valérie ! J’y remédie à ma façon, son dernier, est bien au chaud sur le dessus de ma PAL, mais j’ai décidé de commencer par l’un de ses tous premiers romans, Gabriel, avant d’attaquer le dernier. Et quelles ne furent ma surprise et ma honte de ne pas m’y être attelée avant…

Gabriel, stentor mélomane, est à un an de la retraite, marié depuis 34 ans à Anne, père de deux enfants, Elba et Sylvain. Un homme heureux, comblé… mais c’était sans compter sur un son qui a masqué soudainement le joyeux  bourdonnement des petits bruits de ce dimanche d’été ensoleillé. Le bruit d’une tondeuse, qui s’arrête et ce fut comme un trou dans une partition ! Tout s’arrête ! Gabriel réalise que sa vie ne le satisfait plus. Les rêves et les espoirs, ne se réalisent pas seuls, si on ne tente rien, on risque de passer à côté de sa vie. Tout est standardisé, même notre vie. Cette normalité imposée ne lui est plus supportable. Lui, ce qu’il veut avant tout, c’est chanter son Ave Maria... Alors, il part. Il s’échappe. Prend le premier train et finit dans la ville voisine, errant dans les rues, croise Serge, un handicapé avec qui il sympathise. Gabriel le passionné est enfin heureux, il fait ce qu’il aime, il chante, arrache des larmes aux spectateurs tant son émotion est franche et communicative. Gabriel est chanteur travesti dans un cabaret !

Mais un soir, un ancien collègue de travail le dénonce à sa famille… et là, il faut serrer les mâchoires, la plume incisive de Valérie Tong Cuong nous mène droit vers la descente aux enfers de Gabriel. Une construction de thriller psychologique, des mots justes, juste quelques mots, et on sombre avec Gabriel dans l’asile où il a été envoyé, ses monologues, ses échanges avec son camarade de chambre surnommé « le revenant ». Et on n’en revient pas, ni de cette magnifique plume, ni de ce qu’il va advenir de cette quête de soi travestie en fuite.

Je n’en dis pas plus à part, si vous avez déjà lu VTC, pensez à lire Gabriel, et si vous ne la connaissez toujours pas, je vous aurai prévenus :)


L'auteur :

Valérie Tong Cuong est née en banlieue parisienne. Après une adolescence chaotique, elle étudie la littérature et les sciences politiques. Elle travaille huit ans en entreprise puis lâche tout pour se consacrer à l’écriture (romans, nouvelles, scénarios) et à la musique. 

De 1997 à 2009, elle a chanté et écrit pour Quark, un groupe pop-rock indépendant dont le premier album a été sélectionné par El Païs comme l’un des meilleurs albums de l’année. Le quatrième album du groupe, ECHO, est sorti en novembre 2010. Valérie Tong Cuong est mariée et mère de trois enfants. 


Gabriel version Bookfacing :) ;) 




jeudi 7 mai 2015

AZADI - SAÏDEH PAKRAVAN

Azadi, qui signifie liberté en persan est un roman choral, où chaque protagoniste nous conte sa vision de la révolution de 2009, époque où les iraniens investissent les rues afin de s’insurger contre les résultats truqués des élections.
Une incursion dans la société iranienne actuelle, Saïdeh Pakravan dépeint toutes les strates sociales : ceux qui vivent dans l’opulence, et ceux pour qui vivre rime avec trimer. La profonde croyance dans les milieux modestes avec l’omniprésence de l’islam et son absence totale dans les milieux plus aisés, pour qui la religion est imposée en société, entre foulards et autres tchadors, mais qui est inexistante dans l’intimité. Sans oublier l’époque révolue du Shah, regrettée du bout des lèvres par ceux qui l’ont vécue.

Le fil conducteur reste Raha, jeune étudiante en architecture, fille unique qui évolue dans le milieu téhéranais aisé. Elle est fiancée à Kian, la vie lui sourit, l'avenir leur sourit, mais c'était sans compter sur les aléas de la vie. Certaines vicissitudes peuvent déstabiliser temporairement, mais d’autres ébranlent immuablement… Lors d’une manifestation, Raha se retrouve séparée de ses amis, arrêtée et jetée en prison, elle y subira la pire des violences : le viol de son corps mais aussi de son âme.  « Tu vas être exécutée dans une heure, il me dit. Tu ne vas pas mourir vierge, ou tu irais au paradis. Les putes n'ont aucune place au paradis ! »  Comment s’en sortir face à une société où la virginité est gage de « qualité » ? Doit-elle aller à l’encontre des institutions et porter plainte pour donner l’exemple et faire cesser ces massacres ? En subissant publiquement la médiatisation et le regard de tous. Ou se replier et tout oublier ?

Un roman choral, où chaque voix pense avoir raison, où pour certaines voix la victime endosse le rôle du coupable, car c’est elle qui l’aurait cherché…

Les mots persans sont très présents, mais sont suivis par leur traduction, cela peut paraître pesant pour certains, mais j’ai eu beaucoup de plaisir à les déchiffrer (étant arabophone, j’essayais de retrouver les mots persans d’origine arabe et vice versa, trilitères et quadrilatères)

Azadi est d’une grande authenticité et d’une pertinence déliée, un roman comme je les aime, intellectuellement généreux, mais aussi historiquement captivant.
Azadi ou quand Saïdeh Pakravan donne à la jeunesse iranienne une voix qui doit se faire entendre! Un roman à lire de toute urgence !

En espérant que les futures générations connaissent « un Iran meilleur »


Editions Belfond
Parution Janvier 2015  - 442 pages

Le prix de la Closerie des Lilas a été attribué à Azadi, pour en savoir plus c'est par ici



Azadi, le bookfacing…

Le mot persan Azadi signifie « liberté ». C’est aussi le nom du monument bien connu et de la grande place investie par des centaines de milliers de manifestants protestant contre la fraude électorale. Etant donné que je ne suis pas à Téhéran, ce bookfacing est un montage J





Photo d'origine pour mieux comprendre, crédit photo site npr.og




L’auteur :


Présentation de l’éditeur :
Saïdeh Pakravan, écrivaine franco-américaine de fiction et poète, est née en Iran. Ayant grandi dans un milieu francophone, elle s'installe à Paris, participant, après la révolution iranienne de 1979, à un mouvement de libération de l'Iran.
Publiée dans de nombreuses revues littéraires et anthologies, lauréate de prix littéraires dont le prix Fitzgerald, Saïdeh Pakravan est également essayiste et critique de film.

Saïdeh nous parle d’elle-même :
Je suis née dans une famille iranienne laquelle, pour des raisons que j’explique ailleurs, était de langue française depuis des générations. Très tôt, mes parents m’ont appris à lire. Ma mère me raconte encore comment, à trois ans, tenant un album plus grand que moi, je déclamais, « Alors Babar monta dans sa voiture et s’en alla ! » Si je savais lire à trois ans, à six je savais que je serai écrivain. L’écriture coulait dans mes veines. Ma grand-mère, Emineh Pakravan, styliste remarquable, historienne et romancière, lauréate du Prix Rivarol pour son roman Le prince sans histoire, était fort admirée par les meilleurs critiques littéraires de son temps y compris Emile Henriot. Mon père, haut fonctionnaire de carrière, écrivait copieusement sur sa famille. En grandissant et découvrant à mon tour la remarquable histoire de mes ancêtres, j’appris que mon arrière-grand-mère, Alice Herzfeld, moitié autrichienne et moitié française, avait eu elle aussi des velléités d’écriture se manifestant, dans le style romantique et quelque peu boursouflé de la fin du dix-neuvième siècle européen, des pièces en vers et des poèmes. Ma mère, Fatemeh Pakravan, elle aussi de plusieurs origines y compris russe et polonaise, écrivait et réécrivait sans cesse ses mémoires, jamais satisfaite du résultat. Je réussis enfin à lui arracher les milliers de pages résultant de cet effort de plusieurs décennies et, sous sa directive, en fis paraître le premier volume sous le titre Lumière de mes yeux. Ma deuxième sœur, Amineh Pakravan, a récemment publié son premier roman, Il libraio di Amsterdam, écrit dans le plus pur toscan et déjà publié en plusieurs langues et lauréat de nombreux prix.
Depuis mes premières rédactions, plutôt pitoyables mais déjà jugées suffisamment correctes pour paraître dans les bulletins de l’école Jeanne d’Arc que je fréquentais à Téhéran, je n’ai jamais cessé d’écrire. Pendant des années, j’ai écrit en français comme cela m’arrive encore souvent. Mon premier roman, que je refuse d’appeler une erreur de jeunesse, parut en feuilleton. Il y eut ensuite d’autres rares écrits publiés, de courts articles, divers bredouillements. Enfant, je suivais ma famille au cours de diverses missions diplomatiques de mon père et très tôt, au Pakistan puis en Inde, l’anglais devint ma seconde langue, suivi du persan que je parle toujours mais écris rarement. Plus tard, je vécus en France avec ma propre famille jusqu’à ce que la révolution iranienne de 1979 rende notre vie trop précaire et nous oblige, comme beaucoup d’autres avant et après nous, à émigrer aux Etats-Unis qui nous offraient davantage de possibilités. J’adoptais donc l’anglais comme première langue d’écriture et tout en travaillant à plein temps dans une corporation américaine comme « business writer » abandonnai mon dilettantisme précédent pour produire beaucoup plus. Je fis paraître mon livre, The Arrest of Hoveyda, Stories of the Iranian Revolution, puis, dans les revues littéraires qui se chiffrent par milliers aux Etats-Unis (à commencer par toutes les universités) des nouvelles, essais, poèmes et récits. Je fus aussi pendant neuf ans rédacteur de Chanteh, une revue multiculturelle en anglais destinée principalement aux Iraniens-Américains. Je donne des cours et des séminaires sur l’écriture et suis l’auteur d’un manuel de style. Le site français  ecrits-vains me reçoit comme responsable de littérature étrangère et, en critique de films et historienne du cinéma, je suis rédacteur adjoint du site screencomment.com
Mon roman Azadi sur les événements survenus en Iran autour des élections présidentielles truquées de l’été 2009 paraît en Janvier 2015.











lundi 27 avril 2015

TOURTERELLE - MELANIE RICHOZ


Elle Rose, 39 ans, mariée, cheffe de clinique, ne veut pas dire son métier car rien n’est plus détestable que d’apprécier ou de déprécier  quelqu’un en raison de son statut social.

Il lui ressemble, elle ne sait pas en quoi mais il lui ressemble.

Lui, 20 ans à peine sorti de l’adolescence.

Eux deux se sont rencontrés dans un atelier de création de chansons,  Les Dents du Midi leur sourient, c’est l’occasion de baisser tout bouclier…
Elle pose sa main sur sa hanche et la rencontre devient une invitation au naufrage. Une peur, verticale comme un vertige l’aspire, dans le tourbillon du désir.
Cette main sur la hanche, lui ouvre l’appétit.
Elle est affamée de lui.
Salive de lui.
Elle veut le consommer.
L’avaler.
Le dévorer sans pause.
Sans concession.
Se gaver à en perdre la raison.
Entre ses mains d’adolescent, elle se sent femme, elle est une femme pour la première fois de sa vie ; une femme qui désire
Elle est le prototype de l’organisation. Pourtant, dans sa tête, c’est le chaos. Le passé, et le futur, dans leurs recoins les plus futiles, parasitent son présent. Est, sera, était s’entremêlent sans cesse. C’est à n’y rien comprendre.
Mais vous avez compris, dans Tourterelle, Mélanie Richoz, nous narre cette passion destructrice entre Rose et Lui.
Un texte court, juste les mots qu’il faut. Une phrase voire un mot et puis un point et à la ligne.
Une plume magnifique, sans fioritures, pour aller droit au but, pour que les mots touchent là où il faut. Elle et lui ont participé à un atelier de création de chansons, Mélanie offre à ses lecteurs des mots en musique pour les emporter…
Pas besoin d’en dire plus, si vous avez une heure devant vous, lisez Tourterelle.
Point.
A la ligne.

Mélanie Richoz est ergothérapeute et auteure. Au-delà des chroniques, elle publie différents ouvrages aux éditions Slatkine dont Tourterelle (2012) et Mue en 2013, roman pour lequel elle obtient la Bourse d’Encouragement à la Création Littéraire du Canton de Fribourg 2011-12. En avril 2014, elle publie un recueil de nouvelles : Le bain et la douche froide, aux éditions Slatkine.


mardi 14 avril 2015

KINDERZIMMER - VALENTINE GOBY


Kinderzimmer ou la pièce dévolue aux nourrissons! Encore un ouvrage sur le camp de concentration de Ravensbrück? Certes! Cependant, Kinderzimmer ne nous parle pas d’étoiles jaunes, ni des juifs, ni de l’Histoire avec un grand H, mais de triangles rouges, de déportées politiques, de femmes, mères, enceintes ou ayant à peine enfanté et de leurs petites histoires.
D’un point de lumière dans les ténèbres, de l’espoir au sein de l’horreur, de la vie !


Mi-avril 1944,  on oublie tous les préludes, la résistance, l’arrestation, Suzanne Langlois dite Mila est dans le train pour l’Allemagne , la destination ? Elle n’en sait rien, mais elle sait qu’elle est enceinte et ne sait pas qu’elle s’en sortira. En revanche, le lecteur le sait dès la première page ! Mila est dans l’enceinte d’un lycée et raconte son histoire pour la énième fois.

Alternant entre un style haché-saccadé, et de belles phrases comme on les aime. Valentine Goby a la plume telle une musique de film. Elle est douce, puis rapide, puis violente, tout dépend de ce qui est dépeint, tout dépend de l’oppression, l’horreur et la terreur qu’elle veut nous transmettre. Cette façon d’écrire, peut ne pas plaire, mais moi j’y ai succombé ! On tourne les pages, dès que les phrases deviennent courtes, mon souffle s'accélérait, je savais qu'on allait se retrouver au Revier (le quartier des malades) voire au Keller (la morgue). L'espoir est omniprésent, il se rattache à des petits détails, "vivre ce n'est pas devancer la mort, à Ravensbrück comme ailleurs"

Kinderzimmer n'est pas un roman précurseur sur le sujet, mais il a ce petit quelque chose qui le rend différent, cette part d'humanité, d'entre-aide au sein du camp. Il est difficile d'en parler plus sans prendre le risque de trop en dévoiler, je préfère m'arrêter là et vous laisser le découvrir! Un bijou!


Edition: Actes Sud
222 pages
Date de parution: août 2013
Prix des libraires 2014







L'auteur:
Valentine Goby est née en 1974. Elle est notamment l’auteur de L’Échappée (Gallimard, 2007), Qui touche à mon corps je le tue (Gallimard, 2008), Des corps en silence (Gallimard, 2010) et Banquises (Albin Michel, 2011). Kinderzimmer (Actes Sud, 2013) est son huitième roman.

mardi 7 avril 2015

LEÇONS D'UN TUEUR - SAUL BLACK

"Ne lisez pas ce texte. Aucun lecteur ne mérite d’être autant terrifié" 
Linwood Barclay, 4ème de couverture

Soit, je suis prête ! J’attaque Leçons d’un tueur en m’attendant à être terrifiée… et terrifiée je le fus… mais seul petit bémol, pas le long des 500 pages.

Quand deux étrangers arrivent dans la maison isolée de Rowena Cooper, elle sait instantanément que c’est la fin. Les deux hommes motivés et remontés, ne font qu’une halte chez elle, leur voyage est beaucoup plus long et surtout plus sanglant. Leur travail ne s’arrête pas là, d’autres kilomètres doivent être parcourus, et d’autres victimes sacrifiées avant que le travail ne soit terminé. Mais tout ne se déroule pas selon le plan convenu. La petite Nell Cooper, 10 ans, survivante détient peut être la clé pour ces meurtres. Blessée et terrifiée, Nell n’a qu’un endroit où aller, mais cet endroit est peut être pire que ce qu’elle a laissé derrière elle.

Dans l’ouest Américain : Katherine, Sarah, Angelica, Sylvia, Yun-sea, Leah, Lisbeth… violées, torturées, exécutées. L’inspectrice Valerie Hart et son équipe tournent en rond depuis trois ans, et n’ont pour indice que quelques objets incongrus retrouvés dans le corps des victimes. La seule solution, c’est de comprendre comment fonctionnent les assassins, et qu’elle est la finalité de ces objets.

La plume de Saul Black, noire comme son nom est convaincante, tour à tour effrayante et angoissante. Il embarque nos émotions sur des montagnes russes, avec une distribution qui n’a rien à envier aux grands thrillers. Il nous emmène dans le fond des pensées d’un psychopathe et dans le cœur troublé d’une femme déterminée pour l’arrêter.

La profondeur des caractères donne beaucoup de poids aux personnages.
Valérie est hantée par ses propres démons, à la dérive à cause de problèmes d’alcool et d’une passion avortée. Elle n’est pas loin de perdre son emploi, mais s’entête dans une course contre la montre, chaque minute est comptée, il faut impérativement sauver la vie de celle qui pourrait être la victime.
Le tueur psychopathe et son acolyte brutal, qui apparemment frappent arbitrairement et terrorisent  l’Ouest Américain.

L’intrigue est brillamment intelligente, un thriller palpitant, plein de brutalité et d’une violence sanglante, mais comme je l’ai cité plus haut, quelques longueurs qui, néanmoins, ne gâchent rien au spectacle !

Atroce, Barbare,  Cyclopéen,  Dangereux, Effroyable, Féroce, Glauque, Horrible, Ignominieux, Lugubre… je n’y passerai pas tout l’alphabet ;)

L'auteur:
Saul Black est le pseudonyme de l'écrivain indo-britannique Glen Duncan, né à Bolton en 1965. Après des études de philosophie et de littérature, il devient libraire à Londres. en 1996, il publie son premier roman, Hope. suivront neuf romans, dont la trilogie fantastique du Dernier Loup-Garou qui a obtenu un grand succès dans le monde entier.



Éditeur: Presses de la Cité
Collection : Sang d'encre
496 pages
Date de parution: 26 Mars 2015

" Leçons d'un tueur" bookfaced :)


vendredi 3 avril 2015

QDP 2015 RENCONTRE PRIVILEGIEE NICCI FRENCH LECTEURS.COM

Quelle ne fut pas notre surprise à Denis des lectures du Hibou et à moi-même le jeudi 26 Mars, de nous voir tous les deux sélectionnés par lecteurs.com pour une rencontre privilégiée le 28 Mars avec le couple d'auteurs britannique Nicci Gerrard et Sean French, plus connu sous le pseudo Nicci French. Et privilégiée cette rencontre le fut, car nous n'étions que six avec les auteurs pour un petit-déjeuner convivial et surtout mémorable.

Avec le sourire, Nicci French se présentent, nous demandent nos prénoms et nous invitent à ouvrir le débat.
Débat que Nicci fait l’effort de commencer en français, et qui se poursuit par la suite en anglais avec l’aide d’une traductrice qui fut vite débordée par la fougue de Nicci qui contrairement à Sean, se laissait emporter par son élan.
Toutes les questions se résument en une: comment Nicci et Sean arrivent à travailler à 4 mains, pour Nicci French alors que chacun a une carrière d’écrivain de son côté.
Le but étant de créer un style propre à cette tierce personne qu'est Nicci French qu'ils surnmment "le fantôme".

Sean travaille dans leur abri de jardin, coupé de toute technologie, dans le calme. Il écrit un chapitre, l’envoie à Nicci qui le relit, le modifie si nécessaire et attaque le chapitre suivant.

Nicci travaille dans l’atelier sous les combles entourée d’objets rassurants. Dans cette pièce elle trouve l’énergie et la sérénité nécessaires à la création.



La principale règle, fixée au début de leur collaboration est de ne pas revenir sur les modifications apportées par l’autre et de ne jamais communiquer dessus. Personne ne doit savoir qui a écrit telle ou telle phrase. Cette règle est la clé de leur réussite littéraire et de la survie de leur couple. Car des couples d’auteurs, il y en a eu, mais ils n’ont pas duré longtemps.
A l’évocation de notre projet d’écrire cette chronique à 4 mains, Nicci nous a présagé la fin de notre amitié ! :)




Nous tenons à remercier Nicci French de leur disponibilité et leur gentillesse et nous tenons à les rassurer sur le fait que notre amitié a résisté à l'écriture de ce billet.

Un grand merci aussi à lecteurs.com d'avoir organisé cette rencontre qui restera le point fort de notre Quais Du Polar 2015 !





 Page FB officielle Nicci French



jeudi 2 avril 2015

L’EMPEREUR, C’EST MOI – HUGO HORIOT

Quoi de mieux que de vous parler d’un livre traitant du syndrome d’Asperger (SA) en cette journée mondiale de sensibilisation à l’autisme ?

Entre nous, ce n’est ni le premier, ni le dernier livre que je lirai à ce sujet !

Hugo Horiot a été un enfant autiste Asperger. Plongeant dans sa mémoire, il raconte sa souffrance d'avoir été différent, son refus de parler, son désir d'avoir voulu être un autre jusqu'à changer de nom. Au fil des chapitres, il nous entraîne avec lui. Il a quatre ans, huit ans, douze ans. Il a peur. Il se cogne à l'absurdité de la vie comme un papillon contre une lampe. Il est parfois cruel. A travers ce témoignage, il nous fait part de ce qui se passe dans la tête d'un enfant autiste extrêmement intelligent, ses obsessions, ses angoisses, son regard sur notre monde et la guerre sans merci qu'il mène contre lui-même et contre les autres. L'autoportrait d'une justesse troublante et d'une sincérité désarmante d'un enfant en colère.

Cet autoportrait me laisse un arrière-goût indéfinissable ! Je ne peux dire si j’ai apprécié, ou si je me suis ennuyée… Pour être honnête, les deux !

On suit Julien, car tel est son nom de baptême, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte. A six ans il change de prénom, en adoptant Hugo, son second prénom, car il a « tué le dictateur qui est en lui ».
On ne peut que compatir au rejet qu’il vit, à ses pérégrinations à l’école, au collège ! Mais en fermant le livre, on cherche encore ce qu’il a souhaité véhiculer comme message !

« Je suis certes un élève distrait, moyen et souvent hors sujet, mais en conduite, j’excelle : dix sur dix. Toujours. Il faut croire qu’en cette matière l’indifférence, ça paie. La peur est la matière que l’en enseigne le mieux à l’Education nationale. La peur, la compétition et la soumission, le tout noté sur 20. »
  
On remarque l’omniprésence de la mère Françoise Lefèvre, qui au passage a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet. Et la quasi absence du père !

Ce livre est plus un éloge de l’amour que porte Hugo à sa mère qui en s’en occupant, lui a évité "la psychanalyse voire la psychiatrie".
Ce qui m'a le plus gênée, c'est ce rejet radical du système scolaire et de la médecine, à croire que l'amour d'une mère suffit dans tous les cas de figure.
Tant mieux, s'il juge que cela a marché pour lui, mais un néophyte pourrait facilement être induit en erreur à la lecture de ce livre.

On en apprend d'avantage sur l'Autisme et le SA en particulier dans d'autres ouvrages, notamment dans les livres de Tammet (autobiographies) et Simsion (romancé) voir ici et ici
Et surtout sur l'excellent blog Les tribulations d'une Aspergirl





mercredi 1 avril 2015

L'HOMME QUI MENT - MARC LAVOINE


Et une célébrité de plus qui sort un livre ! Telle fut ma première réaction quand j’ai appris la parution de « L’homme qui ment ».


Poussée par ma curiosité légendaire, et malgré le fait que je ne sois pas fan. Mon histoire avec Marc s’est figée au milieu des années 80 où il m’arrivait de fredonner à tue-tête son tube de l’époque. J’ai donc décidé de lire ce premier roman !




Page cinq, titre « L’homme qui ment », sous-titre « ou le roman d’un enjoliveur » et en italique récit basé sur une histoire fausse.

Je peux vous dire, s’il y a une chose de faux dans tout le roman, c’est bien cette fameuse phrase en italique page 5 !
Marc écrit avec son cœur, et le cœur ne peut mentir.

L’homme qui ment c’est Lulu, Lucien, agent des PTT et cégétiste. Loin d’être parfait, il est avant tout le père de Marc et de Francis, l’époux d’une Michou dépressive, et l’amant de nombreuses femmes.

Un témoignage d’une grande sincérité où Marc décrit avec beaucoup d’amour et de pudeur sa vie dans cette banlieue rouge des années 60-70, les frasques d’un père volage, mais dont le statut d’icône reste intact, puisque l’amour qu’il lui porte est inconditionnel.
« Je grandissais et je devais faire semblant avec ceux que j’aimais le plus au monde, mon père que je devais protéger de mon regard pour qu’il ne se sente pas trop coupable, pour ne pas lui renvoyer le reflet de ma déception ou de ma détresse, et ma mère que je devais convaincre de ne pas s’enfermer dans sa solitude, dans son châle de tristesse qui parfois la recouvrait comme le linceul des amours perdues. »


Marc nous prend en confidence et nous raconte la fin d’un règne, le déclin proche et probable d’une famille qui ne tenait plus qu’à un fil.
« Alors que je sortais le plus possible et le plus tard possible, à taper sur mon ballon de plus en plus fort sous la lueur des réverbères. LE son de la balle qui s’écrasait contre le mur et rebondissait sur les trottoirs ou sur la rue résonnait comme des coups de feu. Je tirais des penalties à l’infini, comme pour fusiller mes souvenirs. »


Marc se confie au lecteur, et nous conte la rançon de la gloire, le revers de cette médaille tant enviée.
« J’aime porter des costumes qui me traînent loin d’ici, comme quand j’étais petit. C’est bien, acteur, pour ça. Mais comment accepter d’avoir du succès quand vos parents n’en ont pas eu ? Comment être heureux vraiment quand ceux que vous aimez ont connu bien des malheurs ? Comment être un homme quand votre Lulu de père a trompé la première femme de votre vie ? »
« Un physique qui parfois se résume, le succès venu, par un mot qui se veut agréable et qui, pour moi, est assassin : beau. […]La beauté n’est rien à mes yeux sans la force et le combat d’une gentillesse, sans la flamme des sentiments, l’exigence du travail : l’honnêteté. Ce succès, je le remets en jeu chaque fois, pour être enfin accepté pour ce que je suis. »


Une plume vraie, d’une grande honnêteté, très loin des nombreuses confessions déballées par des stars d’un jour. A travers ce livre, on découvre l’homme et on oublie la star.

Oui je l’avoue, j’ai fini par succomber au charme Lavoine, mais contrairement à mes congénères, j’ai succombé à sa plume. Il a les yeux revolver, il a la plume qui tue, il a tiré le premier, m’a touchée c’est foutu :)

Pitié les filles, si d’aventure vous voulez avoir la griffe de Marc lors d’une séance de dédicaces, pensez à lire « L’homme qui ment » avant, ça en vaut la peine…

En fait, qui avait dit que la curiosité était un vilain défaut ?



L’auteur :

Depuis quand on présente le loup blanc ?