RENCONTRES...

mardi 9 décembre 2014

L'OUBLI - FEDERIKA AMALIA FINKELSTEIN

4ème de couverture :
Je m'appelle Alma et je n'ai pas connu la guerre. J'ai grandi en écoutant Daft Punk, en buvant du Coca-Cola et en jouant à des jeux vidéo sur la Playstation 2. Un jour, j'ai appris que mon grand-père avait fui la Pologne quelques années avant la Seconde Guerre mondiale, avant la Shoah. Ce mot m'a longtemps agacée : son côté spectaculaire. Mais vendredi soir, quand je me suis retrouvée face à la petite-fille d'Adolf Eichmann et qu'elle n'arrivait pas à se remémorer le nom du camp d'Auschwitz, j'ai ressenti comme une douleur – elle a duré quelques secondes. Je me suis rappelé l'exergue de Si c'est un homme de Primo Levi : "N'oubliez pas que cela fut, non, ne l'oubliez pas" ; je crois que je veux faire exactement le contraire. Oublier tout.

Par où vais-je commencer ?

-          Par l’histoire ?
-          Les incroyables compétences marketing de l’auteure ?
-          ou par vous dire que je n’ai pas du tout aimé ?


L’histoire
Alma (ou plutôt Amalia Finkelstein), se présente : « Je n'ai aucune peur d'oublier l'extermination des Juifs. Plus précisément, je souhaite qu'on me fiche la paix avec cette histoire, qu'on la raye de ma vie une bonne fois pour toutes car c'est le seul moyen que j'ai de survivre ».
173 longues et interminables pages, une litanie d’un ennui sans pareil. L’approche « philosophique » de l’auteure (23 ans étudiante en philo) est limite immature. Il est désolant de voir la Shoah et du Coca dans la même phrase ! Est-ce sa manière d’apprivoiser ce lourd héritage ?
Comment parler du mal être d’une génération née des décennies après l’holocauste ? elle en arrive à mentir, à inventer la mort de son grand-père dans un camp d’extermination, dans quel but ? Que cherche-t-elle à légitimer ? Elle erre dans ses réflexions, et nous errons au fil des pages !

« Le suicide d’Adolf Hitler n’est pas un détail : il est de la plus haute importance. Se suicider, ce n’est pas mourir. Se suicider, ce n’est pas disparaître. Se suicider : c’est effectuer un court-circuit. Adolf Hitler le savait, c’est la raison pour laquelle il s’est tiré une balle dans la bouche. Peut-être que si les Alliés avaient tué Adolf Hitler, nous aurions gagné en 1945. Si Claus von Stauffenberg avait réussi son attentat, alors nous aurions pu gagner la guerre. Nous avons perdu la Seconde Guerre mondiale à cause d’un suicide »

« trop de souffrance, comme trop d’émotion, fait perdre du temps. Je n’ai aucun temps à perdre (si ce n’est que je l’ai déjà entièrement et irrémédiablement perdu) car ce monde est fulgurant et je dois être à hauteur de cet adjectif si je veux pouvoir vivre. Vivre, je le veux : ce n’est pas de l’ordre du désir. Nous devons accomplir notre devoir. Nous sommes nés, par conséquent nous devons vivre. Je n’irai jamais plus loin dans ce raisonnement. »


Les incroyables compétences marketing de l’auteure :
Le Clésio, Moix et Beigbeder ne tarissent pas d’éloges.
Le thème du roman est d’une efficacité avérée. Finkelstein bouscule les acquis, on laisse de côté le devoir de mémoire, et on déclame haut et fort le devoir de l’oubli ! Pour faire le buzz de cette rentrée ? Franchement, je n’en vois pas d’autres raisons.

Pas aimé, mais pas du tout aimé…
J’ai du mal à imaginer qu’elle ait pu être nominée au Renaudot (1ère sélection), quand on voit la qualité des œuvres de ses concurrents !! J’ai eu beau creuser, essayer de comprendre à côté de quoi j’étais en train de passer, je me suis forcée à terminer l’oubli, pour l’oublier aussi vite…

« Ceux qui prétendent que la vie est compliquée se trompent : la vie n’est pas compliquée. Il suffit de marcher une demi-heure par jour, de manger un peu, de travailler un peu, de dormir un peu, de boire 1,5 litre de liquide non alcoolisé toutes les 24 heures. Ce qui est compliqué, c’est de vouloir réussir et de ne pas réussir. »

 « Le nom de Hitler n'est pas loin d'être aussi célèbre que le nom Jésus-Christ et que le nom Michael Jackson. Nous mettons tous les noms de l'Histoire dans un grand sac puis nous les confondons. Parfois, je me demande si nous sommes encore en état de faire la distinction entre les bons noms et les mauvais noms: si réellement nous la faisons. Il y a une forme d’indifférence. Je pense qu’aujourd’hui Hitler est un mythe au même titre que Jésus-Christ […] et […] Mickael Jackson […] : nous ne pouvons pas oublier ces noms parce qu’ils sont ancrés dans notre mémoire. Les 14.000.000 d’êtres humains exterminés entre 1933 et 1945 ne sont pas des mythes : nous ne connaissons pas leurs noms. Ils sont poussière, ils sont chiffres. Que cela soit juste ou pas, là n’est pas la question. La morale est comme le fait de gagner : elle est une illusion. […] Voilà ce que nous avons fait. Nous avons fait des victimes un amas de chiffres, puis nous avons fait des bourreaux un amas de mythes. »

Je n’aime pas faire des chroniques négatives (en général je m’abstiens), mais le sous-titre de mon blog m’y pousse un peu :)

« J’amorce des milliers de pensées dans ma tête mais je n’en finis que quelques-unes : finir est plus difficile que commencer. » A mon avis, il ne fallait pas commencer…


J’ai eu l’impression de lire le journal d’une adolescente, mal dans sa peau, perturbée, et qui crie sa colère. A vous de vous faire votre propre idée…

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