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jeudi 7 mai 2015

AZADI - SAÏDEH PAKRAVAN

Azadi, qui signifie liberté en persan est un roman choral, où chaque protagoniste nous conte sa vision de la révolution de 2009, époque où les iraniens investissent les rues afin de s’insurger contre les résultats truqués des élections.
Une incursion dans la société iranienne actuelle, Saïdeh Pakravan dépeint toutes les strates sociales : ceux qui vivent dans l’opulence, et ceux pour qui vivre rime avec trimer. La profonde croyance dans les milieux modestes avec l’omniprésence de l’islam et son absence totale dans les milieux plus aisés, pour qui la religion est imposée en société, entre foulards et autres tchadors, mais qui est inexistante dans l’intimité. Sans oublier l’époque révolue du Shah, regrettée du bout des lèvres par ceux qui l’ont vécue.

Le fil conducteur reste Raha, jeune étudiante en architecture, fille unique qui évolue dans le milieu téhéranais aisé. Elle est fiancée à Kian, la vie lui sourit, l'avenir leur sourit, mais c'était sans compter sur les aléas de la vie. Certaines vicissitudes peuvent déstabiliser temporairement, mais d’autres ébranlent immuablement… Lors d’une manifestation, Raha se retrouve séparée de ses amis, arrêtée et jetée en prison, elle y subira la pire des violences : le viol de son corps mais aussi de son âme.  « Tu vas être exécutée dans une heure, il me dit. Tu ne vas pas mourir vierge, ou tu irais au paradis. Les putes n'ont aucune place au paradis ! »  Comment s’en sortir face à une société où la virginité est gage de « qualité » ? Doit-elle aller à l’encontre des institutions et porter plainte pour donner l’exemple et faire cesser ces massacres ? En subissant publiquement la médiatisation et le regard de tous. Ou se replier et tout oublier ?

Un roman choral, où chaque voix pense avoir raison, où pour certaines voix la victime endosse le rôle du coupable, car c’est elle qui l’aurait cherché…

Les mots persans sont très présents, mais sont suivis par leur traduction, cela peut paraître pesant pour certains, mais j’ai eu beaucoup de plaisir à les déchiffrer (étant arabophone, j’essayais de retrouver les mots persans d’origine arabe et vice versa, trilitères et quadrilatères)

Azadi est d’une grande authenticité et d’une pertinence déliée, un roman comme je les aime, intellectuellement généreux, mais aussi historiquement captivant.
Azadi ou quand Saïdeh Pakravan donne à la jeunesse iranienne une voix qui doit se faire entendre! Un roman à lire de toute urgence !

En espérant que les futures générations connaissent « un Iran meilleur »


Editions Belfond
Parution Janvier 2015  - 442 pages

Le prix de la Closerie des Lilas a été attribué à Azadi, pour en savoir plus c'est par ici



Azadi, le bookfacing…

Le mot persan Azadi signifie « liberté ». C’est aussi le nom du monument bien connu et de la grande place investie par des centaines de milliers de manifestants protestant contre la fraude électorale. Etant donné que je ne suis pas à Téhéran, ce bookfacing est un montage J





Photo d'origine pour mieux comprendre, crédit photo site npr.og




L’auteur :


Présentation de l’éditeur :
Saïdeh Pakravan, écrivaine franco-américaine de fiction et poète, est née en Iran. Ayant grandi dans un milieu francophone, elle s'installe à Paris, participant, après la révolution iranienne de 1979, à un mouvement de libération de l'Iran.
Publiée dans de nombreuses revues littéraires et anthologies, lauréate de prix littéraires dont le prix Fitzgerald, Saïdeh Pakravan est également essayiste et critique de film.

Saïdeh nous parle d’elle-même :
Je suis née dans une famille iranienne laquelle, pour des raisons que j’explique ailleurs, était de langue française depuis des générations. Très tôt, mes parents m’ont appris à lire. Ma mère me raconte encore comment, à trois ans, tenant un album plus grand que moi, je déclamais, « Alors Babar monta dans sa voiture et s’en alla ! » Si je savais lire à trois ans, à six je savais que je serai écrivain. L’écriture coulait dans mes veines. Ma grand-mère, Emineh Pakravan, styliste remarquable, historienne et romancière, lauréate du Prix Rivarol pour son roman Le prince sans histoire, était fort admirée par les meilleurs critiques littéraires de son temps y compris Emile Henriot. Mon père, haut fonctionnaire de carrière, écrivait copieusement sur sa famille. En grandissant et découvrant à mon tour la remarquable histoire de mes ancêtres, j’appris que mon arrière-grand-mère, Alice Herzfeld, moitié autrichienne et moitié française, avait eu elle aussi des velléités d’écriture se manifestant, dans le style romantique et quelque peu boursouflé de la fin du dix-neuvième siècle européen, des pièces en vers et des poèmes. Ma mère, Fatemeh Pakravan, elle aussi de plusieurs origines y compris russe et polonaise, écrivait et réécrivait sans cesse ses mémoires, jamais satisfaite du résultat. Je réussis enfin à lui arracher les milliers de pages résultant de cet effort de plusieurs décennies et, sous sa directive, en fis paraître le premier volume sous le titre Lumière de mes yeux. Ma deuxième sœur, Amineh Pakravan, a récemment publié son premier roman, Il libraio di Amsterdam, écrit dans le plus pur toscan et déjà publié en plusieurs langues et lauréat de nombreux prix.
Depuis mes premières rédactions, plutôt pitoyables mais déjà jugées suffisamment correctes pour paraître dans les bulletins de l’école Jeanne d’Arc que je fréquentais à Téhéran, je n’ai jamais cessé d’écrire. Pendant des années, j’ai écrit en français comme cela m’arrive encore souvent. Mon premier roman, que je refuse d’appeler une erreur de jeunesse, parut en feuilleton. Il y eut ensuite d’autres rares écrits publiés, de courts articles, divers bredouillements. Enfant, je suivais ma famille au cours de diverses missions diplomatiques de mon père et très tôt, au Pakistan puis en Inde, l’anglais devint ma seconde langue, suivi du persan que je parle toujours mais écris rarement. Plus tard, je vécus en France avec ma propre famille jusqu’à ce que la révolution iranienne de 1979 rende notre vie trop précaire et nous oblige, comme beaucoup d’autres avant et après nous, à émigrer aux Etats-Unis qui nous offraient davantage de possibilités. J’adoptais donc l’anglais comme première langue d’écriture et tout en travaillant à plein temps dans une corporation américaine comme « business writer » abandonnai mon dilettantisme précédent pour produire beaucoup plus. Je fis paraître mon livre, The Arrest of Hoveyda, Stories of the Iranian Revolution, puis, dans les revues littéraires qui se chiffrent par milliers aux Etats-Unis (à commencer par toutes les universités) des nouvelles, essais, poèmes et récits. Je fus aussi pendant neuf ans rédacteur de Chanteh, une revue multiculturelle en anglais destinée principalement aux Iraniens-Américains. Je donne des cours et des séminaires sur l’écriture et suis l’auteur d’un manuel de style. Le site français  ecrits-vains me reçoit comme responsable de littérature étrangère et, en critique de films et historienne du cinéma, je suis rédacteur adjoint du site screencomment.com
Mon roman Azadi sur les événements survenus en Iran autour des élections présidentielles truquées de l’été 2009 paraît en Janvier 2015.











6 commentaires:

  1. Merci de nous faire découvrir ce roman Leila. Il a l'air très dur mais très beau aussi.

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    1. Je t'en prie David!!!! De jolies découvertes comme celle-ci, c'est ce qui me pousse à maintenir ce blog :) Si j'ai lu Azadi, c'est surtout grâce à l'éditrice croisée aux QDP qui m'a tout simplement dit: ce livre il faut le lire, il est pour vous!! elle ne s'est pas trompée!!
      Je ne suis pas une féministe acharnée, mais des livres comme Azadi me secouent !

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  2. Merci pour le partage, Leila. Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de découvrir la littérature iranienne, à part quelques clichés. L'histoire de l'Iran me fascine et là tu me donnes envie de lire Saideh Pakravan. Thanks again.

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    1. You're welcome Najat! c'est un magnifique livre, malgré un sujet très délicat et dur!! Si tu as des problèmes pour te le procurer, fais le moi savoir! Je pourrai te l'envoyer!

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  3. La couverture du livre Azadi remise dans son contexte est une réussite Leila ! Bravo!

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    1. Merci beaucoup Denis!!!! Azadi sous la révolution de 2009!

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