Azadi, qui signifie liberté en
persan est un roman choral, où chaque protagoniste nous conte sa vision de la
révolution de 2009, époque où les iraniens investissent les rues afin de
s’insurger contre les résultats truqués des élections.
Une incursion dans la société
iranienne actuelle, Saïdeh Pakravan dépeint toutes les strates sociales :
ceux qui vivent dans l’opulence, et ceux pour qui vivre rime avec trimer. La
profonde croyance dans les milieux modestes avec l’omniprésence de l’islam et
son absence totale dans les milieux plus aisés, pour qui la religion est imposée
en société, entre foulards et autres tchadors, mais qui est inexistante dans l’intimité.
Sans oublier l’époque révolue du Shah, regrettée du bout des lèvres par ceux
qui l’ont vécue.
Le fil conducteur reste Raha,
jeune étudiante en architecture, fille unique qui évolue dans le milieu
téhéranais aisé. Elle est fiancée à Kian, la vie lui sourit, l'avenir leur
sourit, mais c'était sans compter sur les aléas de la vie. Certaines
vicissitudes peuvent déstabiliser temporairement, mais d’autres ébranlent
immuablement… Lors d’une manifestation, Raha se retrouve séparée de ses amis,
arrêtée et jetée en prison, elle y subira la pire des violences : le viol
de son corps mais aussi de son âme. « Tu vas être exécutée dans une heure,
il me dit. Tu ne vas pas mourir vierge, ou tu irais au paradis. Les putes n'ont
aucune place au paradis ! » Comment s’en
sortir face à une société où la virginité est gage de « qualité » ?
Doit-elle aller à l’encontre des institutions et porter plainte pour donner l’exemple
et faire cesser ces massacres ? En subissant publiquement la médiatisation
et le regard de tous. Ou se replier et tout oublier ?
Un roman choral, où chaque
voix pense avoir raison, où pour certaines voix la victime endosse le rôle du
coupable, car c’est elle qui l’aurait cherché…
Les mots persans sont très
présents, mais sont suivis par leur traduction, cela peut paraître pesant pour
certains, mais j’ai eu beaucoup de plaisir à les déchiffrer (étant arabophone,
j’essayais de retrouver les mots persans d’origine arabe et vice versa, trilitères
et quadrilatères)
Azadi est d’une grande
authenticité et d’une pertinence déliée, un roman comme je les aime,
intellectuellement généreux, mais aussi historiquement captivant.
Azadi ou quand Saïdeh Pakravan
donne à la jeunesse iranienne une voix qui doit se faire entendre! Un roman à
lire de toute urgence !
En espérant que les futures
générations connaissent « un Iran meilleur »
Editions Belfond
Parution Janvier 2015 - 442 pages
Le prix de la Closerie des Lilas a été attribué à Azadi, pour en savoir plus c'est par ici
Le prix de la Closerie des Lilas a été attribué à Azadi, pour en savoir plus c'est par ici
Azadi, le bookfacing…
Le mot persan Azadi signifie « liberté ». C’est aussi le nom du monument bien connu et de la grande place investie par des centaines de milliers de manifestants protestant contre la fraude électorale. Etant donné que je ne suis pas à Téhéran, ce bookfacing est un montage J
Photo d'origine pour mieux comprendre, crédit photo site npr.og
L’auteur :

Présentation de l’éditeur :
Saïdeh Pakravan, écrivaine franco-américaine de fiction
et poète, est née en Iran. Ayant grandi dans un milieu francophone, elle
s'installe à Paris, participant, après la révolution iranienne de 1979, à un
mouvement de libération de l'Iran.
Publiée dans de nombreuses revues littéraires et
anthologies, lauréate de prix littéraires dont le prix Fitzgerald, Saïdeh
Pakravan est également essayiste et critique de film.
Saïdeh nous parle d’elle-même :
Je suis née dans une famille iranienne laquelle, pour des
raisons que j’explique ailleurs, était de langue française depuis des
générations. Très tôt, mes parents m’ont appris à lire. Ma mère me raconte
encore comment, à trois ans, tenant un album plus grand que moi, je déclamais,
« Alors Babar monta dans sa voiture et s’en alla ! » Si je
savais lire à trois ans, à six je savais que je serai écrivain. L’écriture
coulait dans mes veines. Ma grand-mère, Emineh Pakravan, styliste remarquable,
historienne et romancière, lauréate du Prix Rivarol pour son roman Le
prince sans histoire, était fort admirée par les meilleurs critiques
littéraires de son temps y compris Emile Henriot. Mon père, haut fonctionnaire
de carrière, écrivait copieusement sur sa famille. En grandissant et découvrant
à mon tour la remarquable histoire de mes ancêtres, j’appris que mon
arrière-grand-mère, Alice Herzfeld, moitié autrichienne et moitié française,
avait eu elle aussi des velléités d’écriture se manifestant, dans le style
romantique et quelque peu boursouflé de la fin du dix-neuvième siècle européen,
des pièces en vers et des poèmes. Ma mère, Fatemeh Pakravan, elle aussi de
plusieurs origines y compris russe et polonaise, écrivait et réécrivait sans
cesse ses mémoires, jamais satisfaite du résultat. Je réussis enfin à lui
arracher les milliers de pages résultant de cet effort de plusieurs décennies
et, sous sa directive, en fis paraître le premier volume sous le
titre Lumière de mes yeux. Ma deuxième sœur, Amineh Pakravan, a
récemment publié son premier roman, Il libraio di Amsterdam, écrit dans le
plus pur toscan et déjà publié en plusieurs langues et lauréat de nombreux prix.
Depuis mes premières rédactions, plutôt pitoyables mais
déjà jugées suffisamment correctes pour paraître dans les bulletins de l’école
Jeanne d’Arc que je fréquentais à Téhéran, je n’ai jamais cessé d’écrire.
Pendant des années, j’ai écrit en français comme cela m’arrive encore souvent.
Mon premier roman, que je refuse d’appeler une erreur de jeunesse, parut en
feuilleton. Il y eut ensuite d’autres rares écrits publiés, de courts articles,
divers bredouillements. Enfant, je suivais ma famille au cours de diverses
missions diplomatiques de mon père et très tôt, au Pakistan puis en Inde,
l’anglais devint ma seconde langue, suivi du persan que je parle toujours mais
écris rarement. Plus tard, je vécus en France avec ma propre famille jusqu’à ce
que la révolution iranienne de 1979 rende notre vie trop précaire et nous
oblige, comme beaucoup d’autres avant et après nous, à émigrer aux Etats-Unis
qui nous offraient davantage de possibilités. J’adoptais donc l’anglais comme
première langue d’écriture et tout en travaillant à plein temps dans une
corporation américaine comme « business writer » abandonnai mon
dilettantisme précédent pour produire beaucoup plus. Je fis paraître mon livre, The
Arrest of Hoveyda, Stories of the Iranian Revolution, puis, dans les revues
littéraires qui se chiffrent par milliers aux Etats-Unis (à commencer par
toutes les universités) des nouvelles, essais, poèmes et récits. Je fus aussi
pendant neuf ans rédacteur de Chanteh, une revue multiculturelle en anglais destinée
principalement aux Iraniens-Américains. Je donne des cours et des séminaires
sur l’écriture et suis l’auteur d’un manuel de style. Le site français
ecrits-vains me reçoit comme responsable de littérature étrangère et, en
critique de films et historienne du cinéma, je suis rédacteur adjoint du site
screencomment.com
Mon roman Azadi sur les événements survenus en
Iran autour des élections présidentielles truquées de l’été 2009 paraît en
Janvier 2015.
Merci de nous faire découvrir ce roman Leila. Il a l'air très dur mais très beau aussi.
RépondreSupprimerJe t'en prie David!!!! De jolies découvertes comme celle-ci, c'est ce qui me pousse à maintenir ce blog :) Si j'ai lu Azadi, c'est surtout grâce à l'éditrice croisée aux QDP qui m'a tout simplement dit: ce livre il faut le lire, il est pour vous!! elle ne s'est pas trompée!!
SupprimerJe ne suis pas une féministe acharnée, mais des livres comme Azadi me secouent !
Merci pour le partage, Leila. Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de découvrir la littérature iranienne, à part quelques clichés. L'histoire de l'Iran me fascine et là tu me donnes envie de lire Saideh Pakravan. Thanks again.
RépondreSupprimerYou're welcome Najat! c'est un magnifique livre, malgré un sujet très délicat et dur!! Si tu as des problèmes pour te le procurer, fais le moi savoir! Je pourrai te l'envoyer!
SupprimerLa couverture du livre Azadi remise dans son contexte est une réussite Leila ! Bravo!
RépondreSupprimerMerci beaucoup Denis!!!! Azadi sous la révolution de 2009!
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