Kinderzimmer ou la pièce dévolue aux nourrissons!
Encore un ouvrage sur le camp de concentration de Ravensbrück? Certes!
Cependant, Kinderzimmer ne nous parle pas d’étoiles jaunes, ni des juifs, ni de
l’Histoire avec un grand H, mais de triangles rouges, de déportées politiques,
de femmes, mères, enceintes ou ayant à peine enfanté et de leurs petites
histoires.
D’un point de lumière dans les ténèbres, de l’espoir au
sein de l’horreur, de la vie !
Mi-avril 1944, on oublie tous les préludes, la
résistance, l’arrestation, Suzanne Langlois dite Mila est dans le train pour
l’Allemagne , la destination ? Elle n’en sait rien, mais elle sait qu’elle
est enceinte et ne sait pas qu’elle s’en sortira. En revanche, le lecteur le
sait dès la première page ! Mila est dans l’enceinte d’un lycée et raconte
son histoire pour la énième fois.
Alternant entre un style haché-saccadé, et de belles
phrases comme on les aime. Valentine Goby a la plume telle une musique de film.
Elle est douce, puis rapide, puis violente, tout dépend de ce qui est dépeint,
tout dépend de l’oppression, l’horreur et la terreur qu’elle veut nous
transmettre. Cette façon d’écrire, peut ne pas plaire, mais moi j’y ai
succombé ! On tourne les pages, dès que les phrases deviennent courtes,
mon souffle s'accélérait, je savais qu'on allait se retrouver au Revier (le
quartier des malades) voire au Keller (la morgue). L'espoir est omniprésent, il
se rattache à des petits détails, "vivre ce n'est pas devancer la mort, à
Ravensbrück comme ailleurs"
Kinderzimmer n'est pas un roman précurseur sur le sujet,
mais il a ce petit quelque chose qui le rend différent, cette part d'humanité,
d'entre-aide au sein du camp. Il est difficile d'en parler plus sans prendre le
risque de trop en dévoiler, je préfère m'arrêter là et vous laisser le
découvrir! Un bijou!
Edition: Actes Sud
222 pages
Date de parution: août 2013
Prix des libraires 2014
Valentine
Goby est née en 1974. Elle est notamment l’auteur de L’Échappée (Gallimard,
2007), Qui touche à mon corps je le tue (Gallimard, 2008), Des corps en silence
(Gallimard, 2010) et Banquises (Albin Michel, 2011). Kinderzimmer (Actes
Sud, 2013) est son huitième roman.
Une bien belle chronique Leeloo pour ce livre qui est resté bien trop longtemps dans ma PAL il va être bientôt temps pour moi de le lire! J'ai particulièrement aimé ta mise en exergue du style de l'auteur, du fait qu'il soit en adéquation avec le déroulement du récit.
RépondreSupprimerMerci Denis, je l'ai senti enfin ressenti comme ça, en lisant j'avais l'impression que le style faisait office de musique de film, à chaque changement je savais qu'il allait se passer quelque chose... Lis-le tu ne le regretteras pas :)
SupprimerUn livre très fort sur ce sujet. J'ai juste trouvé la fin un peu rapide.
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