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mercredi 18 mars 2015

RAVENSBRÜCK MON AMOUR - STANISLAS PETROSKY

Günther Franzentich, est fils de fermiers allemands, mais à son grand désarroi, il n’a aucun instinct agricole. En revanche, il est très doué en dessin. N’étant d’aucune aide dans la ferme familiale, il fut enrôlé de force au moment de la construction du camp de Ravensbrück, seul camp de concentration réservé aux femmes. Il en devient l'illustrateur officiel, obligé de mettre son talent de dessinateur au service des autorités nazies.
Rien n'échappe au crayon affûté du jeune homme : l'horreur des camps, les expériences médicales, les kommandos, les mœurs des officiers, la vie, la mort.
Dans ce roman noir, Stanislas Petrosky pénètre au cœur de Ravensbrück et en décrit implacablement chaque recoin, afin de ne jamais oublier.

Mon avis :
Comment peut-on oublier ? Nous avons un devoir de mémoire, quelle que soit notre origine, mais cette piqûre de rappel secoue, même quelqu’un comme moi, passionnée que je suis par cette période !!!

Oui, c’est noir, très noir même, mais la couleur dominante reste le rouge, le rouge sang « je voulais que l’on soit aussi marqué en regardant mes dessins, que l’horreur des scènes saute aux yeux, alors je ne donnais couleur qu’au sang, à la maladie, aux coups et à la pourriture. »
C’est un roman que j’apparenterai à un témoignage, même si l’auteur est un quadra, sa plume magnifique, ne laisse aucun doute, nous sommes en 1939 et parcourons avec un nœud au ventre les six années suivantes.
Günther s’avilissait à offrir ses talents à tout ce qui avait un semblant d’autorité afin de garder les faveurs qu’on lui avait accordées. Comme de la prostitution artistique, il donnait un dessin pour vivre un peu plus longtemps, pour être nourri correctement. Un jour, il prit la décision de garder ses dessins « Il fallait donc que je les cache quelque part, juste pour les revoir quand la guerre serait finie, pour ne pas oublier….les gens nous croiraient-ils si nous leur racontions tout ce qui se passait dans ce camp ? »
Il dessinait des corps torturés et décharnés. Il dessinait des memento mori !

Pour oublier ces corps émaciés, il arrivait à Günther de se rendre au quai de débarquement pour voir les nouvelles arrivées, c’est là qu’il la vit pour la première fois, son nom: Edna.
Comment peut-on aimer au sein d’un mouroir, comment peut-on aimer au "pont aux corbeaux"? Il ne faut pas chercher ! Même au cœur de l’horreur, le cœur a ses raisons « Une petite sonnerie, comme une alarme, retentit dans mon cerveau. N’étais-je pas en train de foncer droit dans un piège ? Je savais que si je manifestais un sentiment […] je risquais ma peau, d’autant plus que je ne savais pas les donner à moitié ou juste un peu, je donnais tout. Je ne savais pas faire dans la demi-mesure. J’ai toujours été entier, alors pas question de faire machine arrière, puis surtout son sourire était imprimé dans mon esprit. »

Cette parenthèse romanesque apporte un peu d’humanité au roman, mais on replonge rapidement dans l’horreur, Stanislas ne nous ménage pas, la cruauté est là, et est décrite telle quelle. Le fameux Revier et sa salle de dissection, - un vrai jardin de supplices -, vous plongent dans un abyme de souffrance. En lisant ces passages, on fleure la mort, on est imprégné de son odeur. L’être humain n’est plus humain, il y devient un objet d’expérimentation.

Certes, il faut s’accrocher pour ce genre de lecture, mais ça en vaut largement la peine ! Pour un primo-auteur, le pari est brillamment réussi !

« J’y allais à reculons et une fois de plus, je m’attendais au pire. Mais ce que j’y vis était au-delà. C’était l’un des mystères de ce camp, vous aviez beau vous attendre à une chose horrible, vous étiez toujours en dessous de la réalité. Pourtant, en tant qu’artiste, je pouvais me vanter d’être très imaginatif, mais jamais assez par rapport à la cruauté nazie. »

Pour en savoir plus sur Ravensbrück
Pour commander Ravensbrück mon amour date de sortie 15 mars 2015

L’auteur :
Né en 1975 sur les bords du lac Sevan, en Arménie. Stanislas Petrosky quitte son pays à l’âge de dix-sept ans pour rejoindre la France. Il glissera dans une délinquance de plus en plus dure et connaîtra de nombreux démêlés avec la justice.
C’est lors de ses séjours à l’abri du soleil qu’il se découvrira une passion pour l’écriture, sombre de préférence, en commençant par les nouvelles. Ravensbrück mon amour est son premier roman.
Bibliographie :
Le Prisonnier (nouvelle) dans Santé ! collectif des auteurs du noir – Atelier Mosésu -2013
L’enfant des mille collines (nouvelle) dans Enfants des rues – Yucca éditions – 2013
All women are bad (nouvelle) The Cramps – Camion blanc – 2013
Moi le salaud…(nouvelle) Projet.Ayiti15-812 – ¼ hibou éditions – 2014
Valentin (nouvelle) – l’Exquise édition – 2014
Les Stained with blood (nouvelle) The Gun Club – Camion blanc – 2014
Haine 13 (nouvelle) – Ska éditions – 2015
Ravensbruck mon amour – Atelier Mosésu – 2015

4 commentaires:

  1. Très belle chronique Leila. On y ressent toute l'horreur et toute l'émotion ressenties. Hâte de le lire!

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    1. Merci Denis! J'ai une chance inouïe, je tombe sur des perles :)

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  2. Réponses
    1. Il prend aux tripes. Mais on ne peut pas le lâcher.
      Une très belle découverte !
      Suis contente d'avoir posé la question il y a deux semaine, demandant si quelqu'un l'avait lu ;)
      Finalement à peine publié une bonne partie des Readers s'est ruée dessus !
      Tout ce que je souhaite à Stan, c'est que son livre cartonne !

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