Certains amis m’ont demandé, et à juste titre, tu aimes
tout ce que tu lis ? Je répondrai, non je chronique tout ce que j’aime et
si je semble parfois accorder trop de louanges à mes dernières lectures, c’est
que j’ai la chance d’être tombée sur des perles brillantissimes en ce mois de
Mars.
Et Gnaouas, ne déroge pas à la règle, j’étais emportée
dans la transe des Gnaouas, c’est le cas de le dire :)
Merci à Said Laqabi, pour son étonnant travail de
recherche, c’est un roman historique qui prend pour toile de fond une période
méconnue et ô combien passionnante quoique d’une grande tristesse : la
traite des esclaves sous le règne des Sultans de l’Empire Chérifien et ce,
il y a fort longtemps...
Dans Gnaouas, on suit Samba, un jeune Bambara issu d'une
famille de notables des rivages du Joliba à Tombouctou (actuel Mali) dans ses
péripéties qui l'emmenèrent jusqu'au royaume chérifien (actuel Maroc).
Une enfance heureuse et un début d’adolescence teinté
d'une curiosité naturelle, il suivit ses amis sur les bords du fleuve pour
pouvoir scruter au loin de jeunes nymphes couleur ébène. Un jour, lors de
nouvelles pérégrinations, le jeune Samba foula quelque chose de dur, un
cauris, coquillage des plus précieux. Sa ruée vers l'objet de ses convoitises
le propulsa de plus en plus loin, jusqu’à sa perdition... Samba venait d'entrer
dans l'ignoble condition d'esclave, capturé par les négriers Touaregs, il fut
vendu à un cheikh qui le prit sous son aile, l’initia à l’islam et lui permit
d’apprendre un métier : la sparterie
Un firman du grand sultan, mit fin à tout espoir
d’émancipation, puisque Samba, ainsi que tous les autres esclaves, furent
enrôlés dans la Garde noire, en ces temps où le Maroc était en butte à des
convoitises ibériques et ottomanes.
Paradoxalement, ce statut d'esclave-soldat, et après
moult tribulations, permit à Samba de trouver sa voie, son émancipation et son
salut dans le rituel d’une musique de transe, celles de anciens esclaves… les gnaouas.
A travers ce roman, Said Laqabi, nous fait découvrir ou
redécouvrir les lillas musulmanes et juives, des pratiques ancestrales qui permirent
aux esclaves d’être ennoblis, hissés, le temps d’une nuit, au rang de maîtres
absolus, un trait d’union entre les humains et les esprits…
Vous aimez l'histoire en général? L'histoire du Maroc? Le
mysticisme ou tout simplement les Gnaouas ! Ruez-vous dessus, vous ne le
regretterez point ! La plume de Laqabi est d’une éloquence incomparable,
elle vous emporte et vous transporte vers une transe linguistique et on en
ressort avec un vocabulaire enrichi
L'auteur:
Said Laqabi, écrivain et traducteur, vit et travaille à Safi, sa ville
natale sur le littoral atlantique du Maroc. Titulaire d’un doctorat ès lettres
françaises de Paris Nord sur « l’ironie contestataire », ce qui a d’ailleurs
inspiré son 1er roman « Journal intime d’un figurant ».
Said Laqabi a embrassé une carrière dans l’enseignement public puis privé.
Actuellement, il s’intéresse plus à l’associatif, soit solidaire (promoteur et
gérant d’un Foyer d'Etudiantes), soit culturel via l'association Les Amis de
Thor Heyerdhal : festivals… 2 passions en sus de la culture underground du
Maroc, le ciel (aviation légère) et la mer dans tous ses états.
Gnanouas, Editions l'Harmattan, collection: Lettres du monde arabe, date de parution, 3 février 2015,154 pages
Superbe chronique Leeloo! On sent que ce livre t'a inspirée. Moi qui adore les romans historiques, ce livre devrait me combler!
RépondreSupprimerl'inspiration vient avec les coups de coeur :) et je suis sure que tu vas adorer!!! en plus c'est un sujet rarement traité,voire jamais !! à lire!
SupprimerDiablement tentant!!! Moi qui suis un Africain dans l'âme, même si ça ne se voit pas au premier abord ;) je crois que ce titre devrait me plaire.
RépondreSupprimerJe le note bien soigneusement pour una acquisition future...
Diablement tenant, mais aussi diablement bien écrit!!! Comme beaucoup d'auteurs maghrébins francophones, les français n'est pas leur langue maternelle, du coup des fois on peut penser que le style est un peu "savant", mais ce n'est pas le cas ici, Laqabi est docteur ès lettres, et ça se sent, une excellente plume et un vocabulaire très recherché! ça fait plaisir de se faire plaisir avec la langue de Molière! Vous qui êtes de grands lecteurs, je m'adresse également à Denis, savez pertinemment que des fois le style laisse à désirer, mais le roman est sauvé par l'histoire, l'intrigue ou autre. Ici, c'est brillant comme je l'ai dit sur la chronique, une histoire inédite en ce qui me concerne, les Gnaouas tous les marocains savent ce que c'est, mais ici j'ai vraiment découvert qui ils SONT! Je ne parle même pas du nombre d'informations que j'ai pu glaner au fil des pages sur l'histoire du Maroc.
SupprimerBref, je ne vais pas le re-chroniquer, lis-le, tu ne le regretteras pas ! et excellente journée à toi!
C'est bien noté Leïla...
RépondreSupprimerEt je reviendrai t'en parler le moment venu... Bonne journée à toi aussi!
Magnifique, je suis sûr que ce serait une grande créativité et belle Je voudrais pouvoir le lire
RépondreSupprimerTu as la chance d'avoir Laqabi comme prof si j'ai bien compris, il ne faut pas hésiter à le lire! tu vas adorer :)
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