RENCONTRES...

vendredi 5 décembre 2014

DIEU SURFE AU PAYS BASQUE – HAROLD COBERT

4ème de couverture :
De cette romance estivale sur fond de plages sauvages et de balades en scooter naît une histoire d'amour, et un désir d'enfant. Le jeune couple parviendra-t-il à conjurer les coups du destin, à préserver l'ivresse des débuts ?

Des souvenirs heureux aux épreuves du présent, Harold Cobert explore la vie conjugale du point de vue masculin. Mêlant dérision et tendresse, son échographie d'un père n'esquive rien, ni l'appréhension de la paternité ni la tragédie de la perte de l'enfant à naître. Avec pudeur, comme en équilibre sur la crête des séismes intimes, un roman paradoxalement drôle et bouleversant.


Mon avis :

Un avion à prendre, et hop un petit livre dans le sac pour passer les 2h30 de vol. Pour ce genre de lectures, je ne prends jamais le temps de faire une chronique, puisque une fois l’avion atterri, l’histoire est oubliée !

Cette fois-ci, non seulement je ne l’ai pas oubliée mais elle m’a profondément bouleversée, Harold a une très belle plume, doublée d’une très grande sensibilité.

L’incipit pose le décor :
« Samedi matin. Je me suis réveillé en sursaut. Un mauvais rêve. Ma femme me disait : Le bébé est mort. »

Mais en parallèle, nous sommes aux premières loges pour voir naître un amour fou entre le narrateur et sa future femme rencontrée lors de vacances au pays Basque.
« -Tu raccroches.
- Non, toi d’abord !
Nous avions quinze ans, à peine.
Du grand n’importe quoi.
Nous étions heureux, nous étions cons, nous étions heureux d’être cons »
(Au passage, les deux protagonistes sont toujours désignés par Lui ou Elle, on en conclut que c’est fort probablement autobiographique)

« Souvent, les premières fois sont quelque peu désastreuses. On ne se connait pas, on se découvre. Les corps sont comme deux instruments qui s’accordent. Plusieurs essais sont généralement nécessaires avant de jouer à l’unisson et d’atteindre une acmé digne de ce nom. Parfois, malheureusement, cela ne vient pas, ne viendra pas, ni maintenant ni demain. On peut alors se mentir autant qu’on veut, céder aux ruses de la raison pour prolonger le mirage des débuts, mais, tôt ou tard, il faudra se rendre à cette évidence : le corps, lui, ne ment jamais. »

Cet amour se concrétise par un projet de vie, faire un bébé ensemble !
A la veille de la première échographie, des saignements suspects alertent la femme du narrateur, qui a déjà perdu un bébé de 5 jours conçu avec le « prédécesseur ».
Les saignements deviennent hémorragie et l’hémorragie se conclut par un curetage.
La fausse-couche précoce est un sujet dont on a maintes et maintes fois entendu parler, des récits empreints de peine, de larmes parfois, mais toujours de la part de futures mamans éplorées. Ici, c’est un ex-futur papa accablé, qui partage avec nous sa souffrance, son désarroi, ses colères et ses espoirs.

« Les jours ont commencé à passer. Puis les semaines. J’ai continué de travailler avec un étrange sentiment de vacuité. Tout me paraissait frappé d’une profonde inanité. J’accomplissais des gestes et prononçais des paroles de manière automatique, comme si ce n’était pas moi qui les avait accomplies ou prononcées. La colère, la rage et la haine ne me quittaient pas, mais je n’avais plus la force de les accueillir ni de les porter. Je vivais à côté de moi-même. »


Harold nous sert une mise en miroir de la naissance d’un amour et de la mort d’une future naissance ! (la mort prématurée du fœtus), sans pathos et sans emphase, mais avec beaucoup de pudeur, de tact et de retenue. Même s’il a réussi à remuer chez moi des souvenirs douloureux, j’ai dévoré le livre d’une seule traite, et ses deux suivants sont dans ma PAL (Un hiver avec Baudelaire et Jim)
Une magnifique plume et une belle découverte !
Merci Harold!



L’auteur :
Sa biographie vous la trouverez facilement sur le net ! Moi, je voudrai vous parler de lui en tant qu’ « ami » sur l’un des réseaux sociaux.
Certaines personnes ont tout pour elles : le talent, une belle plume, de l’humour, de la sensibilité, une « belle gueule » et la gentillesse. Elles sont rares, certes, mais Harold en fait partie !



Citations :

« A peine avais-je envoyé ce message que j’en avais mesuré le ridicule consommé. J’étais consterné. Je me consternais. Au moins, cela éclaircissait mes intentions. Et devait provoquer une réponse sans ambiguïté. »

« Ou comment avoir autant d’esprit qu’un concombre surgelé et des sabots plus lourds que Gulliver. Ma gaucherie m’affligeait »

« On fait semblant de s’étirer, dans un canapé ou au cinéma, on passe laborieusement le bras autour de ses épaules avec un raclement de gorge préventif : » Quoi, moi ? Enfin, ma chère, nous ne nous connaissons ni des lèvres ni des dents, vous n’y pensez pas ! » Le ridicule ne tue pas, mais il meurtrit l’amour propre. Non, un homme qui a jeté son dévolu sur une femme porte en permanence une sorte de pancarte sur le front, clignotant en lettres rouges des « Je te veux ! » et autres « J’ai envie de toi ! » pires que des gros sabots de plomb. »

Œuvres :

Mirabeau, le fantôme du Panthéon 6 Volumes, 2002
Le reniement de Patrick Treboc, Paris, Jean-Claude Lattès, 2007
Un Hiver avec Baudelaire, Paris, Héloïse d'Ormesson, 2009
L'entrevue de Saint-Cloud, Paris, Héloïse d'Ormesson, 2010 
Dieu surfe au pays basque, Paris, Héloïse d'Ormesson, 2012
Au nom du père, du fils et du rock'n'roll, Paris, Héloïse d'Ormesson,‎ 2013
Jim, Paris, Éditions Plon, 2014


2 commentaires:

  1. Un roman bouleversant grâce à l'absence de pathos! La plume sensible d'Harold nous prend aux tripes!

    RépondreSupprimer
  2. Oh oui, il prend au tripes!!! suis descendue de l'avion dans un état second... Un hiver avec Baudelaire et Jim, sont sur le dessus de ma PAL :)

    RépondreSupprimer

Vous êtes d'accord ou vous ne l'êtes pas, le champ de commentaires vous est ouvert pour partager vos avis :)