4ème de couverture :
Je m'appelle Alma
et je n'ai pas connu la guerre. J'ai grandi en écoutant Daft Punk, en buvant du
Coca-Cola et en jouant à des jeux vidéo sur la Playstation 2. Un jour, j'ai
appris que mon grand-père avait fui la Pologne quelques années avant la Seconde
Guerre mondiale, avant la Shoah. Ce mot m'a longtemps agacée : son côté spectaculaire.
Mais vendredi soir, quand je me suis retrouvée face à la petite-fille d'Adolf
Eichmann et qu'elle n'arrivait pas à se remémorer le nom du camp d'Auschwitz,
j'ai ressenti comme une douleur – elle a duré quelques secondes. Je me suis
rappelé l'exergue de Si c'est un homme de Primo Levi : "N'oubliez pas que
cela fut, non, ne l'oubliez pas" ; je crois que je veux faire exactement
le contraire. Oublier tout.
Par où vais-je
commencer ?
-
Par l’histoire ?
-
Les incroyables compétences marketing de l’auteure ?
-
ou par vous dire que je n’ai pas du tout
aimé ?
L’histoire
Alma (ou plutôt
Amalia Finkelstein), se présente : « Je n'ai aucune peur d'oublier l'extermination des Juifs.
Plus précisément, je souhaite qu'on me fiche la paix avec cette histoire, qu'on
la raye de ma vie une bonne fois pour toutes car c'est le seul moyen que j'ai
de survivre ».
173
longues et interminables pages, une litanie d’un ennui sans pareil. L’approche « philosophique »
de l’auteure (23 ans étudiante en philo) est limite immature. Il est désolant
de voir la Shoah et du Coca dans la même phrase ! Est-ce sa manière d’apprivoiser
ce lourd héritage ?
Comment
parler du mal être d’une génération née des décennies après l’holocauste ?
elle en arrive à mentir, à inventer la mort de son grand-père dans un camp d’extermination,
dans quel but ? Que cherche-t-elle à légitimer ? Elle erre dans ses réflexions,
et nous errons au fil des pages !
« Le suicide d’Adolf Hitler n’est pas un détail : il
est de la plus haute importance. Se suicider, ce n’est pas mourir. Se suicider,
ce n’est pas disparaître. Se suicider : c’est effectuer un court-circuit. Adolf
Hitler le savait, c’est la raison pour laquelle il s’est tiré une balle dans la
bouche. Peut-être que si les Alliés avaient tué Adolf Hitler, nous aurions
gagné en 1945. Si Claus von Stauffenberg avait réussi son attentat, alors nous
aurions pu gagner la guerre. Nous avons perdu la Seconde Guerre mondiale à
cause d’un suicide »
« trop de souffrance, comme trop d’émotion, fait
perdre du temps. Je n’ai aucun temps à perdre (si ce n’est que je l’ai déjà
entièrement et irrémédiablement perdu) car ce monde est fulgurant et je dois
être à hauteur de cet adjectif si je veux pouvoir vivre. Vivre, je le veux : ce
n’est pas de l’ordre du désir. Nous devons accomplir notre devoir. Nous sommes
nés, par conséquent nous devons vivre. Je n’irai jamais plus loin dans ce
raisonnement. »
Les incroyables compétences marketing de l’auteure :
Le
Clésio, Moix et Beigbeder ne tarissent pas d’éloges.
Le thème
du roman est d’une efficacité avérée. Finkelstein bouscule les acquis, on
laisse de côté le devoir de mémoire, et on déclame haut et fort le devoir de l’oubli !
Pour faire le buzz de cette rentrée ? Franchement, je n’en vois pas d’autres
raisons.
Pas aimé, mais pas du tout aimé…
J’ai du mal à imaginer
qu’elle ait pu être nominée au Renaudot (1ère sélection), quand on
voit la qualité des œuvres de ses concurrents !! J’ai eu beau creuser,
essayer de comprendre à côté de quoi j’étais en train de passer, je me suis
forcée à terminer l’oubli, pour l’oublier aussi vite…
« Ceux qui prétendent que la vie est compliquée se
trompent : la vie n’est pas compliquée. Il suffit de marcher une demi-heure par
jour, de manger un peu, de travailler un peu, de dormir un peu, de boire 1,5
litre de liquide non alcoolisé toutes les 24 heures. Ce qui est compliqué,
c’est de vouloir réussir et de ne pas réussir. »
« Le nom de Hitler n'est pas
loin d'être aussi célèbre que le nom Jésus-Christ et que le nom Michael
Jackson. Nous mettons tous les noms de l'Histoire dans un grand sac puis nous
les confondons. Parfois, je me demande si nous sommes encore en état de faire
la distinction entre les bons noms et les mauvais noms: si réellement nous la
faisons. Il y a une forme d’indifférence. Je pense qu’aujourd’hui Hitler est un
mythe au même titre que Jésus-Christ […] et […] Mickael Jackson […] : nous
ne pouvons pas oublier ces noms parce qu’ils sont ancrés dans notre mémoire.
Les 14.000.000 d’êtres humains exterminés entre 1933 et 1945 ne sont pas des
mythes : nous ne connaissons pas leurs noms. Ils sont poussière, ils sont
chiffres. Que cela soit juste ou pas, là n’est pas la question. La morale est
comme le fait de gagner : elle est une illusion. […] Voilà ce que nous
avons fait. Nous avons fait des victimes un amas de chiffres, puis nous avons
fait des bourreaux un amas de mythes. »
Je n’aime pas
faire des chroniques négatives (en général je m’abstiens), mais le sous-titre
de mon blog m’y pousse un peu :)
« J’amorce des milliers de pensées dans ma tête mais
je n’en finis que quelques-unes : finir est plus difficile que commencer. » A mon avis, il ne fallait pas commencer…
J’ai eu l’impression
de lire le journal d’une adolescente, mal dans sa peau, perturbée, et
qui crie sa colère. A vous de vous faire votre propre idée…
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