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dimanche 2 août 2015

SAUF LES FLEURS - NICOLAS CLEMENT

Aujourd’hui, il lui reste peu de mots et peu de souvenirs, Marthe écrit l’histoire de sa famille, d’un lieu que je laisserai le soin au lecteur de découvrir, pour oublier que cette famille n’existe plus.

A 12 ans Marthe vit à la ferme avec ses parents et son petit frère Léonce à qui elle voue un amour incommensurable. Loin de l’école, deux joies lui rappellent la vie qui la gèle : coudre pour sa maman et lire des histoires à Léonce. Elle apprend à coudre sur une machine ajustée à ses doigts, d’où naissent de longues robes dessinées sans faiblir mais surtout destinées à couvrir les cicatrices de sa mère.

« Depuis des lustres, Papa ne prononce plus nos prénoms, se jette sur le verbe, phrases courtes sans adjectif, sans complément, seulement des ordres et des martinets […] Il nous conjugue et nous accorde comme il veut. Il est notre langue étrangère, un mot, un poing, puis retour à la ligne jusqu’à la prochaine claque. »

Malgré ces ténèbres, Marthe essayera de se construire et de fleurir, le lecteur la suit de ses 12 ans à ses 20 ans, 3 amours la porteront.

L’amour à son frère et sa mère,
L’amour des lettres inculqué par son institutrice Nathalie, qui est à l’origine de sa vocation d’apprendre plus tard le grec pour traduire Eschyle. « Je passe devant le bureau pour rejoindre ma place et je fixe la couverture du livre. Je lis Eschyle, que je confonds avec échelle, "qui sert à se hisser "»,
L’Amour tout court, celui de Florent, avec qui elle part fleurir et s'épanouir à Baltimore,

Mais le passé nous rattrape toujours... 

Marthe veut laisser un témoignage, tout peut être effacé, sauf les fleurs… qui malgré leur fragilité doivent survivre. En tournant les pages, tels des pétales, on prend soin de le faire avec douceur, d’abord parce qu’on tient entre les mains un vrai bijou littéraire et aussi parce qu’on laisse le temps au phrases de cheminer pour en savourer toute la beauté et enfin parce qu’on voit la fin arriver, 74 pages, c’est vite lu, donc on fait durer le plaisir…

« Je voulais une mère avec des épaules pour poser mes joues brûlantes. Je voulais un père avec une voix pour m’interdire de faire des grimaces à table. Je voulais un chien avec un passé de chat […] Je n’ai pas eu tout ce que je voulais mais je suis là, avec mes zéros, ma vie soldée du jour qui vaut bien ma vie absente d’avant. Je tombe rond ; mon compte est bon. »

Un texte concis, poignant et émouvant de sincérité !

Edition : Buchet Chastel
Collection : Qui vive
74 pages
Date de parution : 22/08/2013 9€

L’auteur :

Nicolas Clément est né en 1970 à Bourgoin-Jallieu. Agrégé de philosophie, il enseigne en lycée et en classes préparatoires.
Sauf les fleurs est lauréat du Festival du premier roman de Chambery 2014, Lauréat du Prix Emmanuel-Roblès 2014 et Lauréat du Prix du Métro Goncourt 2014





Photo auteur: crédit Héloise Jouanard 

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