Hérésie à l’horizon, si ça vous choque, passez
votre chemin…
Geoffrey Webb, dont l’embonpoint le met sur le
podium des cibles parfaites, est en train de se faire braquer sur un
parking. Et cette situation lui convient bien, même très bien. A son agresseur,
Paul, il propose un marché : empocher les 3000 $ qui se trouvent dans son
portefeuille, en échange de cinq heures de voiture jusqu’à Little Rock, Webb a
besoin de se confesser. Et il est prêt à expliquer pourquoi…
Cette confession « intime » nous
laisse pantois !
Webb le tocard que même les autres tocards
pouvaient regarder de haut, le baume qui renforçait l’estime de soi vacillante
de tous était un beau-parleur, et cette qualité a fait de lui l’aumônier de
l’Eglise Baptiste de Little Rock. Il le fait parce qu’il a tout simplement
besoin d’un endroit et de l’argent pour vivre. En un mot monsieur tout le
monde, que l’on prend en sympathie, sans pour autant s’y identifier.. Un homme
pieux, dont la seule intention est de suivre la volonté du Seigneur…
Pieux, pieu à un X près, il vous le plante bien
profond :)
Les crimes s’enchaînent et se déchaînent, mais
ce ne sont que de pauvres concours de circonstance, vous auriez peut être pu
faire pareil dans une telle situation… ce n’est vraiment pas un mauvais bougre,
la preuve il est profondément amoureux d’Angela, mineure, fille du pasteur, qui
est tout sauf une Lolita, une petite grassouillette insignifiante sous tout
rapport !
Voilà le curé qui bouffe du curé, je vous ai dit que c’était un homme bien :)
« Si
Dieu existe, eh bien, je crois qu’il a inventé l’humanité de manière que
quelqu’un sache qu’il existe. Et en plus, il lui fallait un spectacle à contempler.
S’il n’y avait pas les affreuses, vilaines petites manies de l’humanité, que
pourrait-il bien faire de toute cette éternité ? »
« S’il
n’ y a pas de souffrance, les hommes ne ressentiraient pas le besoin de croire
en Dieu. Mais le plus écœurant, c’est que, s’il y a un Dieu, il a justement dû
prévoir ça. »
Jake Hinkson maîtrise l’intrigue, puisqu’elle
est brillamment menée, mais également la nature humaine. Aucune longueur, la
quintessence de plusieurs péchés tenant dans un seul livre ! Un régal dans
le genre transgression, du noir saupoudré d’humour noir !
Et le bookfacing dans la lignée du livre…
Editions Gallmeister
Collection NeoNoir
Date de parution : 05 Mars 2015
236 pages
L’auteur :
Jake Hinkson par Jake Hinkson
Flannery O’Connor a un jour écrit qu’“un écrivain qui a survécu à son
enfance dispose d’assez d’informations sur la vie pour tenir jusqu’à la fin de
ses jours”. Flannery O’Connor est mon auteure préférée.
Je suis né dans l’Arkansas en 1975. Mon père
était charpentier et diacre dans une église évangélique, ma mère secrétaire
dans une église. J’ai deux frères, l’un plus âgé, l’autre plus jeune. Le grand
est devenu pasteur. Le petit enseigne l’histoire. Nous avons grandi dans une
famille stricte, baptiste, du Sud des États-Unis. À l’époque, je ne considérais
ni ma famille ni moi-même comme des gens “religieux”. C’était simplement la vie
telle que je la connaissais. Nous allions à l’Église trois fois par semaine.
L’été de mes quatorze ans, nous sommes partis
dans les monts Ozark nous installer dans un camp religieux géré par mon oncle
et ma tante, des missionnaires. Ma famille s’est entassée dans un petit chalet
et j’ai passé l’année de ma seconde à dormir sur le canapé.
Le camp organisait des réunions pour le renouveau
de la foi et d’autres ateliers pour les jeunes. J’ai participé à un camp de
travail pour les garçons, ce qui était aussi amusant que ça en a l’air. On y
alterne travail en extérieur (défrichage, cimentage) et étude intensive de la
Bible.
À cette époque,
j’ai commencé à lire des romans policiers que je sélectionnais à la
bibliothèque. Mickey Spillane est le premier auteur dans lequel je me suis
plongé. J’ai fait la découverte de Bogart au même moment, et via ses films, je
suis arrivé jusqu’à Hammett et Chandler. C’est à cette période que j’ai loué en
secret le film La Mort sera si douce, en pensant qu’il s’agissait là d’un porno
soft, et c’est ainsi que j’ai découvert Jim Thompson.
Les deux
obsessions de mes jeunes années – la religion et le crime – m’habitent encore
aujourd’hui. À l’université, j’ai découvert O’Connor et Faulkner, Dickinson et
Baldwin, mais toutes ces œuvres ramenaient aux notions de péché et de
rédemption, de transgression et de ruine, qui ont constitué mon enfance.
Durant ma
première année de fac, j’ai traversé une crise religieuse. Malheureux au sein
de l’Église baptiste du Sud, conservatrice, mais réticent à l’idée d’assumer
mon scepticisme, je me suis enfoncé plus encore dans la croyance et ai rejoint
l’Église pentecôtiste ultra-orthodoxe. J’ai alors épousé la fille d’un pasteur
pentecôtiste.
Quatre ans
plus tard, lessivé par les services charismatiques (aucun maniement de serpent,
malheureusement, mais un grand nombre de cris, de touchers, de prophéties et de
langages codés), j’ai abandonné complètement l’Église.
J’ai repris
mes études, et trouvé un petit boulot dans une vieille librairie de Little
Rock. J’ai discuté un jour de westerns avec Charles Portis. Une autre
fois de livres électroniques avec Dee Brown.
Quelques
années plus tard, j’ai intégré en Caroline du Nord, à Wilmington, un master de
création littéraire où John Jeremiah Sullivan, Clyde Edgerton, Rebecca Lee, et
Karen E. Bender enseignent. C’est à cette période, à tout juste trente ans, que
j’ai découvert l’alcool. La première fois que je me suis saoulé, j’ai discuté
avec Donna Tartt de La Corde, le film d’Hitchcock.
J’ai passé la
grande partie des dix dernières années à enseigner, à l’Université du Maryland,
à Trinity Washington University, et à Monmouth University dans le New Jersey.
Depuis un an, j’habite à Chicago.
Mes principaux
centres d’intérêt, mis à part lire et écrire, sont aujourd’hui d’observer les
mystères inhérents à mon épouse, Heather Brown, et à notre chat, Little Edie
Beale, et de hanter les différentes salles de cinéma de la ville. Mes goûts
musicaux s’orientent vers le gospel d’antan - the Louvin Brothers, Sister
Rosetta Tharpe, The Five Blind Boys of Mississippi.
J’écris
souvent dans des magazines tels que la Los Angeles
Review of Books, Mental Floss, Mystery Scene, Criminal Element et Tor. Depuis cinq ans, je publie des articles dans
le journal de cinéma d’Eddie Muller,Noir
City. Début 2015,
Broken River Books a publié un recueil de mes articles consacrés au cinéma et
intitulé The Blind Alley: Exploring Film Noir’s
Forgotten Corners. Est sorti au même moment mon premier recueil de nouvelles, The Deepening Shade, aux éditions All Due Respect.
Voici, en
résumé, ma vie jusqu’ici.